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Vulgaire n’en avaient pas besoin vu le déclin des arts et des sciences à l’époque.

B. La diminution de la richesse synonymique. En latin classique il

s’est créé de longues séries de synonymes, par ex., pulcher, formosus,

bellus. Le latin vulgaire rétrécit ces séries, la plupart des synonymes

étant tombés en désuétude.

Dans les séries synonymiques le latin vulgaire choisit le plus souvent

le mot du style parlé, par ex., dans la série ignoscere / perdonare le

premier synonyme qui appartient au style littéraire est remplacé par perdonare

qui est du style parlé. Très souvent le synonyme littéraire est

oublié, par ex., equus a disparu évincé par caballus > cheval fr.

C. S’il s’agit de la formation des mots nouveaux dans l’opposition

«modèle régulier / modèle irrégulier» le latin privilégie le premier.

D. Les nouveaux Romains emploient volontiers les mots avec des

suffixes péjoratifs et diminutifs afin de rendre leur langage plus imagé.

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II. La formation des mots nouveaux.

Quant à la formation des mots nouveaux, elle se fait par:

– la dérivation propre et impropre;

– l’évolution du sens des vocables (les mots latins peuvent changer

leur sens);

– l’emprunt.

La dérivation propre et impropre

Pour former les mots nouveaux le latin vulgaire tend à éviter les

modèles irréguliers et rares, il privilégie les modèles réguliers: iubere

cède place à commandare, ferre à portare.

Certains suffixes des substantifs sont devenus plus usités en latin

vulgaire et s’emploient au détriment des autres suffixes:

-arius: marinarius;

-arium: granarium;

-antia, -entia: *credentia, *sperantia;

-mentum: *gubernamentum, regimentum;

-or: sapor, dulcor, dolor, pavor, valor, etc.

Dans la formation des verbes les suffixes les plus utilisés sont -are

(-iare), -icare, -itare: mensurare, etc. Les verbes irréguliers sont refaits

d’après les modèles réguliers, le plus souvent avec le suffixe -are: canere

(cano, cecini) > cantare, etc.

Les formes verbales parasynthétiques ne sont rares: accelerare,

prolongare,*cominitiare (commencer fr.).

Pour former les adjectifs on a recours aux suffixes suivants:

-anus: medianus;

-arius: focarius;

-bilis: capabilis;

-alis: pastoralis, etc.

Il a apparu un nouveau suffixe -iscus.

Les anciens suffixes des adverbes -e, -ter ne sont plus employés

(sauf bene, male, longe). Les nouveaux adverbes se forment:

– à l’aide des prépositions: de retro, ab ante, etc.;

– par composition: adjectif + mente ( < mentis): bona mente. Ce

modèle est devenu très fréquent dans la langue française.

Les préfixes les plus productifs pour former les mots nouveaux sont

les suivants: ad-, con-, de-, dis-, ex-, in-, re- etc.

Les nuances diminutives, péjoratives des anciens vocables s’étant effacées

(trait du langage parlé, cf. дева / девица и т.д.), la formation des

mots nouveaux se fait essentiellement à l’aide des suffixes au sens diminitif

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ou péjoratif. Cela permet d’étoffer les mots en généralisant les diminutifs:

sol « cолнце» > *soliculus «солнышко» > soleil fr. Le plus souvent nuances

diminutives sont rendues par les suffixes suivants:

-ellus (-cellus): avicellus > oisel anc.fr.;

-ulus : genuculum > genoil anc.fr.

La conversion (= dérivation impropre) du participe passé au substantif

n’est pas rare en latin vulgaire: debita «долг»,*veduta «зрение», etc.

L’évolution du sens des vocables

Les mots latins changent leur sens:

– grâce à l’emploi métaphorique du mot: teste lat. горшок > tête fr.;

– le mot élargit son sens (infans «младенец» > enfant fr.) ou rétrécit

son sens (necare «tuer» LCl > noyer fr.);

– les expressions figées se racourcissent, ce qui est propre à la langue

parlée: tempus hibernum «зимнее время» lat. > hiver fr., etc.

L’emprunt

La propagation du christianisme a favorisé la pénétration des mots grecs

ayant trait à la religion et au culte: agonizare «lutter», parabolare «parler»,

sabanum «toile», hebdomada «semaine», episcopus, basilica, etc.

Mais c’est surtout au celtique que le latin vulgaire en Gaule puise

de nouveaux vocables.

III. Les éléments du substrat celtique dans le vocabulaire

du latin vulgaire.

A l’époque du latin vulgaire les emprunts celtiques sont les plus

nombreux; les emprunts aux langues germaniques sont moins nombreux

à cette époque. Pour le français les vestiges du celtique sont considérés

comme éléments de substrat.

Il faut préciser que certains linguistes estiment que les parlers celtiques

ont participé à la genèse même de la langue française, c’est pourquoi

ils ne considèrent pas ces mots celtiques comme des emprunts, mais

comme des mots héréditaires.

C’est surtout dans le domaine de la vie rurale et des produits artisanaux

que l’on trouve des mots d’origine celtique (= gauloise): cervoise,

crème, tonneau, ruche, etc.

Le gaulois a laissé dans le lexique français beaucoup de termes ruraux

se référant aux travaux des champs: sillon, glaner, soc, charrue,

etc.; ou à la configuration du terrain: caillou, grève, etc.; des noms d’animaux

et de plantes: alouette, mouton, bièvre «castor», blaireau, etc., et

quelques noms de mesures anciennes: arpent, boisseau, lieue, etc.

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Les Gaulois ont donné au latin une partie de leur vocabulaire dans

le domaine des véhicules à roues, parce que les Gaulois étaient des charrons

hors pair: char, carriole, carrosse, charrue, etc.

Certains mots gaulois n’avaient pas d’équivalents dans le latin, car les

Romains ne connaissaient les objets qu’ils désignaient: sapo «savon» (les

Romains utilisaient l’huile), cervesia «bière» (les Romains buvaient le vin),

bracae «pantalon» (les Romains portaient des togues ou des tuniques), etc.

Les suffixes d’origine celtique.

-ialo «clairière» > le suffixe -euil, -eil: Argenteuil, Créteil, etc.

-acos ( > acus) > le suffixe des noms géographiques -ay, -as, -at, -

a, -acq, -é, -y: Blanzay, Calviac, Aubiat, Mointagna, Donzacq, Aubigné,

Charly (environ 40% des toponymes français se sont formés à l’aide

de ces suffixes), etc.

Les toponymes celtiques sont nombreux en France et au Nord de

l’Italie: Rotomagus > Rouen, Catomagus > Caen (du celtique magos =

campus), Virodunum > Verdun, Lugudunum > Lyon (dunum = oppidum

«yкрепление, город»), Mediolanum > Milano. Les noms de plusieurs

villes françaises proviennent des noms des tribus celtiques: Andecavi >

Angers, Ambiani > Amiens, Pictavi > Poitiers, Tricasses > Troyes, etc.

Le système vigécimal (calcul par vingtaines avec les multiples de

dix et de vingt), inconnu du latin, est d’origine celtique.

Questions ( * - questions demandant des réflexions)

I. De combien de couches le fonds lexical du latin vulgaire se compose-

t-il?

Quels sont les groupes de mots que le latin vulgaire a hérité du latin

classique?

Quelles sont les particularités du vocabulaire du latin vulgaire?

Par quoi s’expliquent les traits caractéristiques du latin vulgaire?

II. Quels sont les procédés de formations des mots nouveaux que le

latin vulgaire utilise afin d’enrichir son vocabulaire?

Pourquoi ce sont les suffixes péjoratifs et diminutifs que le latin

vulgaire privilégie?

III. Le latin vulgaire, emprunte-t-il beaucoup? Pourquoi?

Pourquoi le latin vulgaire puise-t-il essentiellement au celtique?

A quels domaines les mots celtiques ont-ils trait? Pourquoi?

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Devoirs

1. Définissez: une couche lexicale, le fonds lexical = le vocabulaire, un

synonyme, une série synonymique, un vocable = un mot, un suffixe diminutif,

un suffixe péjoratif, la dérivation propre (la suffixation, la préfixation, la

composition), la dérivation impropre (= conversion), l’emprunt, le substrat

2. Consultez les dictionnaires étymologiques et dites de quelle origine

sont les mots suivants: bouc, chamois, bouleau, chêne, bruyère,

if, raie; galet, glaise, lande, boue.

3. Comment se fait le compte en français moderne: par dix ou par

vingt? Expliquez les origines du caractère double du compte en français.

4. Comment les mutations du vocabulaire du latin vulgaire ont-elles

reflété les événements historiques se déroulant sur le territoire de l’ancienne

Gaule?

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Module III. LA PREHISTOIRE DE LA LANGUE

FRANÇAISE: LE GALLO-ROMAN

(Ve –VIIIe ss. de notre ère)

Les objectifs d’étude

Etudier l’histoire externe de l’évolution du gallo-roman

Apprendre les particularités linguistiques du gallo-roman

L’apprenant doit savoir

Les limites temporelles de l’époque étudiée

Les termes employés dans le Module

Les principaux événements historiques de l’époque étudiée (l’histoire

externe)

Les principales mutations et tendances phonétiques, grammaticales

survenues en gallo-roman (l’histoire interne)

Les changements dans le vocabulaire du gallo-roman (l’histoire interne)

L’apprenant doit savoir faire

Analyser les principales tendances phonétiques, morphologiques,

syntaxiques, lexicales de l’époque

Etablir les relations structurales entre les changements linguistiques

tenant compte que la langue est un système

Préciser les origines (latines, celtiques, germaniques) des changements

survenus ou se déroulant à cette époque

Déterminer les causes des évolutions linguistiques se produisant en

gallo-roman

Mettre en rapport les faits historiques (externes) et les faits linguistiques

(internes)

Les travaux dirigés

Le gallo-roman: L’histoire externe

(Ve –VIIIe ss. de notre ère)

L’objectif d’étude

Etudier les conditions historiques dans lesquelles le gallo-roman évoluait

L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants:

le roman commun, le gallo-roman, la germanisation, le superstrat germanique,

la Renaissance carolingienne, la langue d’oc, la langue d’oïl

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L’apprenant doit savoir

Les limites temporelles de l’époque étudiée

La définition des termes du cours

Les principaux événements historiques de l’époque (l’histoire externe)

Les causes de la chute de l’Empire romain au IVe s. de n.ère

Les origines de la Renaissance carolingienne

Les sources de nos connaissances sur le gallo-roman

L’apprenant doit savoir faire

Analyser les causes de la chute de l’Empire romain

Expliquer les causes de l’assimilation du gallo-roman par les Germains

Présenter et comparer les sources de nos connaissances sur le galloroman

Analyser les origines de la différence entre la langue du Sud et la

langue du Nord de la Gaule

Le plan

I. La chute de l’Empire romain (Ve s. de n.ère). Les invasions

germaniques.

II. La germanisation de la Gaule romanisée.

1. Le gallo-roman.

2. Charlemagne et la Renaissance carolingienne.

III. Les sources de nos connaissances sur le gallo-roman.

IV. Le schéma récapitulatif de la préhistoire du français.

I. La chute de l’Empire romain (Ve s. de n.ère).

Les invasions germaniques.

Avant les invasions germaniques (IIIe – IVe ss.) l’Empire romain, la

Gaule romaine y comprise, vit une période de prospérité et de stabilité.

Mais, dès la fin du IIe s., la vie dans l’Empire commence à se disloquer.

Cette tendance s’accentue à partir du IIIe s. de n. ère avec les incursions

des Germains: Goths, Ostrogoths, Wisigoths, Vandales, Saxons, Burgondes,

Alamans, Francs Rhénans et Francs Saliens, etc. C’est l’an 375 de

n. ère que l’on considère comme marquant le début des grandes invasions

et le commencement de la dislocation de l’Empire romain.

En 476 de n. ère Romulus Augustule, le dernier empereur d’Occident,

est déposé par des barbares germaniques, les Hérules. L’Empire

romain d’Occident est partagé par les Germains et disparaît, laissant la

place à la fondation de plusieurs empires germaniques. Mais les peuples

germaniques ne peuvent constituer d’États durables et morcellent constamment

leurs territoires conquis.

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Finalement les Francs Saliens, menés par Clovis, sortent grands vainqueurs

de ces affrontements en soumettant presque toute l’Europe romanisée

à leur autorité. Clovis étend ses États de la Loire jusqu’au Rhin. En 486

de n. ère il se convertit au christianisme, religion officielle des Gallo-Romains.

Ce faisant, les Francs obtiennent l’appui des Gallo-Romains, ils

acceptent aussi le latin comme langue religieuse. La France ainsi que la

Franconie – une région d’Allemagne – doivent leurs noms aux Francs.

L’invasion barbare des Ve – VIe ss. de n. ère met en déclin la haute

culture latine, les arts et les sciences ne se développent plus et se dégradent.

Les communications avec la métropole (Rome) étant coupées, les

échanges commerciaux périclitent, les routes deviennent peu sûres, le

tout entraînant une économie de subsistance rurale et fermée sur ellemême.

Le nombre d’écoles qui constituaient la source essentielle de la

formation des milieux instruits et, de ce fait, servait du support le plus

important de la culture, décroît.

II. La germanisation de la Gaule romanisée.

1. Le gallo-roman.

Du point de vue linguistique, l’effondrement de l’Empire romain

d’Occident accélère le processus de morcellement du latin populaire,

amorcé dès le II e s. de n. ère.

Sur les territoires de l’ancienne Gaule le latin oral se transforme progressivement,

en fonction de l’influence germanique, en une langue parlée

que l’on appellera le roman commun ou le gallo-roman (dérivé de romain).

Le morcellement des royaumes germaniques et l’absence de centralisation

bureaucratique empêchent les vainqueurs d’imposer leur lidiome germanique

Gallo-Romains. D’abord, le nombre insignifiant de Francs (environ

5%) par rapport à la population gallo-romane leur interdit d’imposer le francique,

langue maternelle des Francs Saliens, à tout le pays, cela veut dire

germaniser la Gaule romaine. Puis, la vieille civilisation latine était supérieure

à la civilisation dominante germanique. Il se produit alors un fait linguistique

assez rare: contrairement à ce qui s’est passé lors de la colonisation

latine, c’est la langue dominée, le latin transformé en roman commun, qui

demeure la langue maternelle dans les royaumes des Germains. Cette fois ce

sont les barbares germaniques qui assimilent le latin des peuples romanisés

au détriment de leurs idiomes germaniques maternels. Mais les parlers des

vainqueurs laissent leurs traces dans les langues romanes, surtout dans le

phonétisme et le vocabulaire (superstrat germanique).

Le latin reste la langue officielle des nouveaux états barbares qui se

forment partout en Europe, ainsi que celle de l’église, de la science, de la

loi et de l’enseignement. Notons que c’est par l’inspiration chrétienne

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que la littérature latine continuera à vivre (saint Jérôme, saint Augustin)

et que le latin restera jusqu’à la Renaissance la langue des intellectuels de

l’Occident. Mais ce latin classique diffère nettement de la langue parlée

qui est le gallo-roman.

Alors que la langue simplifiée des Gallo-Romains est accessible au

peuple, il devient impossible de faire comprendre un texte de vrai latin à

celui qui ne l’a pas étudié. La langue de l’église est le latin que les peuples

romanisés (et puis germanisés dans une certaine mesure) ne comprennent

plus. C’est pourquoi la décision du Concile de Tours prise en