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III. Formation analytique

La formation analytique des unités lexicales occupe une place importante dans l’enrichissement du français qui est une langue à tendances analytiques accentuées ou simplement « analytique par excellence ». F. Brunot remarque que nombre de mots synthétiques de l’ancien français sont remplacés aujourd’hui par des formations analytiques1 qui témoigne de l’orientation du français moderne vers les constructions analytiques non seulement dans son système grammatical, mais aussi dans son vocabulaire : aconter – tenir compte, acoster – mettre à côté, enuiter – faire nuit, arouter – se mettre en route, etc.

On trouve des unités lexicales analytiques appartenant aux différentes parties du discours. Elles sont plus nombreuses dans la catégorie des verbes. Sont surtout nombreuses celles qui sont formées à l’aide des verbes auxiliaires avoir, faire, mettre, prendre, donner : avoir affaire, avoir besoin, avoir confiance, avoir envie, avoir peur, avoir raison, avoir de la peine ; faire alliance, faire allusion, faire appel, faire cadeau, faire effort, faire face, faire fortune, faire mal, faire signe, faire partie, faire plaisir ; mettre en cause, mettre en circulation, mettre en colère, mettre en doute, mettre à jour, mettre en liberté, mettre au monde, mettre en œuvre, mettre en ordre, mettre sur pied, mettre en relief, mettre en vente ; prendre l’âge, prendre l’air, prendre congé, prendre conscience, prendre en considération, prendre fin, prendre froid, prendre l’habitude, prendre en mariage, prendre la mer, prendre naissance, prendre plaisir, prendre au sérieux, prendre la tête ; donner libre accès, donner libre cours, donner envie, donner l’humeur, donner la mort, donner raison, donner signe de vie, donner soif, donner sa voix. On trouve aussi des unités analytiques formées à l’aide de quelques autres verbes auxiliaires moins fréquents : porter secours, prêter l’oreille, tenir compte, tenir lieu, venir en aide, etc.

On trouve aussi des formations analytiques parmi les unités appartenant aux autres parties du discours (substantifs, adjectifs, adverbes, mots-outils) : homme d’affaires, homme d’Etat, coup d’œil, coup de main, mise en œuvre, mise en scène, mise au point, banque de donnée ; de bonne qualité, de longue haleine, à dormir debout, de talent, d’or, de marbre ; sans cesse, à fond, avec soin, à voix basse ; à cause de, en face de, à côté de, en vue de, à l’égard de, alors que, après que, à condition que, grâce à, etc.

C’est l’asymétrie du signe linguistique qu’on découvre dans les unités lexicales analytiques qui sont des groupements de mot d’après leur structure, et des mots d’après leur fonction.

IV. Les onomatopées

(voir le paragraphe « La motivation des mots »).

Il reste à ajouter que ce procédé de formation de mots est d’une productivité très restreinte en français.

La synonymie. Les synonymes

La synonymie se définit comme une identité de signifiés entre deux signes linguistiques. Il s’agit donc du type un sens – plusieurs noms (p.ex. lieu – endroit).

Le locuteur cherche souvent un mot à la place d’un autre pour moins de monotonie, pour plus de précision, pour une plus grande élégance.

Les synonymes sont des mots ou des expressions qui ont une même signification ou des significations très proches.

D’après la relation qu’entretiennent entre eux divers termes ou expressions ayant le même sens ou un sens voisin, on distingue : a) la synonymie absolue (complète, totale) quand les unités synonymes sont interchangeables dans tous les contextes, et alors il n’y a pratiquement plus de véritables synonymes, car leurs significations sont parfaitement identiques et b) la synonymie relative (incomplète) quand les unités synonymes ont un même sens cognitif et des valeurs affectives différentes.

J. Marouzeau dans son « Précis de stylistique française » fait remarquer que « Ce qui est vrai, c’est qu’il y a entre les mots des différences autres que le sens : ton, valeur, expressivité, affectivité, âge, origine, possibilité d’emploi, de constructions etc. De deux mots dits synonymes, l’un a des qualités que l’autre n’a pas, en sorte que les conditions d’emploi ne sont pas les mêmes pour l’un et pour l’autre : ne … pas est commun, ne … point littéraire (ou dialectal) ; firmament par rapport à ciel est poétique ; ouïr par rapport à entendre est archaïque ; ardu ne s’emploie pour difficile que dans certaines locutions (une tâche ardue) ; sembler s’emploie à l’exclusion de paraître dans un tour tel que : il me semble ; briser est susceptible d’un emploi métaphorique (un cœur brisé) que casser n’admet pas… »1.

Ajoutons d’autres exemples : interdire est synonyme de défendre dans je te défends de sortir, mais non dans je défends mon frère ; on enveloppe ou on emballe un paquet dans un papier : on enveloppe, mais on n’emballe pas un malade dans une couverture !

Donc la synonymie est généralement relative, incomplète. Quant à la synonymie absolue, elle est beaucoup moins fréquente et ne se maintient pas longtemps, car le principe général de l’économie des langues veut que le pareil soit rejeté. Alors l’un des synonymes disparaît ou il prend un sens nouveau, une nuance sémantique, stylistique ou affective nouvelle. « Nous sommes tellement accoutumés à percevoir des différences de nuances, pour légères qu’elles soient, entre synonymes que l’existence de deux termes pour désigner exactement la même chose sur le même plan de style risque de dérouter la pensée »1.

Généralement on trouve des synonymes « absolus » dans des contextes appartenant à différents styles langagiers (tête – mot littéraire commun et caboche, cafetière, carafe, carafon, citron, citrouille, etc. – mots argotiques) ou bien dans le cadre d’une même terminologie scientifique ou technique (consonne fricative = consonne spirante en phonétique, lexique = vocabulaire en linguistique etc.). Mais il est évident que même les synonymes dits « absolus » ou « parfaits » ne sont pas toujours identiques sur le plan du sens cognitif et de la valeur affective à la fois (p.ex. tête et ses synonymes argotiques cités ci-dessus).

Les synonymes partiels se subdivisent en synonymes idéographiques et synonymes stylistiques.

Les synonymes idéographiques expriment les nuances sémantiques d’une seule notion ou de plusieurs notions proches. La partie principale de leur composition sémique coïncide, ce qui les rend substituables dans une classe de contextes : p.ex. craindre et redouter qui ont le même sème de « avoir peur ». Mais dans cette composition sémique il existe aussi des sèmes qui ne sont pas identiques pour les deux lexèmes :

craindre – éprouver de l’inquiétude, de la peur devant qn, qch., envisager (qn, qch.) comme dangereux, nuisible, en avoir peur (je crains qu’il ne vienne) ;

redouter – craindre vivement, craindre comme très menaçant, appréhender, s’en inquiéter par avance (redouter l’avenir)

Cette différence dans le contenu sémique des lexèmes les rend substituables dans certains contextes seulement, à l’exclusion des autres.

C’est grâce à la coïncidence de la partie principale de la constitution sémique des mots que dans chaque série des synonymes il existe un mot exprimant de la manière la plus générale la notion représentée par toute la série. C’est la dominante (l’hyperonyme) de la série qui est la plus neutre. Par conséquent, elle a des liens sémantiques beaucoup plus larges que les autres termes de la série et jouit d’une combinabilité syntaxique extrêmement étendue.

Dans les dictionnaires on trouve les traits distinctifs des mots synonymes. Soit la série de substantifs fatigue = lassitude = épuisement = affaiblissement :

fatigue – sensation de lassitude causée par l’effort, l’excès de dépense physique ou intellectuelle ;

lassitude – sensation de fatigue générale et vague, inaptitude à l’action et au mouvement ;

épuisement – état de fatigue extrême, absence de forces, grande faiblesse physique ou morale ;

affaiblissement – perte de force, abattement.

La dominante de la série est le mot fatigue qui fait partie des locutions telles que être écrasé (broyé) de fatigue et prendre de la fatigue où il ne peut pas être remplacé par un de ses synonymes.

Dans les séries : célèbre = connu = illustre = fameux = glorieux = légendaire ; luire = resplendir = briller = reluire ; véritablement = réellement = effectivement = vraiment = en fait les dominantes sont connu, briller, vraiment.

Une des particularités de la synonymie française est la présence des unités analytiques (séparables) à côté des unités synthétiques (inséparable) conditionnée par les tendances du français moderne qui est une langue analytique par excellence. Par ex. s’abriter = se mettre à l’abri, craindre = avoir peur, finir = mettre fin, prendre fin, fuir = prendre la fuite, participer = prendre part, assurément = sans aucun doute, attentivement = avec attention, incessamment = sans cesse, lentement = avec lenteur, vite = à toute vitesse, envers = à l’égard de, pendant = au cours de, pour = en vue de etc. Entre les synonymes synthétiques et analytiques il existe toujours des distinctions d’ordre sémantique et surtout grammatical, le plus souvent aspectuels.

Quant aux synonymes stylistiques, ils appartiennent à différents styles du langage et traduisent les diverses nuances affectives et expressives d’une même notion. Leur étude est du domaine de la stylistique.

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