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La restriction et l’extension du sens des mots

La restriction et l’extension du sens des mots sont deux moyens essentiels de l’évolution du sens.

Il arrive parfois qu’un mot commence à exprimer une notion plus restreinte. C’est la restriction du sens ou le passage d’une notion de genre à une notion d’espèce. On l’appelle aussi spécialisation.

En voilà quelques exemples.

Viande signifiait autrefois « tout aliment dont se nourrit l’homme » ; aujourd’hui il signifie « chair des animaux de boucherie et des oiseaux dont se nourrit l’homme ».

Pondre (issu du latin ponere) avait primitivement le sens de « poser, déposer ». Il signifie aujourd’hui « déposer, faire ses œufs, en parlant d’une femelle d’ovipare ». On voit non seulement que le sens a rétréci, mais encore que cette restriction s’est effectuée dans le monde agricole (spécialisation).

Labourer (du latin laborare) avait le sens de travailler n’importe quoi, le bois, un métal, une matière première, la terre. De nos jours labourer ne s’emploie qu’en parlant de la terre.

Voiture qui désignait étymologiquement tout moyen de transport, s’emploie aujourd’hui en parlant d’une automobile.

La restriction du sens est surtout propre aux différentes terminologies spéciales. On accentue alors la spécialisation de tel ou tel mot. Lieutenant avait le sens de « remplaçant tenant le lieu de qn », mais aujourd’hui c’est un officier subalterne des armées de terre et de l’air. Le mot officier, à son tour, avait à l’origine un sens beaucoup plus large et signifiait « titulaire d’un office ». De nos jours il s’emploie couramment dans la terminologie militaire.

L’extension du sens d’un mot est le mouvement contraire de la restriction. C’est l’action d’étendre la signification du mot. On l’appelle aussi élargissement et généralisation, car le mot commence à désigner une notion plus large, plus générale, moins spécialisée, moins particulière.

Arriver (du lat. vulg. arripare, de ad et ripa, toucher la rive, le bord, atteindre la rive) a élargi son sens et signifie « atteindre un point quelconque ».

Panier (du lat. panarium) était une corbeille destinée à porter le pain, aujourd’hui c’est un ustensile servant à contenir ou à transporter toute sorte de provisions et marchandises ; il est devenu, ainsi, le synonyme du mot corbeille.

Généralement ces deux procès sémantiques n’amènent pas à la polysémie. Donc il ne faut pas les confondre avec la polysémie lexicale, car il ne s’agit pas de l’apparition d’une nouvelle acception du mot. C’est plutôt la restriction ou l’extension du domaine, de la sphère de l’emploi du mot. Le passage d’un assez grand nombre de termes spéciaux dans le vocabulaire politique et économique en est la preuve : camp, climat, contexte, crise, débloquer, lutte, orientation, transparence, etc.

L’amélioration et la péjoration du sens des mots

L’amélioration et la péjoration du sens sont deux tendances contradictoires qui coexistent dans l’évolution du langage.

Il arrive qu’au cours de cette évolution des mots ayant primitivement un sens neutre ou péjoratif « s’ennoblissent » et commencent à désigner une qualité positive, prennent une nuance favorable. C’est l’amélioration du sens des mots.

Le verbe réussir employé avec les noms de choses signifie « avoir une issue, aboutir à un résultat bon ou mauvais » : p. ex. entreprise, projet qui réussit bien ou qui réussit mal, qui échoue. Mais le sens le plus courant du mot est devenu « avoir une heureuse issue, un bon résultat, atteindre ce qu’on cherchait » (son affaire réussit, ce film a réussi, un homme entreprenant réussit mieux). Regretter signifiait au moyen âge « se lamenter sur un mort ». Aujourd’hui ce verbe a le sens de « ressentir comme un manque douloureux l’absence de » (regretter sa jeunesse, le temps passé, son bonheur perdu). Le substantif ministre signifiait autrefois « serviteur, personne chargée d’une fonction, d’un office, personne qu’on utilisait pour l’accomplissement de qch ». De nos jours un ministre est un agent supérieur du pouvoir exécutif. En ancien français le mot succès était un substantif ayant le sens neutre de « résultat, issue », et qu’on employait dans des combinaisons telles que un bon succès, un mauvais succès. Plus tard le mot a pris le sens de réussite, de caractère favorable de ce qui arrive, d’heureux résultat (d’une entreprise, d’une décision, d’une suite d’événements).

La péjoration du sens est le phénomène contraire de l’amélioration. C’est un ajout d’une valeur péjorative à un mot, un changement sémantique par lequel un terme prend un sens péjoratif. Le mot rustre qui signifiait autrefois paysan, villageois, a subi une péjoration de sens et s’emploie pour désigner un homme grossier et brutal. Jusqu’au XVIe siècle garce avait le sens de « jeune fille ». Aujourd’hui c’est une fille de mauvaise vie. On trouve une évolution analogue dans la sémantique du mot fille (dans certains contextes c’est une jeune femme qui mène une vie de débauche, une prostituée). Le mot sou est issu du bas latin sol(i)dus « pièce d’or ». C’était une monnaie à valeur stable, solide, plus tard « monnaie de petite valeur ».

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