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4. L’influence des changements phonétiques sur l’évolution des

formes casuelles.

L’évolution des groupes consonantiques (la transformation ou la

disparition de la première consonne dans le groupe consonantique) a changé

l’aspect phonétique de certaines formes casuelles ayant amené certaines

mutations dans la déclinaison des substantifs.

A. La vocalisation de l devant la consonne flexionnelle -s change

l’aspect phonétique des formes casuelles:

Suivant la loi de l’économie la langue tend à éliminer les formes excessives

(redondantes), à diminuer leur nombre: de deux formes genol /

Singulier Pluriel

Cas sujet li murs

Cas régime les murs

Sing. Plur.

Cas sujet (nominatif) genols  genous genol

Cas régime (oblique) genol genols  genous

140

genous la langue ne garde qu’une. Ainsi, l’ancien français tend à régulariser

les formes casuelles et plus tard – à les généraliser d’après une forme.

B. Devant le -s flexionnel la consonne du radical s’amuït, ce qui est

conforme à la loi de la réduction des groupes consonantiques:

Buef (boeuf) < bove (lat.)

Dans la forme du cas régime singulier la consonne f se prononce, dans le

cas régime pluriel en ancien français la consonne f a disparu de la prononciation

car elle est le premier élément du groupe consonantique. Cette ancienne prononciation

(sans f) s’est conservée jusqu’à nos jours, mais dans l’orthographe la

lettre f a été réintroduite en moyen français par les grammairiens (suivant le

principe morphologique). Mais la prononciation n’a pas accepté cette lettre.

Donc, le pluriel du mot boeufs est prononcé à la façon de l’ancien français,

tandis que l’écriture de cette forme est quelque peu modernisé (morphologisée).

II. L’article.

1. Les origines et les formes de l’article.

On trouve dans les anciens textes l’article défini et l’article indéfini.

L’article défini remonte au pronom démonstratif ille, et l’indéfini – au

numéral unus.

L’article défini garde longtemps le sens démonstratif et déterminatif,

l’article indéfini s’emploie le plus souvent dans sa valeur numérique.

Par ses formes casuelles, l’article sert à préciser l’opposition entre

le sujet et le régime, entre le singulier et le pluriel des noms.

Les formes casuelles des articles

Sing. Plur.

Cas sujet (nominatif) bue(f )s = bues > [bø] MF buef > [boef]

Cas régime (oblique) buef > [boef] bue(f )s = bues > [b] MF

Singulier Pluriel

Cas sujet li murs

Cas régime les murs

L’article défini L’article indéfini

Sing. Plur. Sing. Plur.

Masculin Masculin

Cas sujet li li uns un

Cas régime lo, le los, les un des (uns)

Féminin Féminin

la les une des (unes)

141

Les formes élidées: l’homme, l’almaçor, mais aussi le empereres

Carles.

Les formes contractées sont formées de l’article défini avec les prépositions

a, de, en: li marquis al Cort Nes; dou cuer; el premier chef.

Les formes contractées des articles en ancien français

Les formes contractées avec en disparaissent de la langue courante aux

XVe – XVIe ss. On en trouve les restes dans le type ès-lettres, ès-sciences.

L’article partitif en ancien français n’est pas encore en usage. Ses

formes du, de la, des seront employées à partir du XIIIe s., mais avant la

valeur de la partitivité est exprimée à l’aide de la préposition de (mangier

de pain) ou bien de de et le (mangier del pain), ou bien par l’article

zéro (mangier 􀀀 pain).

2. Les valeurs de l’article.

L’article défini garde longtemps sa valeur primitive de d é m o n s

t r a t i f, la valeur a n a p h o r i q u e, la valeur p o s s e s s i v e, la valeur

d é t e r m i n a t i v e.

L’article défini ne s’emploie pas devant les noms abstraits, les noms

propres de personnes, les noms d’objets uniques, les noms d’un usage

fréquent (les noms d’objets familiers) comme maison, cour, messe.

En ancien français l’article indéfini ne s’emploie pas aussi largement

qu’en français moderne; il n’a que trois valeurs: n u m é r i q u e,

i n d i v i d u a l i s a n te, d é t e r m i n a t i ve.

La flexion et l’article constituent, en ancien français, une double

détermination du nom. C’est à partir du XIIIe s. que l’article accompagne

presque régulièrement le nom. Et ce n’est qu’à partir de ce temps-là

que la nouvelle catégorie grammaticale du nom, celle de la détermination

/ indétermination s’est formée.

III. L’adjectif.

La forme de l’adjectif exprime les catégories grammaticales du genre,

du nombre, du cas et des degrés de comparaison.

Quant à la catégorie du genre tous les adjectifs se divisent en deux

grands groupes:

Singulier Pluriel

a + le = al, au a + les = as, aus, aux

de + le = del, du, dou, du de + les = des (au lieu de dels)

en + le = enl, el, eu, ou, u en + les = es (au lieu de els)

142

A. Les adjectifs qui ont deux genres: bon / bone, cler / clere, etc.

B. Les adjectifs qui n’ont qu’une forme pour les deux genres: grant,

tendre, etc.

* z = t + s

L’ancienne forme du féminin – grant, fort, subsiste dans quelques

noms composés et noms propres formés en ancien français: grand-route,

grand-mère, Rochefort.

Les survivances de l’ancienne formation des adverbes à partir des

adjectifs verbaux invariables en ancien français subsistent en français

moderne – constamment, prudemment.

Les radicaux de certains adjectifs subissent des alternances dues

aux changements phonétiques:

– à la réduction des groupes consonantiques:

– à la vocalisation de l devant consonne:

L’opposition différencielle de radicaux caractérise également la valeur

grammaticale du genre:

Masculin Féminin

Sing. Plur. Sing. Plur.

Cas sujet bons bon bone bones

Cas régime bon bons bone bones

Masculin Féminin

Sing. Plur. Sing. Plur.

Cas sujet granz* grant grant granz

Cas régime grant granz grant granz

Sing. Plur. Sing. Plur.

Cas sujet se(c )s = ses sec vi(f )s = vis vif

Cas régime sec se(c )s = ses vif vi(f )s = vis

Sing. Plur.

Cas sujet beaus bel

Cas régime bel beaus

Masculin Féminin

blancu > blanc blanca > blanche

longu > long (> lonc) longa > longe

vivu > vif viva > vive

143

Les degrés de comparaison des adjectifs

Le comparatif et le superlatif se forment à l’aide des moyens analytiques

– les adverbes plus, moins, aussi. L’emploi de l’article défini au

superlatif ne s’étant pas encore généralisé, les formes des deux degrés

peuvent coïncider.

Il subsiste quelques formes synthétiques du comparatif latin comportant

le suffixe -our: bellezour < bellatiore, forzour < fortiore, etc.

Mais la langue les a éliminées peu à peu en faveur de la construction

analytique, exepté quelques rares formes supplétives: meillor > meilleur,

meindre > moindre.

IV. Les pronoms.

Tous les pronoms français sont d’origine latine. Etant donné leur

fréquence exceptionnelle dans le discours ils se sont conservés dans leurs

formes les plus archaïques.

Les caractéristiques propres à tous les pronoms sont les suivantes:

– tous les pronoms sont déclinables, il y en a même ceux qui possèdent

trois cas;

– plusieurs pronoms ont gardé le genre neutre;

– la plupart des pronoms ont deux séries de formes: toniques et

atones.

1. Pronoms personnels.

Les pronoms personnels proclitiques sont sujets à la soudure avec

les pronoms toniques, les conjonctions, la particule négative: jel < jo le,

sel < si, se le, nel < ne le, etc.

Etant donné que la flexion verbale s’affaiblit progressivement, les

pronoms personnels s’emploient de plus en plus fréquemment pour remplacer

la flexion et remplir la fonction syntaxique.

Ton. At. Ton. At. Ton. At. Ton. At.

Sing. Cas sujet je je tu tu il il ele ele

Cas datif --- --- --- --- lui li li li

Cas oblique mei me tei te lui le li la

Plur. Cas sujet nos nos vos vos il il eles eles

Cas datif --- --- --- --- leur lor leur lor

Cas oblique nos nos vos vos eus les eles les

144

2. Pronoms possessifs.

¹ A la fin du XIIe s. les formes tuen(s) et suen(s) sont refaites par analogie avec

mien(s): tuen(s) > tien(s), suen(s) > sien(s).

² A la fin du XIIIs. la forme du féminin meie se conforme au même modèle: meie >

mien(s).

Pour marquer la troisième personne du pluriel on emploie une forme

invariable leur.

L’opposition fonctionnelle entre les formes toniques et atones n’est

pas encore aussi nette en ancien français qu’elle l’est en français moderne.

Cependant les formes atones se sont déjà spécialisées en emploi adjectival

et se trouvent toujours en préposition au substantif, qui se passe,

en ces circonstances, d’article.

Les formes toniques, par contre, accomplissent les deux fonctions,

adjectivale et pronominale. A la différence des formes atones, les formes

toniques s’emploient adjectivement avec un nom pourvu d’un article ou

d’un autre pronom: li toens parentez; par ceste meie barbe.

3. Pronoms démonstratifs.

En ancien français il existe trois groupes de démonstratifs:

cil, cele – тот, та;

cist, ceste – этот, эта.

Masculin

Ton. At. Ton. At. Ton. At.

Sing. Cas sujet miens mes tuens¹ tes suens ses

Cas oblique mien mon tuen ton suen son

Plur. Cas sujet mien mi tuen ti suen si

Cas oblique miens mes tuens tes suens ses

Féminin

Ton. At. Ton. At. Ton. At.

Sing. Cas sujet meie ² ma toue ta soue sa

Cas oblique -- -- -- -- -- --

Plur. Cas sujet meies mes toues tes soues ses

Cas oblique -- -- -- -- -- --

Masculin Féminin

Ton. At. Ton. At. Ton. At. Ton. At.

Sing. Cas sujet nostre --- vostre --- nostre --- vostre ---

Cas oblique nostre --- vostre --- -- --- -- ---

Plur. Cas sujet nostre --- vostre --- nostres noz vostres voz

Cas oblique nostres noz vostres voz -- -- -- --

145

ce – это.

Une série des démonstratifs toniques est composée de formes avec

l’i- initial: icil, icist.

Le démonstratif ce neutre est invariable.

Les formes cil et cist, depuis la fin du XIIe s. sont renforcées par

une marque adverbiale ci / la.

Les deux formes fonctionnent à la fois comme pronom et comme

adjectif: ceste foiz voisine avec cele foiz. Cependant, la forme cist est

beaucoup plus fréquente dans la fonction adjectivale, tandis que pour cil

les deux fonctions sont également familières.

V. Le verbe.

Le verbe conserve mieux que le nom son caractère synthétique.

1. Les formes non personnelles du verbe.

Les formes non personnelles du verbe en ancien français sont présentées

par la forme adjectivale (p a r t i c i p e), nominale (i n f i n i t i f)

et adverbiale (g é r o n d i f).

L’infinitif

Les infinitifs en ancien français se répartissent en trois groupes tout

comme en français moderne:

I er groupe – les verbes en -er, -ier: porter, mangier, etc.;

II ième groupe – les verbes en -ir: finir, etc.;

III ième groupe – les verbes en -eir (> oir), -re: deveir, rendre,

venir, etc.

La forme de l’infinitif passé est analytique: aveir dit.

Le participe présent

En ancien français le participe présent est une forme variable du

verbe, à la différence du français moderne où il reste toujours invariable.

Cette forme non personnelle a les mêmes catégories (le nombre et le cas)

et les mêmes fonctions que les adjectifs du deuxième groupe (invariables

en genre), par ex.:

Masc. Fém. Masc. Fém.

Sing. Cas sujet cil cele cist ceste

Cas datif celui celi cestui cesti

Cas oblique cel cele cest ceste

Plur. Cas sujet cil celes cist cestes

Cas datif --- --- --- ---

Cas oblique ceus celes cez cez

146

Amant

En tant que forme verbale, il se construit avec le verbe estre et traduit

la durée: cette périphrase marque une action simultanée à une autre

et qui dure (cf. en anglais Continuous).

Le participe passé

En ancien français le participe passé se décline comme les adjectifs

du premier type (à deux genres), par ex.:

Ame

Se combinant avec le verbe estre, le participe passé fait partie des

formes analytiques de la voix passive, et avec les verbes aveir et estre il

forme les temps composés.

Le gérondif

A la différence du participe passé qui possède la même désinence, le

gérondif est une forme verbale invariable.

Il se combine avec le verbe aler, et la construction ainsi faite traduit

la durée et la progression de l’action.

2. Les formes personnelles du verbe.

Le verbe possède, en ancien français, des formes s i m p l e s

(synthétiques) qui sont étymologiques (latines) et des formes c o m p o

s é e s (analytiques) romanes qui expriment les catégories grammaticales

de la personne, du nombre, du temps, du mode, de la voix et de

l’aspect.

Les catégories du nombre et de la personne sont exprimées par un

système de flexions et en partie par des pronoms sujets.

Masculin Féminin

Sing. Plur. Sing. Plur.

Cas sujet amanz amant amant amanz

Cas régime amant amanz amant amanz

Masculin

Sing. Plur.

Cas sujet amez ame

Cas régime ame amez

147

Les formes synthétiques du verbe

L e p r é s e n t d e l’i n d i c a t i f

Les formes du présent sont régulières, provenant des formes latines.

L’origine de la flexion -ons reste obscure.

L’ i m p a r f a i t d e l’i n d i c a t i f

Depuis le XIIe s. les verbes du 1 er groupe remplacent les désinences

o(u)e, o(u)es, o(u)et par en -eie, -eies, -eit par analogie avec les

verbes du 2 ème et du 3 ème groupes. Ainsi, la conjugaison à l’imparfait

devient-elle plus régulière, unifiée et simple.

L e p a s s é s i m p l e

Ce temps en ancien français présente un système de formes très

complexe qui toutefois peuvent être réparties en deux groupes: le premier

est constitué de verbes dont la flexion est toujours accentuée (les verbes

sans alternance); le deuxième est constitué de verbes portant l’accent

tantôt sur la flexion, tantôt sur le radical, donc sujets à l’alternance.

Les verbes sans alternance des radicaux

1 er groupe 2 e groupe 3 e groupe

chant -  fini - s vei -  vent -  dorm - 

chant - e - s fini - s vei - s ven - z (t+s) dor(m ) - s

chant - e - t finis - t vei - t ven - t dor (m ) - t

chant - ons finiss - ons ve - ons vend - ons dorm - ons

chant - ez finiss - ez ve - ez vend - ez dorm - ez

chant - ent finiss - ent vei - ent vend - ent dorm - ent

Amer Finir Deveir

am - o(u)e finiss - eie dev - eie

am - o(u)es finiss - eies dev - eies

am - o(u)t finiss - eit dev - eit

am - ions finiss - ions dev - ions

am - iez finiss - iez dev - iez

am - o(u)ent finiss - eient dev - eient

Chanter Dormir Valeir

chant - ài dorm - ì val - ùi

chant - às dorm - ìs val - ùs

chant - à(t) dorm - ì(t) val - ù(t)

chant - àmes dorm - ìmes val - ùmes

chant - àstes dorm - ìstes val - ùstes

chant - èrent dorm - ìrent val - ùrent

148

Les verbes à l’alternance des radicaux

L e f u t u r e t l e f u t u r d a n s l e p a s s é

(L e c o n d i t i o n n e l p r é s e n t)

La formation de ces deux temps est régulière, remontant aux costructions

périphrastiques du latin vulgaire avec le verbe habere: cantare

+ ha(b)eo > cantaraio > chanterai. La forme du futur dans le passé

(Conditionnel présent): infinitif + flexion de l’imparfait.

L e s u b j o n t i f p r é s e n t e t i m p a r f a i t

Le présent du subjontif remonte à praesens conjunctivi et l’imparfait

du subjonctif – à Plusquamperfectum conjunctivi.

Les radicaux de verbes au présent du subjonctif sont sujets à l’alternance.

Ce n’est pas le cas de l’imparfait du subjonctif, vu que toutes ses

formes portent l’accent sur la flexion.

Les formes analytiques du verbe

La forme analytique du verbe en ancien français est composée de la

forme non personnelle du verbe qui exprime l’action et des formes personnelles

du verbe auxiliaire qui caractérisent grammaticalement l’action.

A l’aide des auxiliaires aveir et estre sont formés le passé composé,

le passé antérieur, le plus-que-parfait, le futur antérieur de l’indicatif, le

passé et le plus-que-parfait du subjonctif et le passé conditionnel.

Veeir Venir Metre

vì -  vìn -  mìs

ve - ìs ven - ìs mes - ìs

vì - t vìn - t mìs - t

ve - ìmes ven - ìmes mes - ìmes

ve - ìstes ven - ìstes mes - ìstes

vì - rent vìn - (d)rent mìs - (t)rent

Présent

du subjonctif

Imparfait

du subjonctif

Chanter Dormir Deveir Chanter

chànt -  dòrm - e dèiv - e chant - àsse

chàn - z (z=t+s) dòrm - es dèiv - es chant - àsses

chànt -  dòrm - et dèiv - et chant - àst

chant - òns dorm - òns dev - òns chant - issòns

chant - èz dorm - èz dev - èz chant - issièz

chànt - ent dòrm - ent dèiv - ent chant - àssent

149

En ancien français les formes composées sont en voie de grammaticalisation,

parce que les éléments de ces formes sont placés encore librement

dans la phrase. En plus, l’ancien français connaît maints flottements

dans le choix des verbes auxiliaires: très souvent aveir est concurrencé

par estre.

L’ancien français connaît quatre constructions analytiques verbales.

A. Auxiliaire+Participe Passé: aveir ou estre + P. P.

Les verbes auxiliaires traduisent l’idée de l’état et non de l’action.

Le participe passé exprime l’achèvement de l’action.

B. Auxiliaire + Participe Présent.

Le verbe auxiliaire estre et le participe présent traduisent l’idée de

l’état. La construction marque l’action qui est en train de s’accomplir.

C. Auxiliaire + Infinitif.

Avec l’infinitif s’emploient:

– les verbes aveir et estre; la construction traduit l’idée de l’obligation

ou du futur;

– les verbes modaux deveir, pooir, voleir; la construction traduit

l’idée de l’obligation;

– les verbes factitifs faire, laisser; la signification essentielle de

cette construction est d’exprimer la valeur de la voix factitive.

D. Auxiliaire + Gérondif.

Dans cette construction est employé le verbe aler comme auxiliaire;

la valeur essentielle de cette périphrase est d’exprimer l’action avec une

certaine intensité. Cette tournure est très fréquente en ancien français.

3. Les temps et les modes. La voix.

Le verbe a quatre modes (indicatif, subjonctif, impératif et conditionnel)

dont chacun comporte plusieurs formes temporelles, excepté l’impératif.

Il est à noter que le conditionnel est un apport roman.

L’indicatif possède huit temps dont quatre sont des formes simples (présent,

imparfait, passé simple, futur simple) et les autres – des formes composées

(passé composé, plus-que-parfait, passé antérieur, futur antérieur). Le

subjonctif a deux formes simples (présent, imparfait) et deux formes composées

(passé, plus-que-parfait). Le conditionnel n’a que deux formes: celle du

présent (forme synthétique) et celle du passé (forme analytique).

La voix comprend quatre séries: l’actif, le passif, le réfléchi et le

factitif.

150

La catégorie de l’aspect ne présente pas d’oppositions nettes en ancien

français. La plupart des savants estiment que cette catégorie est exprimée

par des formes temporelles composées et des tours périphrastiques.

En ancien français les rapports temporels sont peu différenciés; ce

n’est qu’en français moyen que les valeurs des formes temporelles se

préciseront. Le système des temps absolus et des temps relatifs ne s’est

pas encore constitué, la concordance des temps n’est pas observée.

Au XIIIe s. les valeurs des temps subissent des changements ce qui

rapproche leur usage du français moderne.

Le présent de l’indicatif

En ancien français le présent exprime l’action soit au plan du présent,

soit au plan du futur et même au plan du passé. Une large valeur

sémantique permet au présent de l’indicatif d’être employé à côté du passé

simple et du passé composé dans la proposition pour exprimer une

action au passé: «le présent historique», lui, est courant dès les chansons

de geste les plus anciennes, il y alterne avec le passé simple. En français

moderne cet emploi correspond au présent historique empreigné de nuances

stylistiques.

Le passé simple et le passé composé de l’indicatif

Comme temps du passé, le présent, l’imparfait et le passé simple de

l’indicatif côtoient dans les textes narratifs et descriptifs rédigées en ancien

français. En ancien français, le passé simple (ou parfait) est le plus

utilisé dans le récit d’événements passés, l’imparfait étant alors assez

rare. Ainsi, le passé simple est-il le temps regulier des descriptions, là où

le français classique et moderne emploira l’imparfait. Cette possibilité

d’alternance dans la même phrase persiste jusqu’au XVIIe s.

Dans les textes narratifs et descriptifs, à l’écrit, le passé simple

domine donc de beaucoup le français moderne.

Les valeurs du passé simple et du passé composé alternent. Mais

une tendance nette se dessine tout de même à la fin de la période étudiée:

le premier exprime une action au passé et qui ne se rapporte pas au présent,

le dernier exprime aussi une action passée mais dont les résultats se

rapportent au présent. Toutefois, le passé simple est tout à fait courant

dans le dialogue, en discours direct jusqu’au XVII e s. Aussi le passé

simple s’emploie-t-il dans les textes écrits plus souvent, tandis que le

passé composé se rattache à l’oral.

Dans les subordonnées temporelles dès l’ancien français jusqu’au

XVIIe s. on trouve couramment le passé simple ou le passé antérieur,

après comme en particulier.

151

L’imparfait de l’indicatif

En ancien français c’est une forme verbale peu employée du fait

que le passé simple et le passé composé peuvent marquer un état, une

action qui dure, qui se répète, une simultanéité par rapport à une autre

action. L’imparfait aussi bien que le plus-que-parfait est rare dans les

textes avant la fin du XIIe s., son emploi s’étend à partir du XIIe s.

Le subjonctif

Dans les textes de l’ancien français les rapports modaux prédominent,

les rapports temporels étant moins fréquents. Par conséquent, le

subjonctif s’emploie largement – dans les propositions subordonnées et

indépendantes; il exprime le désir, la prière, l’incertitude, la condition, la

volonté, etc.

En plus le subjonctif s’emploie dans les propositions hypothétiques

où il exprime l’action éventuelle: «se imparfait subjonctif – imparfait

subjonctif», mais il y récule progressivement.

La voix

En ancien français cette catégorie grammaticale est exprimée par la

conjugaison du verbe à la forme active et passive.

4. L’alternance des radicaux.

Le système verbal de l’ancien français est riche en formes alternées

qui se sont formées à la suite de modifications phonétiques.

Par exemple, la diphtongaison spontanée est à l’origine d’une grande

multiplicité de radicaux dans les verbes dont le radical forme une syllabe

ouverte comportant les voyelles a, o, e. Si l’accent frappe cette voyelle,

elle se diphtongue, si l’accent tombe sur la flexion, la voyelle du radical

reste intacte et ne change pas.

La particularité de l’ancien français consiste à ce que l’alternance frappe

non seulement les verbes du 3 e groupe, mais aussi ceux du 1 er groupe.

Ainsi la structure morphologique du verbe perd sa netteté et présente

une grande variété de formes parfois vides de sens.

Présent de l’Indicatif

Amer Tenir Deveir

aim tièn dèi

àim - es tièn - s dèi(v) - s

àim - e(t) tièn - t dèi(v) - t

am - òns ten - òns dev - òns

am - èz ten - èz dev - èz

àim - ent tièn - ent dèiv - ent

152

N’ayant aucune valeur morphologique l’alternance sera bientôt éliminée

dans les verbes du 1 er groupe. Les verbes du 3 e groupe en ont

gardé les vestiges jusqu’à nos jours.

VI. L’adverbe.

D’après la formation, les adverbes de l’ancien français se répartissent

en trois groupes:

– les adverbes en -ment;

– les advebres en -s;

– les adverbes sans terminaison spéciale.

A. Les adverbes en -ment qui se sont formés en latin populaire sont

très nombreux en ancien français.

B. Les adverbes en -s: en ancien français l’s adverbial se joint à

quantité d’adverbes en -e qui étymologiquement n’en avaient pas: sans <

sine + s, tandis < tamdiu + s, guères < francique *waigaro + s, etc.

C. Les adverbes sans terminaison spéciale sont en majorité d’origine

française: amont, desoremais, encor, touzjours, avant, etc.

Les locutions adverbiales du type a chevauchons, a genouillons, a

tatons sont très usitées en ancien français.

Les degrés de comparaison des adverbes se forment en ancien français

à l’aide des moyens synthétiques – adverbes plus, meins. Rappelons

qu’il en était autrement en latin où les adverbes formaient les degrés de

comparaison à l’aide des flexions: late – latius – latissime.

Les formes synthétiques sont rares: mielz, mieus; pis.

Questions ( * - questions demandant des réflexions)

I. 1. Quelle est la marque du féminin en français moderne? Etaitelle

la même en ancien frnaçais?

2. Quel type de déclinaison (celui des masculins ou celui des féminins)

oppose le mieux les formes casuelles?

* La flexion -s est-elle déjà devenue une marque du pluriel? Pourquoi?

3. Comment les linguistes expliquent-ils la dégradation du système

casuel de l’ancien français?

Pourquoi l’ancien français tout en privilégiant les formes du cas régime

a-t-il conservé certaines formes du cas sujet ? Quelles sont ces formes ?

*Dans quel(s) dialectes(s) la déclinaison disparaît-elle en premier

lieu? Pourquoi?

153

*Dans quel(s) dialectes(s) la déclinaison subsiste-t-elle jusqu’à nos

jours? Pourquoi?

II. 1. Quelle nouvelle catégorie grammaticale et une nouvelle partie

du discours s’est formée en ancien français?

Précisez l’origine de l’article défini. Précisez l’origine de l’article

indéfini.

L’article en ancien français est-il déclinable?

L’article défini, possède-t-il des formes élidées en ancien français?

Sont-elles pareilles aux formes élidées modernes?

L’article défini, possède-t-il des formes contractées en ancien français?

Sont-elles pareilles aux formes contractées modernes? Donnez des

exemples des vestiges de l’ancienne contraction.

2. Quelles sont les valeurs de l’article défini en ancien français?

Quelles sont les valeurs de l’article indéfini en ancien français?

Les valeurs de l’article (defini, indéfini) en ancien français sontelles

les mêmes qu’en français moderne?

* Quelle est la valeur étymologique de l’article défini dans le français

d’aujourd’hui? Pourquoi?

III. * Pourquoi les adjectifs du type grant, tendre n’ont qu’une forme

pour les deux genres en ancien français?

* Pourquoi dans certains mots composés tels que grand-route, grandmère

l’adjectif grand ne s’accorde-t-il pas avec le nom?

Quels sont les types d’adjectifs selon leur origine? Dans quelles formes

retrouve-t-on les vestiges de ces anciennes formes invariables au genre?

Comment se forment les degrés de comparaison des adjectifs en

ancien français?

IV. De quelle origine sont les pronoms français?

1. Etudiez les tableaux des formes des pronoms et dites quelles formes

n’existent plus en français moderne.

Quelles sont les particularités de l’emploi des pronoms en ancien

français?

2. Les formes toniques et les formes atones des pronoms possessifs

en ancien français sont-elles aussi spécialisées que celles du français

moderne?

V. 1. * Quels sont les formes non personnelles du verbe en AF?

* Sont-elles différentes des formes non personnelles modernes? En

quoi consiste cette différence? Qu’ont-elles de commun?

154

2. * Quelles formes verbales – synthétiques ou analytiques – sont

plus anciennes? Quelles formes sont de formation plus récente? Pourquoi?

Parmi les formes synthétiques laquelle n’est pas étymologique?

Etudiez les formes synthétiques du verbe de l’ancien français et dites

par quoi elles se distinguent de celles du français moderne.

L’ancien français connaît quatre constructions verbales analytiques.

Lesquelles de ces formes subsistent en français moderne?

Quelles sont les constructions verbales analytiques qui n’existent

plus en fançais moderne? * La langue anglaise, possède-t-elle des constructions

analogiques?

3. Le système des modes de l’ancien français, en quoi diffère-t-elle

de celui du français moderne? En nombre de modes? en quantité de formes?

en leur fontionnement (emploi)?

Pourquoi en ancien français le passé simple était-t-ie beaucoup plus

employé que le passé composé?

Le subjonctif en ancien français, s’employait-il plus largement qu’en

français moderne?

La voix de l’ancien français, ressemble-t-elle à celle du français

moderne?

4. A quoi est due l’alternance des radicaux en ancien français?

* Les verbes à alternance, continuaient-ils à se former en ancien

français? Pourquoi?

Le français moderne, possède-t-il des verbes à alternance?

VI. Quels sont les modèles de formation des adverbes les plus usités

en ancien français?

* Comment se forment les nouveaux adverbes en ancien français:

par la voie synthétique ou par la voie analytique?

Devoirs

1. Définissez: la déclinaison, la conjugaison, un cas (cas sujet = cas

nominatif, cas régime = cas oblique), l’analytisme (forme analytique), le synthétisme

(forme synthétique), l’étymologie (forme étymologique), l’analogie,

l’alternance, le radical, la refaite (= le nivellement = la régularisation).

2. Nommez les mutations morphologiques qui sont caractéristiques

seulement à l’ancien français et celles qui représentent l’évolution des

transformations débutées en latin vulgaire ou en gallo-roman; celles qui

se sont achevées en ancien français et celles qui vont encore évoluer.

3. Etudiez l’ancienne déclinaison et dites quelles formes la langue a

généralisées – celles du singulier ou celles du pluriel (voir I.4.)

155

4. Etudiez (voir I.4.) et expliquez pourquoi en français moderne les

mots boeuf et oeuf (uef AF < ovu (lat.) ont une double prononciation?

5. Pourquoi les noms propres Gilles, Jacques, Jules, Yves, Louis

s’écrivent-ils avec un -s à la fin (voir III.)?

6. Prouvez qu’en ancien français dans l’expression des catégories

du genre, du nombre, du cas ce sont les formes flectives (synthétiques)

qui prédominent.

7. Comparez les emplois de l’article défini en ancien français et

ceux du français moderne.

L’article défini

8. Expliquez les processus phonétiques qui ont donné lieu aux alternances

suivantes:

Ancien Sing. conseil seuil bal

français Plur. conseus seus baus

Français Sing. conseil seuil bal

moderne Plur. conseils seuils bals

Ancien Sing. chevel drapel sol

français Plur. cheveus drapeaus sous

Français Sing. cheveu drapeau sou

moderne Plur. cheveux drapeaux sous

Singulier Pluriel

Cas sujet uef > [oef]

Cas régime uef > [oef] ue(f?)s = ues > [ø]

Emploi AF FM

1. Devant les noms abstraits - +

2. Devant les noms des pays

3. Devant les noms des habitants des pays

4. Devants les noms déterminés par le contexte

5. Devant les noms propres de personne

6. Devant les noms d’abjets uniques

7. Devant les noms d’un usage fréquent

Masculin Féminin

blancu > blanc blanca > blanche

longu > long > lonc longa > longe

vivu > vif viva > vive

156

9. Trouvez les traits archaïques dans la classe des pronoms (voir IV).

10. Remplissez le schéma ci-dessous par les formes modernes et

expliquez quelles formes anciennes ont disparu et pourquoi (voir IV. 3).

11. Prouvez que dans l’expression du degré d’éloignement les pronoms

démonstratifs abandonnent le synthétisme et choisissent la voie

analytique.

12. Trouvez des différences dans l’emploi des temps anciens et modernes

(voir V. 3.).

Trouvez des différences dans l’emploi des modes anciens et modernes

(voir V. 3.).

13. Les verbes à alternance se sont formés en gallo-roman et ils

étaient très nombreux en ancien français. Continuent-ils à se former en

ancien français? Pourquoi? (voir V. 4.).

14. Les formes de l’imparfait, du futur simple et du conditionnel

présent ne sont pas atteintes de l’alternance. Pourquoi? (voir V. 4.).

15. Nommez les processus phonétiques grâce auxquels les radicaux

alternent:

16. La langue tend toujours à éliminer les formes irrégulières, notamment

les verbes à alternance des radicaux, et les remplacer par des formes

régulières. Pourquoi la langue n’a-t-elle tout de même pas régularisé toutes

les formes verbales qui demeurent surtout nombreuses dans le 3 groupe?

Masculin Féminin Masculin Féminin

Formes

anciennes

Formes

modernes

Formes

anciennes

Formes

modernes

Formes

anciennes

Formes

modernes

Formes

anciennes

Formes

modernes

Sing. Cas sujet cil cele cist ceste

Cas datif celui celi cestui cesti

Cas oblique cel cele cest ceste

Plur. Cas sujet cil celes cist cestes

Cas datif --- --- --- ---

Cas oblique ceus celes cez cez

Présent de l’Indicatif

Amer Tenir Deveir

aim tièn dèi

àim - es tièn - s dèi(v) - s

àim - e(t) tièn - t dèi(v) - t

am - òns ten - òns dev - òns

am - èz ten - èz dev - èz

àim - ent tièn - ent dèiv - ent

157

17. Prouvez avec des exemples que le verbe conserve mieux que le

nom son caractère synthétique.

18. Faites voir avec des exemples le caractère systématique des changements

linguistiquesce qui est traduit par l’interaction de la phonétique,

de la grammaire, de la syntaxe.

19. Présentez les principales tendances morphologiques se développant

en ancien français.

Les travaux dirigés

L’ANCIEN FRANÇAIS: LA SYNTAXE.

LE VOCABULAIRE.

L’objectif d’étude

Etudier les particularités syntaxiques de l’ancien français

Etudier les caractéristiques du vocabulaire de l’ancien français

L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants:

un groupe de mots, un déterminant, un déterminé, une phrase ( = une proposition

complexe), une proposition juxtaposée, coordonnée, subordonnée; une

couche lexicale, le fonds lexical = le vocabulaire, un vocable, la dérivation

(propre, impropre), un suffixe, un préfixe, un affixe, la suffixation, la préfixation,

la conversion, la substantivation, la dérivation régressive, l’emprunt,

le substrat (celtique), le superstrat (germanique), un doublet étumologique

L’apprenant doit savoir

Les traits particuliers et les principales tendances de la syntaxe de

l’ancien français

Les grandes lignes de l’évolution du vocabulaire de l’ancien français

Les procédés de formation des mots nouveaux les plus productifs

en ancien français

L’apprenant doit savoir faire

Analyser les particularités syntaxiques de l’ancien français

Déterminer et analyser les voies d’enrichissement du vocabulaire

Trouver les origines des procédés de formation des mots nouveaux

Etablir les origines (latines, celtiques, germaniques, etc.) des changements

survenus ou se déroulant à cette époque

Expliquer les causes des transformations se produisant dans la syntaxe

et le vocabulaire de l’ancien français

158

Plan.

I. Les traits particuliers de la syntaxe de l’ancien français.

II. Le vocabulaire de l’ancien français.

1. Les particularités du vocabulaire de l’ancien français.

2. La formation de mots nouveaux.

I. Les traits particuliers de la syntaxe de l’ancien français.

Le groupe de mots

Un groupe de mots est composé d’un terme déterminé (Dé), d’un

déterminant (Dt) et, parfois, d’un terme de relation, préposition (prép.).

Le Dé joue le rôle de noeud et dirige son Dt.

Les rapports qui existent entre les termes d’un groupe de mots en

ancien français sont les mêmes qu’en français moderne, c’est-à-dire les

rapports d’appartenance, de possession, de provenance, d’origine, d’agent,

d’instrument, etc.

A la différence des époques précédentes (le latin vulgaire et le galloroman)

ce qui change en ancien français c’est l’ordre des mots et le moyen

de lier les termes du groupe de mots.

A. Dans le groupe de mots il se stabilise l’ordre des mots «français

»: le déterminé – le déterminant, à la différence du latin où le déterminant

précédait le plus souvent le déterminé, par ex. Deo amorem / l’amour

de Dieu.

B. Les (deux) éléments du groupe de mots sont liés le plus souvent

par une préposition (procédé analytique), à la différence du latin où les

rapports synthaxiques étaient exprimés par des formes casuelles (flexions

des noms = procédé synthétique), par ex.: Deo amorem / l’amour de Dieu.

La proposition

La plus importante caractéristique syntaxique de l’ancien français est

l’absence de l’ordre des mots fixe. La déclinaison, initialement à six cas en

latin, est passée à deux (sujet et complément). Donc, quoique fort réduit, le

système casuel existe encore en ancien français. Ceci permet de disposer

les mots dans un ordre plus libre qu’en français moderne, le sujet peut se

situer après le verbe, puisqu’on le reconnaît à sa terminaison casuelle.

La structure de la proposition simple peut être présentée, d’après

ses termes composants, comme constituée d’un sujet, d’un verbe (prédicat)

et d’un complément (complément d’objet direct, indirect ou circonstantiel).

Chez L.Foulet, nous trouvons des combinaisons possibles de cette

structure relevées dans les anciens textes:

159

Les variétés de la disposition des termes principaux dans la proposition

simple.

Quelles que soient ces variétés, en ancien français on atteste une

forte tendance à fixer l’ordre des mots direct (progressif).

La phrase

L’ancien français tend à développer la subordination, à la différence du

gallo-roman qui manifestait une prédilection à une proposition simple ou phrase

de coordination. Le développement des relations de subordination favorise, à

son tour la formation d’un riche système de conjonctions de subordination.

Les relations entre les propositions composant une phrase de subordination

s’expriment en ancien français à l’aide des conjonctions de subordination

qui traduisent les valeurs de lieu, de cause, de temps, etc.

(subordonnées circonstancielles) et à l’aide de pronoms relatifs (subordonnées

relatives ou interrogatives).

Il y a des conjonctions de subordination simple: quant (quand), come

(comme), que, si et composées avec que ou come: por que, por ce que, tant

que, si que, puis que, jusque, ainz que, com que, etc. Le premier élément de

la conjonction composée est une préposition ou un adverbe; la préposition

se joint ordinairement à l’aide du démonstratif ce (por ce que, etc.), l’adverbe

se joint directement (ainz que). Les relatifs employés en ancien français comme

copulatifs des subordonnées sont: qui, quel, li quel, etc.

II. Le vocabulaire de l’ancien français.

1. Les particularités du vocabulaire de l’ancien français.

Le latin vulgaire et son successeur – le gallo-roman ont connu un

certain appauvrissement du lexique par rapport au latin classique. L’ancien

français par contre s’enrichit progressivement.

Le fonds lexical de l’ancien français est constitué de trois couches

essentielles:

– le fonds latin (fonds lexical primitif);

– le substrat celtique;

– le superstrat germanique.

Il est tout à fait évident que la couche latine représente l’essentiel du

vocabulaire de l’ancien français, les mots d’origine latine désignant les

objets, les actes et les notions indispensables à la vie quotidienne: femme,

ome, pere, mere, citet, mansion, soleil, vent, fier, bel, etc.

1) sujet – verbe – complément 4) verbe – sujet – complément

2) sujet – complément – verbe 5) verbe – complément – sujet

3) complément – s ujet – verbe 6) complément – verbe – sujet

160

Les vocables celtiques et germaniques sont de beaucoup moins nombreux,

se rapportant à des domaines restreints et spécialisés. Les mots d’origine

celtique s’attachent à l’activité des paysans, à la campagne: charrue,

soc, etc. Les Francs, peuple à l’esprit guerrier, ont fourni surtout le lexique

militaire (guarder, hache, fleche, orgoil, honte, hardi, etc.).

Les particularités du vocabulaire de l’ancien français:

A. A la différence du latin populaire et du gallo-roman qui ont éliminé

la plus grande partie du vocabulaire abstrait, le développement de la

scolastique et surtout l’épanouissement de la littérature courtoise en ancien

français appellent la création d’un nouveau vocabulaire abstrait.

B. Le vocabulaire de l’ancien français se caractérise par une synonymie

exceptionnelle.