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XiIe ss.) l’idéal change, la chanson de geste s’adoucit. C’est le temps des

romans et de la poésie lyrique, quand les femmes président des fêtes,

entretiennent des conversations, se plaisent à une fine galanterie. A côté

de ces deux principaux courants littéraires la littérature satirique s’adresse

au public restreint de la classe dominante, pour rappeler une exigence

morale ou religieuse.

Le Haut Moyen Age nous laisse très peu de documents écrits; ce

n’est qu’à partir du XIe s. que le nombre de manuscrits augmente considérablement.

Le premier texte écrit en français date de 842. Il s’agit des Serments

de Strasbourg. Ce proto-français est très inspiré du latin mérovingien

que les clercs érudits du IXe s. considèrent comme le modèle de

la langue vulgaire écrite.

Le premier genre littéraire est la poésie. Au Moyen Age elle existe

sous trois aspects: on distingue la poésie d’inspiration religieuse, la poésie

d’inspiration héroïque, la poésie d’inspiration courtoise.

La poésie d’inspiration religieuse

L’idéal religieux trouve d’abord son expression dans la vie des saints.

Les poèmes d’inspiration religieuse sont les premiers mis sur le papier.

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Les poètes restent anonymes. Les oeuvres poétiques, souvent chantées

ou accompagnées de musique, sont des histoires pieuses relatant la

vie de Christ, de saints (la Cantilène de Sainte Eulalie, 881; la Passion

de Christ, Xe s.; la Vie de Saint Léger, Xe – XIe ss.; la Vie de Saint

Alexis, Xe s.).

La poésie d’inspiration héroïque

Dès le XIe s., des poèmes épiques, héroïques, les chansons de geste,

racontent les aventures d’un chevalier pendant des événements historiques

remontant aux siècles antérieurs (gesta en latin signifie acte accompli

= exploit) glorifiant les exploits de grands seigneurs. Dans la

chanson de geste les premiers auteurs ont su accorder au mieux leur foi

chrétienne et leur idéal militaire.

Ces poèmes épiques chantent et illustrent la patrie et les gestes du

roi et de ses vassaux. La Chanson de Roland, l’une des plus anciennes

chansons de geste françaises et chef-d’oeuvre de ce genre, est le plus

grand monument de la littérature française de l’époque. Il appartient au

Cycle du Roi (c.-à-d. de Charlemagne). Ce poème épique de 4002 vers

qui conte la bataille de Ronceveaux de 788 serait composée vers 1100,

son auteur reste inconnu. Sa langue est élaborée et choisie, exaltant le

patriotisme et la foi.

D’autres poèmes épiques de cette époque: les Lois de Guillaume le

Conquérant, le Pèlerinage de Charlemagne, le Charroi de Nîmes présentent

le français en usage comme langue littéraire sous ses formes variées.

Exécutés par les jongleurs et les poètes errants, les chansons épiques

connaissent une longue tradition orale avant d’être notées. Provenant

de diverses régions du pays, ces textes sont témoins de la différenciation

linguistique due au régime féodal: le morcellement féodal correspond

bien au morcellement linguistique.

La poésie d’inspiration courtoise

Dès le XIIe s. à côté des chansons de geste la littérature voit s’épanouir

des oeuvres d’inspiration courtoise. L’adjectif signifie «propre à la

cour». Ce nouvel idéal littéraire trouve d’abord sa pleine expression sous

une forme lyrique dans le Sud de la France, puis sous une forme narrative

avec les lais (Marie de France) et les romans courtois (Chrétien de Troyes).

Dès la seconde moitié du XIe s., on assiste à une profonde modification

des moeurs dans les cours seigneuriales du Midi de la France. Les

valeurs guerrières prônées par la société féodale sont certes toujours reconnues,

mais elles cèdent peu à peu le pas aux qualités mondaines: la

courtoisie, la grâce, la délicatesse et l’esprit, des chevaliers courtois, élégants

et généreux, sensibles aux charmes féminins. La nouvelle société

est en train de découvrir la «courtoisie», c’est-à-dire l’idéal de vie des

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gens vivant à la «cour». L’amour courtois connaît une vogue sans cesse

grandissante en France à partir du milieu du XIIe s. La personnalité exceptionnelle

d’Aliénor d’Aquitaine a fortement contribué à faire connaître

et à imposer le nouveau mode de vie de la société courtoise dans le

Nord de la France.

Les plus illustres romans courtois sont Tristan et Yseut, XII e s.;

Aucassin et Nicolette, XIIIe s., etc.

La «matière de Bretagne»

Il existait une mythologie celtique, la «matière de Bretagne» (c’està-

dire, de Grande-Bretagne), diffusée par les jongleurs bretons sous forme

de lais chantés.

A côté des chansons de geste paraissent donc des romans d’aventure

dont les plus célèbres sont les romans bretons, riches en épisodes

merveilleux et surnaturels. Leurs sujets remontent aux légendes celtiques.

Il s’agit d’une littérature celte, qui fleurit aussi bien en Angleterre

qu’en France, et qui véhicule des valeurs et des conceptions propres à la

civilisation celte.

Le roman breton rassemble toutes les oeuvres écrites autour de la

figure du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde.

Ces oeuvres ne sont plus anonymes, nous connaissons le nom de

Marie de France, la première poétesse française, qui composait des lais

et des fables, puisant au fonds de contes et légendes bretons, ainsi que

celui de Chrétien de Troyes qui a tiré le sujet de son roman Yvain d’une

légende celtique. Il fait largement appel à la matière de Bretagne, et les

exploits chevaleresques tiennent une large part dans ses romans. Le thème

dominant est cependant l’amour.

La littérature narrative d’inspiration courtoise

Aux environs de 1150, des clercs cultivés commencent à imiter les

auteurs latins et redécouvrent les récits de l’Antiquité grecque et romaine.

Des chefs-d’oeuvre tels que l’Enéide de Virgile, les Métamorphoses d’Ovide,

fournissent les premiers sujets des romans que l’on va appeler «antiques».

Les oeuvres satiriques

Depuis toujours les jongleurs déclament à côté des chansons de geste

des petites oeuvres satiriques en vers où l’on raille ses têtes de turcs favorites:

prêtres, moines, cocus ou vilains. L’avènement d’une nouvelle couche

sociale – la bourgeoisie (le tiers-état) favorise le développement de la littérature

satirique. Les originaires du menu peuple s’intéressent aux sujets de

la vie quotidienne: apparaissent les nouveaux genres poétiques tels que

fabliaux (le Roman de Renart, le Roman de la Rose et d’autres), dits

satiriques (Des Ordres ou La Chanson des Ordres et d’autres), drames

(Le jeu d’Adam et d’autres), miracles (Miracles Nostre Dame), comé118

dies (Jeu de Robin et de Marion). Les noms des auteurs les plus populaires

de l’époque: Guillaume de Lorris, Jean Clopinel (Jean de Meung),

le trouvère bourguignon Rutebeuf, Adam de la Hale et autres sont connus

de nos jours.

La fable est un récit court et plaisant. Quand la fable est assez longue,

on la range parmi les fabliaux, un récit retraçant une aventure dans

un style assez cru. Les premiers de ces textes, le plus souvent anonymes,

sont écrits à la fin du XIIe s. et les derniers datent de la fin du XIVe s.

Le thème de la plupart des fabliaux se retrouve dans beaucoup de

folklores et de traditions populaires. C’étaient de vieilles histoires, familières

au public parce qu’elles traînaient partout. Mais il a aussi été repris

dans beaucoup d’oeuvres littéraires.

Certains fabliaux connaissent un succès considérable et servent de

source d’inspiration à d’autres oeuvres. Par exemple, le Roman de Renart

est l’objet de nombreuses traductions et imitations en Europe.

Les fables d’Esope sont très appréciées au Moyen Age, et les adaptations

latines qu’en fit Phèdre sont réunies dans des recueils nommés

«isopets» (du nom d’Esope). Ainsi se perpétue la tradition littéraire des

animaux qui conservent leurs caractères propres tout en parlant et en