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2. Les changements syntagmatiques des consonnes.

Le principal changement syntagmatique est l’effacement progressif

des consonnes finales (notamment, du r final) et celles qui font partie de

groupes consonantiques ( -s- en particulier).

L’évolution du r final

La consonne finale -r ne se prononce plus: porter [porte], finir [fini],

recevoir [resevwε], douleur [duloe], miroir [mirwε], etc. Dans les verbes

du 1ier groupe cette consonne finale est perdue à jamais; dans la plupart

des mots (y compris les verbes du 2 e et du 3 e groupes) la finale -r sera

restituée plus tard grâce aux grammairiens.

L’évolution de s

L’évolution de la consonne s a laissé des traces dans l’écriture moderne

où son ancienne présence en ancien français est marquée par des si-

Ancien français Moyen français

je vi je vis

tu veis tu vis

il vit il vit

181

gnes diacritiques – l’accent circonflexe ou l’accent aigu (vu le fait qu’avant

de disparaître la consonne s a allongé la voyelle précédente): baptisma >

baptême, crispare > cresper > crêper, etc.

Dans le dialecte wallon cet s persiste et se prononce jusqu’à nos

jours: tcheste response = cette réponse. Quoique cette consonne ait disparu

de la prononciation depuis le moyen français, elle n’a été officiellement

suprimée dans l’écriture qu’en 1740 (3 e édition du Dictionnaire de

l’Académie). Néanmoins, la langue moderne possède beaucoup de vocables

avec les groupes s + consonne qui sont des mots savants: costume,

gastronomie, etc. ou des mots avec les suffixes savants -iste, -isme.

III. Le changement du type de l’accentuation. La liaison.

En ancien français, tout comme en latin, chaque mot était accentué.

A partir du XIVe s. on atteste un passage graduel à «l’accentuation de

phrase» (accent de groupe, accent rythmique, ou accentuation syntaxique)

qui se sera installé définitivement vers le XVIe siècle. Ce changement

du régime d’accentuation est gros de conséquences pour la structure

phonétique (la chute des consonnes finales devant une autre consonne,

etc.; mais surtout l’enchaînement et la liaison) et grammaticale du français

(car le nouveau régime a permis à deux ou à plusieurs mots dépendants

de s’unir en un groupe syntaxique).

Les enclitiques, nombreuses en ancien français (jol < jo le, nes <

ne les, etc.), sont peu à peu éliminées. Ces combinaisons sont dissoutes

et forment désormais deux mots séparés et indépendants.

La liaison

En moyen français il se développe dans la langue un nouveau phénomène

phonétique – la liaison.

La liaison peut être considérée comme le résultat de trois sources:

l’accentuation de phrase et de deux tendances au niveau syntagmatique –

la réduction des groupes consonantiques et la chute des consonnes finales.

A. La réduction des groupes consonantiques affecte les consonnes

finales parce qu’elles constituent le premier élément du groupe qui se

forme à la charnière de deux mots, à l’intérieur d’un syntagme: sans

cause, sauf respect, etc. Par contre, les mêmes consonnes finales sonnent

toujours devant un mot dont le commencement est vocalique: sans amis.

Il est à noter qu’au début, la consonne finale du mot s’amuït seulement

devant un mot commençant par une consonne à l’intérieur d’un même

syntagme. Ce n’est que plus tard que les consonnes finales tombent en

toute position sauf en cas de liaison.

182

B. La chute des consonnes finales a amené un grand nombre d’hiatus

que la langue tâche de combler par des liaisons. Il s’agit le plus souvent

du maintien, dans la prononciation, des consonnes finales qui se sont

trouvées en positions intervocaliques: mes_amis.

Ainsi, les changements syntagmatiques ont-ils donné naissance à un

phénomène très particulier qui porte le nom de liaison. Ce phénomène est

dû à la tendance du français à développer un accent de groupe dit accent

rythmique consolidant tous les éléments qui s’enchaînent.

IV. L’orthographe du moyen français.

Si la langue parlée se développe sans contraintes en moyen français,

il n’en est pas ainsi pour la langue écrite.

En moyen français, l’orthographe perd peu à peu son caractère phonétique

pour devenir traditionnelle et étymologique, et cela pour deux raisons.

Primo, l’orthographe demeure en grande partie telle qu’elle a été en

ancien français, tandis que la prononciation s’en est considérablement écartée

et évolue toujours. L’orthographe retarde donc sur la prononciation.

A titre d’exemple on peut mentionner les nombreuses anciennes diphtongues

et triphtongues qui avaient disparu, s’étant réduites à des voyelles

simples dans la langue parlée; seule la langue écrite a conservé les

traces de la prononciation de l’époque précédente dans des mots comme

oiseau, fou, fleur et saoul. Les lettrés de l’époque y réagissent en exigeant

de conserver des graphies qui ne correspondent plus à la langue

orale. Ainsi, l’orthographe devient-elle historique, parce qu’elle représente

«l’histoire» phonétique du mot .

Secundo, la notation elle-même ne reste pas toujours intacte. A la

suite de l’intervention des scribes et des grammairiens voulant rapprocher

la graphie du français de ses origines, c’est-à-dire de la graphie

latine, l’orthographe devient étymologique.

Dans le cadre de la «relatinisation» de l’orthographe française on

rétablit beaucoup de consonnes disparues: sepmaine < septimana, etc.;

certaines consonnes doubles disparues en ancien français sont restituées:

belle pour bele d’après le latin bella, etc.

D’ailleurs, certains rétablissements sont fautifs et dus à l’ignorance

ou l’oubli de l’évolution phonétiques des sons. Ainsi, la consonne c ayant

passé en i devant consonne (lactu > lait, factu > fait), les scribes et les

grammairiens l’ont rétablie et transcrivent ces mots comme suit: laict, faict.

A force d’oublier la valeur de quelques signes conventionnels, on introduit

des lettres reproduites par les signes en questions. C’est ainsi qu’en moyen

français dans la terminaison -us, représentée en ancien français par -x, la

lettre u est restituée devant -x (=us): chevaus = chevax = chevaux.

183

En plus, il y a des cas de fausse étymologie: deulx < duos, peult <

potet, scavoir < sapere, huictiesme < octo, etc.

Pour lutter contre les confusions à l’initiale des mots, qui résultent

de l’alternance entre la lettre u et v (à l’époque u représente deux sons –

u et v dans la graphie), on ajoute un [h] initial pour marquer le commencement

vocalique: osteu > uitre > huitre, oleu > uile > huile, etc. Cela

permet de distinguer les mots tels que huis de vis, huître de vitre, etc.

L’introduction d’une grande quantité de lettres étymologiques accentue

les divergences entre la prononciation et la graphie.

Il y a des cas où certaines notations sont plutôt arbitraires. C’est

ainsi qu’en moyen français, on écrit à la place de i la lettre y, surtout à la

finale et à l’initiale des mots: mercy, roy, etc.

Il n’en demeure pas moins que l’orthographe commence à se fixer,

comparativement à l’ancien français, tout en se compliquant en même

temps, et cela, malgré les efforts pour la rationaliser. Les normes orthographiques

ne sont donc pas encore contituées à l’époque, la graphie du

moyen français est compliquée et souvent arbitraire.

Mais le XVe s. annonce déjà l’époque du «dirigisme linguistique»,

caractéristique du français qui va suivre. Les premières tentatives d’unifier

l’écriture s’inscrivent dans la politique visant la centralisation du

pays et le renforcement du pouvoir royal: les documents rédigées par la

chancellerie royale doivent être transcrits toujours uniformément afin d’être

compris partout et sans équivoques.

La prononciation s’étant écartée considérablement de l’orthographe,

cette dernière se base désormais sur quatre principes qui lui sont

propres de nos jours.

A. Le principe étymologique (latinisant). Les lettres latines sont reconstituées

dans le mot, sans être prononcées toutefois, pour rendre plus

nette l’origine du mot: temps (< tempus), compter (< computare), etc.

B. Le principe historique qui vise à conserver l’écriture de l’ancien

français, phonétique par excellence:

mais: la diphtongue [ai] a passé à la voyelle simple [e], tandis que

l’orthographe a conservé l’ancienne prononciation diphtonguée, c.-à-d.

elle reflète l’histoire phonétique de ce mot;

maistre: la consonne s ne se prononce plus depuis la fin du XIIIe s., etc.

C. Le principe morphologique sert à montrer les liens morphologiques

entre les mots, par ex., en ancien français le mot regart se prononçait

avec la consonne finale sourde parce qu’à l’époque toutes les con184

sonnes finales s’assourdissaient (l’écriture en ancien français suivait fidèlement

ce processus phonétique: regart [regart]). Vu le fait que le mot

regart provient du verbe regarder (non pas regarter), on reconstitue la

lettre d à la fin du mot pour mettre en évidence ce lien morphologique.

D. Le principe phonétique (très peu usité depuis le moyen français)

d’après lequel la prononciation et l’orthographe coïncident: dortouer («dortoir

») [dortwer] (car en moyen français l’ancienne diphtongue oi se prononçait

[we]), sur, dur.

Questions ( * - questions demandant des réflexions)

I. 1. Quels sont les principaux changements paradigmatiques qui

ont touché les voyelles?

Quelles sont les nouvelles voyelles qui apparaissent dans le vocalisme

du moyen français?

* Nommez les processus phonétiques grace auxquels ces nouveaux

phonèmes se sont formés.

2. Quels sont les principaux changements syntagmatiques qui ont

touché les voyelles?

Où voit-on la principale cause de la formations d’hiatus internes?

La réduction d’hiatus s’est-elle répercutée sur le système verbal?

Quelles sont les nouvelles caractéristiques qui surgissent dans le

vocalisme du moyen français ?

La grapnie, suit-elle toujours les mutations vocaliques? Donnez des

exemples.

II. 1. Quels sont les principaux changements paradigmatiques qui

ont touché les consonnes?

De quelles consonnes le consonantisme du moyen français s’enrichit-

il?

Par quelles consonnes le consonantisme du moyen français se distingue-

t-il de celui du français moderne?

2. Quels sont les principaux changements syntagmatiques qui ont

touché les consonnes?

La grapnie, suit-elle toujours les mutations consonantiques? Donnez

des exemples.

III. Comment change le régime d’accentuation au moyen français?

Précisez les facteurs qui sont à l’origine de la liaison?

IV. Sur quels principes est basée l’orthographe du moyen français?

Pourquoi la graphie s’écarte-t-elle de la prononciation?

185

Devoirs

1. Définissez: un changement paradigmatique / syntagmatique, la

fermeture / l’ouverture des voyelles, une diphtongue, une monophtongue,

la monophtongaison, la nasalisation, une voyelle nasalisée, une voyelle

nasale, une affriquée, l’hiatus, l’accent de phrase, l’accent de groupe,

l’accent rythmique, l’accentuation syntaxique, la liaison, un sygne diacritique,

l’accent circonflexe, l’accent aigu, l’accent grave.

2. Examinez les transformations suivantes et exliquez comment s’est

formé le nouveau phonème u au moyen français: gutte > gotte > goute;

surdu > sord > sourd; co(h)orte > cor > cour (voir I.1.)

3. Dans les mots parent, vin la graphie est-elle plus ancienne que la

prononciation? Pourquoi? (voir I.1.)

4. Etudiez la série suivante et expliquez comment se distinguent les

féminins et les masculins des mots à la finale vocalique: fini / finie [fini /

fini:]. De quel moyen – phonétique ou morphologique – le moyen français

se sert-il pour marquer le genre féminin des mots à la finale vocalique

? Grâce à quel changement phonétique une telle distinction est-elle

devenue possible? (voir I.2.)

5. Etudiez la conjugaison du verbe devoir au passé simple et dites à

quelle transformation phonétique est due cette régularisation (voir I.2.):

AF MF

je dui je dus

tu deus tu dus

il dut il dut

Expliquez pourquoi dans le mot août [ut] il y a des lettres qui ne se

prononcent pas.

6. Nommez les mutations phonétiques qui sont caractéristiques seulement

au moyen français et ceux qui représentent l’évolution des transformations

débutées en gallo-roman ou en ancien français; ceux qui se

sont achevées en moyen français et ceux qui vont encore évoluer.

7. Trouvez dans le dictionnaire étymologique les mots avec les accents

graves et circonflexes et expliquez ce que ces accents marquent. Pourquoi

dans beaucoup de mots français retrouve-t-on ces consonnes ( -s entre

autres) qui aient été effacées depuis le moyen français?

8. Pourquoi dans certains dialectes retrouve-t-on l’ancienne prononciation?

(voir II.2.)

9. Pourquoi la transcription du suffixe -cion qui reflétait fidèlement

la prononciation a-t-elle été remplacée par l’orthographe étymologique

-tion: soubscripcion > subscription, persecucion > persécution, etc.?

Comment est nommé une telle orthographe? (voir IV)

186

10. Un autre exemple: la consonne l qui s’était vocalisée en u (colp >

coup) est restituée devant consonne: chevauls, fault. Cette graphie compliquée

finira par se simplifier en partie, mais nous la retrouvons de nos

jours dans les noms propres, par ex.: Renault, Thibault, Ch. Perrault, etc.

Comment est appelée cette étymologie? (voir IV).

Cours théorique 8

Le moyen français:

Les changements morphologiques

L’objectif d’étude

Apprendre les particularités grammaticales du moyen français

L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants:

le cas sujet (direct), le cas régime (indirect, oblique), niveler ( = refaire = régulariser,

unifier), par analogie, une forme étymologique, une forme analogique=

une alternance (de radical, de thème), une désidence ( = une flexion), un nom

parisyllabique (imparisyllabique)

L’apprenant doit savoir

Les modifications morphologiques survenues dans le nom, l’adjectif,

les pronoms, le verbe

Les principalés tendances de l’évolution de la structure morphologique

du moyen français

L’apprenant doit savoir faire

Analyser les changements linguistiques attestés en moyen français

Expliquer les causes des transformations survenues en moyen français

Analyser les causes de la dégradation complète du système casuel

en moyen français

Préciser les valeurs de l’article (défini et indéfini) en moyen français

Expliquer les causes du nivellement des formes verbales en moyen

français

Présenter les principales voies du nivellement des formes verbales

en moyen français

Trouver les processus phonétiques qui sont à l’origine des changements

morphologiques

187

Etablir les relations structurales entre les changements tenant compte

de leur caractère systhématique

Montrer avec des exemples la tendance à la refaite analogique des

formes grammaticales

Plan

I. Le nom.

1. La disparition de la déclinaison.

2. Le nivellement des formes.

II. L’article.

1. L’article défini.

2. L’article indéfini.

3. L’article partitif.

III. L’adjectif.

1. Le nombre: le nivellement des formes.

2. Le genre: le nivellement des formes.

3. Les degrés de comparaison.

IV. Les pronoms.

1. Les pronoms personnels.

2. Les pronoms possessifs.

3. Les pronoms démonstratifs.

V. Le verbe.

1. Le nivellement des formes personnelles.

2. Les formes non personnelles du verbe.

3. Les valaurs et les emplois des formes verbales.

Ce qui caractérise la morphologie du moyen français c’est une forte

tendance à régulariser ( = refaire, niveler, unifier) par analogie les formes

morphologiques irrégulières, étymologiques par excellence. La réduction

des irrégularités se fait le plus souvent par la voie analytique. L’objectif

de l’unification consiste d’une part, à éliminer les oppositions vides de

sens grammatical, d’autre part, à préciser et délimiter les fonctions des

formes grammaticales. Du fait que ces changements constituent un procès

durable, les formes anciennes coexistent avec les formes nouvelles

tout au long du moyen français.

I. Le nom.

Les principaux changements sont les suivants:

– la disparition de la déclinaison;

– le nivellement des formes.

188

1. La disparition de la déclinaison.

La tendance à la réduction du système casuel qui caractérise déjà le

latin populaire et l’ancien français, aboutit en moyen français à la disparition

totale de la déclinaison. Plusieurs facteurs y contribuent.

A. Le cas régime était polyvalent dès son origine: déjà en ancien

français les formes casuelles du régime, renforcées par des prépositions,

assumaient les fonctions de tous les cas obliques latins (Génétif, Datif,

Accusatif, Ablatif). Au niveau syntaxique grâce à cette polyvalence le

cas régime remplissait la fonction de différents termes de proposition à

part le sujet. Depuis le moyen français les formes des cas sujet et régime

servent surtout à exprimer l’opposition «sujet – complément direct», c’està-

dire, ces formes n’ont qu’une seule valeur d’ordre syntaxique. Mais

cette même valeur peut être rendue non par les formes casuelles du mot,

mais par un moyen syntaxique – l’ordre direct des mots dans la proposition.