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    1. La conversion

Une des sources de néologismes est la conversion ou la dérivation impropre, c'est-à-dire le passage du mot d’une catégorie lexico-grammaticale dans une autre :

d’adjectif en substantif (le cas le plus fréquent) ;

branche f (ellipse de poudre blanche) fam. héroïne (produit stupéfiant), dans le langage des drogués.

dateur m, dispositif qui indique la date sur le cadran d’une montre.

décalé,e n, personne qui ne suit pas les schémas de vie habituels.

encadré m, texte mis en valeur par un filet qui l’isole du texte environnant (p. ex. lire l’encadré ci-contre).

périphérique m, boulevard périphérique (d’une grande ville)

vert (les Verts) personne ou collectivité qui défend l’environnement, s’intéresse à l’écologie, etc.

d’adjectif en adverbe ;

sec dans le sens de « très vite, sans hésitation, brièvement », parfois « brutalement » (conduire sec, démarrer sec, freiner sec, répondre sec etc.)

branché, parler branché

français, acheter français, etc.

de substantif en adjectif ;

piéton, ne, quartier piéton, rue piétonne

clé, moment clé, etc.

    1. Procédés sémantiques

C’est le cas de l’apparition des néologismes sémantiques due à des procédés tels que la métaphore, la métonymie, l’extension, la restriction ou la spécialisation du sens etc. Les néologismes sémantiques sont nombreux en français, le plus souvent signalés par l’abréviation fig. (sens figuré, au figuré). En voilà quelques exemples :

bateau – dépression de trottoir devant une porte cochère, une porte de garage

canard boiteux – entreprise en difficulté, en perte de vitesse

château – sorte de conteneur métallique spécialement conçu pour le transport de combustibles nucléaires irradiés (radioctifs)

cœur – partie d’un réacteur nucléaire contenant le combustible et où s’opèrent les réactions de fission

déblocage – suppression des obstacles (déblocage d’une situation politique, sociale)

densification – augmentation de densité de la population ou des constructions (de l’habitat)

exhausteur – additif alimentaire destiné à renforcer une saveur, un goût

patiner – ne pas progresser, manquer d’efficacité (les négociations patinent)

pilule – ellipse de : pilule anticonceptionnelle (contraceptive)

tennis – ellipse de : chaussure de tennis (chaussure de toile à semelle de caoutchouc souple = basket), etc.

Les emprunts

L’emprunt est une des sources de l’enrichissement lexical. C’est un acte par lequel une langue accueille un élément d’une autre langue. Le terme emprunt désigne en même temps l’élément emprunté.

Les langues peuvent emprunter l’une à l’autre non seulement des mots, mais aussi des phonèmes, des affixes, des tours syntaxiques, des significations et des locutions. La lexicologie s’intéresse surtout aux emprunts de mots et de sens.

Il ne faut pas confondre les emprunts avec les éléments hérités de la langue. Au cours de sa formation en tant que langue indépendante le français s’est approprié beaucoup de mots latins qu’on ne peut pas considérer d’emprunts, car comme le remarque Louis Deroy « On ne peut logiquement qualifier d’emprunts dans une langue donnée que les éléments qui y ont pénétré après la date plus ou moins précise marquant conventionnellement le début de cette langue »1. Il en résulte que la langue prêteuse et la langue emprunteuse doivent être des idiomes totalement différents et autonomes.

On distingue parfois des emprunts internes et externes. Les premiers sont des unités prises à l’argot, aux dialectes, aux parlers locaux, ainsi que des mots qui passent d’un domaine à l’autre (l’informatique a emprunté menu à la restauration, complexe a passé de la psychanalyse à la langue générale). Les emprunts externes sont des éléments pris à une langue étrangère que nous appellerons des « emprunts proprement dits » et qui constituent l’objet de notre étude.

Au cours de son histoire le français a emprunté de nombreux mots à diverses langues étrangères car les Français, comme toute autre communauté linguistique, ont toujours été en contact direct ou indirect avec les langues et civilisations étrangères.

« Les chiffres, écrit Pierre Guiraud, permettent de distinguer trois grandes périodes : le Moyen Âge, la Renaissance classique, les Temps Modernes »2.

Les mots passent d’une langue à l’autre avec les choses et les notions. Les facteurs qui contribuent à l’emprunt étranger sont divers : relations culturelles, politiques, commerciales, scientifiques entre les peuples.

L’emprunt s’est pratiqué à toute époque, et le français a puisé aux sources les plus diverses.

Les emprunts aux langues classiques (au grec et au latin) ont toujours servi au français de source intarissable d’enrichissement, surtout le latin, langue-mère des langues romanes.

Mots grecs : académie, agronome, amphibie, anarchie, aristocratie, athée, cosmographie, économie, enthousiasme, hygiène, hypothèse, larynx, oligarchie, philanthrope, politique, etc.

À côté de ces emprunts directs on trouve des mots d’origine grecque qui ont pénétré dans le français par l’intermédiaire du latin. Ce sont des emprunts indirects, tels que : épithète, idée, mélodie, paradis, périphrase, sympathie, symptôme, trapèze, trône, etc.

En comparaison avec les mots grecs les emprunts au latin sont beaucoup plus nombreux. Jusqu’au 14e siècle le français avait déjà emprunté au latin nombre de substantifs, d’adjectifs et de verbes : abondance, agriculture, asperger, automnal, corruption, génération, glorifier, manifester, méditation, miséricorde, mortifier, nature, occident, opinion, préface, rationnel, superbe, etc.

À partir du 14e siècle, surtout à l’époque de la Renaissance (15e et 16e siècles), le nombre d’emprunts au latin a augmenté. Ils se rapportent aux choses les plus diverses : administration, politique, science, art, etc. : apostolat, assimiler, concilier, concours, délation, dextérité, diriger, docile, éducation, énumération, évolution, exister, explication, facilité, fébrile, gratuit, hésiter, imiter, quotient, semestre, social, structure, véhicule, vigilance, etc.

Dans la majorité des cas les emprunts aux langues classiques comblaient les lacunes de termes abstraits en français.

Parmi les emprunts aux langues romanes le nombre le plus considérable appartient aux italianismes. Des centaines de mots bien vivants en sont témoins.

L’influence de l’italien se fait sentir vers le milieu du 15e siècle. Au 16e siècle, à l’époque de la Renaissance, l’Italie, comme le dit Ferdinand Brunot, « domine intellectuellement le monde ; elle le charme, l’attire, l’instruit, elle est l’éducatrice »1. Les emprunts à l’italien continuent pendant les siècles suivants. « Ils appartiennent à tous les domaines : sciences, arts, lettres, métiers, mœurs, à toutes les formes de la vie matérielle et morale »2.

Art militaire – attaquer, bastion, bataillon, brigade, calibre, canon, caporal, cartouche, cavalerie, colonel, escadron, estafette, fantassin, infanterie, sentinelle, etc. ;

Architecture – antichambre, appartement, arcade, balcon, balustre, cariatide, corniche, coupole, façade, fronton, mosaïque, piédestal, rotonde, socle, etc.

Musique – adagio, allegro, aria, ariette, arpège, cantate, coda, concerto, contralto, duo, finale, fugue, intermède, libretto, maestro, mandoline, opéra, oratorio, presto, sérénade, solfège, solo, sonate, soprano, sourdine, tempo, trio, violoncelle, etc.

Peinture – aquarelle, caricature, coloris, filigrane, fresque, gouache, madone, miniature, pastel, pittoresque, etc.

Commerce et finances – banque, banqueroute, bilan, brocart, escompte, faïence, faillite, taffetas, tarif, etc.

Ajoutons encore quelques italianismes appartenant aux différentes sphères de la vie et des activités humaines : bouffon, caisson, caresse, disgrâce, intrigue, macaroni, manège, masque, parasol, pizza, pizzeria, pommade, sonnet, vermicelle, veste, etc.

Le contact avec l’Espagne s’établit au 16e siècle et se fait sentir surtout au 17e et 18e siècles. L’Espagne joue un rôle important dans la transmission de choses et mots exotiques. C’est pourquoi on trouve parmi ces emprunts des mots d’origine espagnole et des exotismes passés au français par l’intermédiaire de l’espagnol : adjudant, boléro, cacao, canot, casque, castagnettes, chocolat, cigare, embarcadère, embarcation, embargo, flottille, guérilla, romance, sieste, tango, tomate, vanille, etc.

La liste des emprunts au portugais n’est pas longue et comprend un bon nombre de mots de caractère exotique : bambou, banane, bayadère, caravelle, caste, cobra, coco, fétiche, mandarin, marmelade, vigie, zèbre, etc.

Les emprunts à l’allemand n’apparaissent guère avant le 15e siècle. Ce sont surtout des termes militaires. « Cela tient évidemment aux goûts des Germains pour l’armée et leurs sciences en ce domaine ; à une longue suite de guerres et d’occupations qui ont mis les deux armées en contact ; mais surtout au fait que les rois de France ont, tout au cours de leur histoire, demandé des régiments mercenaires aux principautés allemandes et aux cantons suisses », écrit Pierre Guiraud1.

Mots de terminologie militaire : arquebuse, blockhaus, cible, halte, hussard, lansquenet, obus, reître, sabre, uhlan, etc.

Parmi les emprunts à l’allemand on trouve des termes appartenant à la minéralogie : bismuth, cobalt, feldspath, nickel, quartz, zinc, des termes de musiques : accordéon, harmonica, leitmotiv, valse, ainsi que des mots se rapportant à des domaines différents de la vie quotidienne : bock, chenapan, chope, choucroute, ersatz, loustic, nouilles, rosse, trinquer, vasistas, vermouth, etc.

La seconde guerre mondiale a amené des mots tels que : diktat, Gestapo, nazi, Reichstag, Wehrmacht. On trouve aussi des emprunts plus récents faits pendant la deuxième moitié du 20e siècle : alzheimer (1988), blitzkrieg (1980), doberman (1960), lasure (1983), etc.

L’influence anglaise est insignifiante jusque vers la fin du 17e siècle : comité (1650), contredanse (1626), corporation (1530), paquebot (1634), session (1657), speaker (1649), etc.

C’est au 18e siècle que l’influence britannique s’intensifie, et qu’un nombre assez considérable de mots anglais passent dans le vocabulaire du français. Ces anglicismes sont des termes ayant trait à la politique, aux institutions parlementaires et judiciaires, le parlementarisme anglais étant le modèle pour les Français : budget, club, congrès, meeting, parlement, quorum, verdict, vote, etc.

Au 19e siècle d’autres mots viennent s’ajouter à la liste des mots cités : boycott, interview, leader, lock-out, reporter, trade-union, etc.

On trouve surtout des emprunts dans les domaines des sciences et de l’industrie : express, linoléum, rail, shampoing, tender, terminus, tramway, truck, tunnel, viaduc, wagon, etc.

Durant les siècles derniers l’anglais a fourni au français toute une série de termes de sport : basket-ball, boxe, cricket, football, golf, jockey, knock-out, match, record, sport, tennis, volley-ball, water-polo, etc.

Citons encore quelques emprunts anglais se rapportant à des domaines différents : bar, cameraman, cocktail, cottage, hall, jazz, jeep, label, parking, pull-over, sandwich, short, stand, star, sketch, week-end, etc.

À la deuxième moitié du 20e et au début du 21e siècles nombre d’emprunts d’origine anglo-américaine pénètrent dans le vocabulaire français, dont plusieurs sont des néologismes récents (voir le chapitre « Les sources de néologismes ; 4. Les emprunts aux langues étrangères »).

Pour ne pas encombrer le vocabulaire de mots étrangers, le français crée souvent des équivalents qui sont recommandés officiellement dans les dictionnaires et les ouvrages traitant ce problème (voir le chapitre mentionné ci-dessus).

Le français a emprunté à d’autres langues aussi : à l’arabe : alcool, amiral, arak, azimut, calife, cheik, couscous, émir, fakir, fellah, gazelle, harem, haschisch, kif-kif, nadir, sirop, zénith ; plus récents sont : ayatollah (1977), halal (1987), intifada (1988) ;

au russe : boyard, cosaque, knout, koulak, mammouth, moujik, oukase (ukase), samovar, taïga, touloupe, toundra, vodka, etc., dont la plupart sont des exotismes et souvent archaïques ; plus récents sont ; apparatchik (1965), glasnost (1986), nomenklatura (1980), perestroïka (1986).

L’adaptation des mots étrangers s’effectue d’après les lois phonétiques, morphologiques et sémantiques de la langue emprunteuse.

Il arrive qu’une langue emprunte à l’autre des acceptions nouvelles qui s’ajoutent aux sens des mots déjà existants. C’est l’emprunt sémantique. Un cas particulièrement typique est le sens du verbe réaliser (se rendre compte) emprunté à l’anglais. De même l’adjectif français conventionnel s’emploie dans le sens de non nucléaire, pris à l’anglais (armes nucléaires et armes conventionnelles). Le verbe couvrir a emprunté un des sens du verbe anglais to cover « assurer l’information concernant un événement, un fait d’actualité ; par ex. Le journal couvre le voyage du président (Voir aussi le chapitre « Les néologismes ; 6. Procédés sémantiques).

Souvent les langues empruntent les unes aux autres la forme interne des mots. Ce procédé linguistique est appelé calque. En voilà quelques exemples modelés sur la structure morphologique des mots anglo-américains : gratte-ciel < sky-scraper, prépayer < prepaid, supermarché < supermarket, téléachat < teleshopping, etc.

La thèse bien connue d’après laquelle l’emprunt est dicté par le besoin ne doit pas être comprise et interprétée d’une manière absolue, car ce besoin est de double nature, linguistique et individuelle. Et comme le prouvent les données de la plupart des langues, c’est le besoin linguistique qui est décisif et qui prédétermine le plus souvent l’emprunt et son assimilation.

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