- •2. Les sciences linguistiques historiques.
- •2. La langue et la parole.
- •2. La synchronie et la diachronie.
- •Il existe deux approches pour effectuer l’analyse diachronique:
- •II. Les particularités morphologique de la langue française.
- •Ignorée des Celtes. La défaite des Gaulois s’explique en plus par une absence
- •III. La crise de l’Empire romain (iIe –Ve ss. De n. Ère).
- •IV. Les sources de nos connaissances sur latin vulagire.
- •1903) A rassemblé dans le Corpus inscriptionum latinarum en 16 volumes
- •Isula lv, etc.
- •Vulgaire tend à refaire ce système et le rendre plus simple, homogène,
- •II. Les particularités de la syntaxe du latin vulgaire.
- •Venit amicus ? lv. Le nombre de tours et de mots interrogatifs diminue.
- •Vulgaire n’en avaient pas besoin vu le déclin des arts et des sciences à l’époque.
- •Il a apparu un nouveau suffixe -iscus.
- •813 Prescrit aux prêtres de traduire «leurs homélies latines» et de prêcher
- •III. Les sources de nos connaissances sur le gallo-roman.
- •2. L’adjectif.
- •3. Les pronoms.
- •4. Le verbe.
- •5. L’adverbe.
- •Infinitivo» et «Nominativus cum infinitivo» sont oubliées, tombées en
- •Indépendant.
- •2. Les invasions des Normands et leurs conséquences linguisques.
- •XVe s., une présence constante de la culture française et de la langue qui
- •3. Les Croisades.
- •XiIe ss.) l’idéal change, la chanson de geste s’adoucit. C’est le temps des
- •Vivant comme des humains. Marie de France compose en anglo-normand
- •4. L’influence des changements phonétiques sur l’évolution des
- •2. La formation de (des) l’mots nouveaux.
- •Interne)
- •2. La guerre de Cent Ans (1337 – 1453).
- •1Er groupe est devenu homogène, parce que constitué d’un seul type
- •2. Les changements syntagmatiques des consonnes.
- •III. Le changement du type de l’accentuation. La liaison.
- •Il s’est avéré qu’une valeur grammaticale (par ex., celle du sujet)
- •Vu l’amuïssement du -t final à partir du xiIe s., les formes de la 1ière
- •Isbn 978-985-515-328-4
Infinitivo» et «Nominativus cum infinitivo» sont oubliées, tombées en
désuétude et remplacées en gallo-roman par des subordonnées: credo
terra(m) esse rotunda(m) credo, que terra est rotunda. Dans les propositions
négatives seule la particule non s’emploie. Très souvent elle est
renforcée par les mots tels que mica, passus et punctu(m) qui perdent
peu à peu leur sens lexical et passent dans la classe des particules.
La phrase (propositions juxtaposées, coordonnées, subordonnées)
La phrase à coordination s’emploie de préférence au détriment de la
phrase à subordination. Le nombre de conjonctions est réstreint: par ex.,
la conjonction de coordination aut (ou) a évincé (вытеснил) trois conjonctions
synonymiques vel, sive, seu. En gallo-roman les conjonctions
et et que restent les plus usitées.
Questions ( * - questions demandant des réflexions)
I. Quelle est la principale tendance qui se développe en gallo-roman?
1. Comment se manifeste la dégradation du système casuel en galloroman?
Combien de cas le système de déclinaison a-t-il perdus?
Combien de types de déclinaison le système casuel a-t-il perdus?
* Pourquoi la 1ière et la 3e déclinaison sont-elles en voie de disparitions?
99
Pourquoi la 2ième déclinaison est-elle appelée «croisée»?
* Quel moyen analytique a remplacé la diminution et la perte des
formes flectives ?
2. Quels sont deux groupes d’adjectifs en gallo-roman?
* Y a-t-il des invariables en français moderne? Sont-ils les mêmes
qu’en gallo-roman?
* Les adjectifs du type vert sont-ils variables en genre en français
moderne? L’étaient-ils en gallo-roman? Pourquoi?
Comment se forment les degrés de comparaison des adjectifs en
gallo-roman?
3. Le système casuel de pronoms en gallo-roman est-il plus compliqué
que celui de noms ou d’adjectifs?
Le démonstratif ille, illa quelles fonctions accomplit-il en galloroman?
Pourquoi en français moderne la première valeur de l’article défini
est-elle démonstrative?
Quels sont les traits particuliers des pronoms en gallo-roman?
Quelles sont les tendances se développant dans la classe de pronoms
en gallo-roman?
4. Quels sont les changements paradigmatiques qui se sont produits
dans le système verbal du gallo-roman?
Quels sont les changements syntagmatiques qui se sont produits
dans le système verbal du gallo-roman?
Quant aux infinitifs et aux formes verbales synthétiques gallo-romans,
sont-ils les mêmes en français moderne?
Comment s’est formé le 2e groupe verbal en français?
5. Quel est le procédé le plus usité de la formation des adverbes en
gallo-roman? Le reste-t-il en français moderne?
II. Est-ce que les changements ont touché tous les niveaux de la
syntaxe?
Le groupe de mots gallo-roman est-il plus proche du latin classique
ou du français moderne? Pourquoi?
Par quoi sont remplacés les anciens tours latin «Accusativus cum
infinitivo» et «Nominativus cum infinitivo»? * Le français moderne les
emploie-t-il?
Quel type de phrase le gallo-roman privilégie-t-il?
Pourquoi la tendance à l’ordre des mots direct dans la proposition
s’accentue-t-elle?
Le système de conjonctions est-il restreint en gallo-roman? Pourquoi?
La négation en gallo-roman à l’aide de quels mots est-elle renforcée?
100
Devoirs
1. Définissez: un changement paradigmatique / syntagmatique, un cas,
une forme casuelle ( = flective), l’analytisme (forme analytique), le synthétisme
(forme synthétique), l’analogie, l’étymologie, une déclinaison, une conjugaison,
un groupe de mots, une proposition simple, une proposition complexe
(= une phrase), une proposition juxaposée, coordonnée, subordonnée.
2. Nommez les mutations morphologiques qui sont caractéristiques
seulement au gallo-roman et celles qui représentent l’évolution des transformations
débutées en latin vulgaire; celles qui se sont achevées en gallo-
roman et celles qui vont encore évoluer.
3. Précisez les origines (latines, celtiques, germaniques) des changements
survenus ou se déroulant à cette époque.
4. Précisez les causes qui ont contribué à la déchéance du système
de déclinaison latin (voir LV).
5. Décrivez le processus de la refaite par analogie (suivez les flèches)
(voir I. 1.):
La refaite par analogie s’étant acheveé, la 1ière et la 3ième déclinaison
sont-elles devenues plus simples, homogènes? (comptez les formes casuelles
avant et après la refaite; comparez ces formes).
6. Pourquoi en fraçais moderne l’adjectif «grand» ne s’accorde-t-il pas
toujours avec le nom auquel il se rapporte? Donnez-en des exemples (voir I. 2.).
7. Précisez les innovations romanes dans le système verbal du gallo-
roman par rapport à celui du latin (voir I. 4.)
8. Expliquez pourquoi en français moderne il y a des cas où le complément
d’objet direct s’accorde avec le participe passé. Précisez les conditions
qui sont nécessaires et obligatoires pour que cet accord ait lieu (voir I. 4.).
9. Décrivez le processus phonétique (la diphtongaison spontanée)
qui a donné lieu à l’alternance des radicaux (voir I. 4.).
Cas Sing. Plur.
Nom. stella stella stellae stellas
Acc. stella(m) stella stellas
Cas Sing. Plur.
Nom. flos flore(s) flores
Acc. flore(m) flores
dèbeo > dois debèmus > devòns
dèbes > dois debètis > devèz
dèbet > doit dèbent > dòivent
101
10. Prouvez avec des exemples que le gallo-roman est une étape
transitoire entre le synthétisme latin et l’analytisme français.
11. Donnez les exemples des mutations (phonétiques, grammaticales,
lexicales) qui confirme le caractère oral du gallo-roman.
12. Quelles sont les mutations grammaticales qui se sont produites
dans ces mots: monofagia > monofagium, aper > aprus, botruus >
butro, lanius > laneo.
13. La tendance analytique comment se manifeste-t-elle dans la classe
de noms, d’adjectifs, de pronoms, de verbes?
Travaux dirigés
Le gallo-roman: Le vocabulaire
L’objectif d’étude
Apprendre les particularités du vocabulaire du gallo-roman
L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants: une
couche lexicale, le fonds lexical = le vocabulaire, un vocable, un mot, la dérivation
propre (la suffixation, la préfixation, la composition), la dérivation impropre
(= conversion: la substantivation, l’adjectivation), l’emprunt, le superstrat
L’apprenant doit savoir
Les particularités du vocabulaire du gallo-roman
Les grandes lignes de son évolution
Les procédés les plus productifs de formation des mots nouveaux
Les éléments du superstrat germanique dans le vocabulaire du gallo-roman
L’apprenant doit savoir faire
Analyser les particularités du vocabulaire du gallo-roman
Trouver les procédés les plus productifs de formation des mots nouveaux
Mettre en relation les faits externes (d’ordre social, politique, économique,
culturel etc.) et les faits internes (linguistiques)
Déterminer les origines (celtiques, germaniques) des mutations lexicales
Expliquer les causes des transformations survenues en gallo-roman
Plan
I. Les traits particuliers du vocabulaire du gallo-roman.
II. La formation des mots nouveaux.
III. Les éléments du superstrat germanique dans le vocabulaire du
gallo-roman.
102
I. Les traits particuliers du vocabulaire du gallo-roman.
Le fonds lexical du gallo-roman se compose de trois couches:
– la couche latine;
– la couche celtique appelée substrat;
– la couche germanique appelée superstrat.
Le vocabulaire est la partie la plus mobile de la langue. Le lexique
du gallo-roman reflète les péripéties de la langue en Gaule romanisée et
puis germanisée ce qui met en évidence le caractère social de la langue.
Les particularités du vocabulaire gallo-roman sont les suivantes:
A. Le gallo-roman reste pauvre en mots au sens abstrait.
L’inventaire de vocables du gallo-roman est limité parce que la langue
de tous les jours parlée souvent par des gens très peu ou mal instruits –
petits fonctionnaires, marchands, soldats – a besoin d’un nombre restreint
de mots. C’est ainsi qu’en gallo-roman on n’emploie plus les mots tels que
eloquentia, disciplina, concordia, etc.
B. Le gallo-roman reste pauvre en synonymes. Le latin classique
était très riche en synonymes qui formaient de longues séries synonymiques.
Le gallo-roman en a éliminé beaucoup ayant laissé les plus simples
et réguliers du point de vue de leur morphologie, tels sont, par ex., les
verbes concrets à conjuguaison régulière portare, plorare, etc. qui évincent
les verbes irréguliers ferre, flere.
II. La formation des mots nouveaux.
Le vocabulaire peut s’enrichir par:
– la dérivation propre et impropre;
– l’évolution du sens des vocables;
– l’emprunt aux langues étrangères.
La dérivation
La dérivation propre
Dans la formation des mots nouveaux par dérivation propre le gallo-
roman a privilégié deux voies:
– l’emploi plus fréquent de certains suffixes et préfixes;
– l’emprunt des éléments formatifs.
A. L’emploi plus fréquent de certains suffixes et préfixes.
Les suffixes diminutifs reçoivent une grande extension:
103
-ula: casa + ula = casula (une petite maisonnette);
-iculus : apis + icula = apicula > abeille
Très souvent ces suffixes perdent leur valeur diminutive et le mot
dérivé évince le vocable originel sans garder son sens diminutif originel:
genu (genou) + uculum = genuculum > genou.
L’emploi très large des termes affectifs paraissant plus imagés aux sujets
parlants est propre de tout temps au langage populaire qu’est le gallo-roman.
Les suffixes du nom les plus productifs sont:
-arius : argentarius > argentier;
-aticum : viaticum > voyage;
-antia : apparentia > apparence.
Les nouveaux adjectifs se forment le plus souvent à l’aide des suffixes
suivants:
-bilis : culpa + bilis = culpabilis > coupable;
-alis : vita + alis = vitalis, mort + alis = mortalem > mortel.
Dans la classe de verbes les suffixes les plus productifs sont -are et
-iare, -icare. A l’aide de ces suffixes il se créé le modèle de la I ière
conjuguaison régulière en gallo-roman.
Les préfixes les plus productifs de l’époque sont ad-, dis-, ex-, in-, re-,
per-: adbattere > abattre; disvertire > dévêtir; rewarder > regarder, etc.
La formation des mots nouveaux à l’aide de suffixes et de préfixes –
la formation parasynthétique – est aussi fréquente en gallo-roman: adrive-
are, ad-ration-are, etc.
La composition en tant que moyen de formation des mots nouveaux
est rare en gallo-roman, excepté les noms des jours de la semaine, ainsi
que les adverbes et les prépositions: Lundi < Lunae + die(m), Mardi <
Marti(s) + die(m), etc.; clara + mente = clairement, ab + ante = avant,
de + mane = demain; de + intus = dans.
B. L’emprunt des éléments formatifs.
Ce qui est nouveau par rapport au latin vulgaire, c’est que le galloroman
utilise des suffixes et des préfixes qui ne sont pas d’origine latine.
A côté des éléments formatifs latins le gallo-roman emploie ceux d’origine
celtique et germanique.
Les suffixes d’origine celtique: ialo > -euil, -eil; acos > -ay, -as, -
at, -a, -acq, -é, -y.
Les suffixes d’origine germanique:
-hard > -ard : vieillard;
-wald > -aud : ribalt (бродяга).
Les préfixes germaniques for- et miss- au sens négatif: forfaire.
104
La dérivation impropre
1. La substantivation.
Les participes passés passent à la classe de noms: pertita ( < perdere)
– la perte.
Les participes présents passent à la classe de noms: credens (< credo)
– la croyance.
Les gérondifs passent à la classe de noms: viande < ( vivenda) – la
nourriture.
2. L’adjectivation.
Les participes présents deviennent des adjectifs:
potens (< potere) – puissant; credens (< credo) – croyant.
L’évolution du sens des vocables
Le changement du sens des mots peut s’opérer par les voies suivantes:
– le changement absolu du sens du mot;
– l’élargissement du sens;
– la restriction du sens.
A. Le changement absolu du sens du mot.
Le mot change son sens primitif:
focus (le feu) – supplante ignis «le foyer»; causa (la cause) – évince
res; serum (l’heure avancée) prend place de vesper «le soir».
B. L’élargissement du sens.
Au début le mot panarium = pane + arium a un sens très restreint
parce qu’il désigne une seule espèce de corbeille – celle qui est destinée
pour le pain. Plus tard ce vocable élargit son sens et s’emploie pour nommer
toute corbeille. De même le verbe arrivare = ad + riva «s’approcher
de la rive» dans la langue parlée signifie «arriver» tout simplement.
C. La restriction (rétrécissement) du sens.
Le mot latin tabula (toute planche polie) s’emploie dans le sens
d’une seule espèce de plache polie – celle qui sert de table.
L’emprunt
Les emprunts à l’époque du gallo-roman ne sont pas nombreux.
Ce sont quelques mots d’origine grecque qui ont trait à la réligion:
propheta, lampada, baptidiare, christianus, monachus, etc.
En revanche le gallo-roman puise beaucoup à la langue des envahisseurs
germaniques, notammant au francique, langue des Francs. Cet
emprunt porte le nom de superstrat. Il est par ailleurs significatif de constater
que le nom même de la langue française est un nom germanique,
105
tout comme le nom de la France, pays des Francs qui veut dire «le pays
des gens libres, ouverts, sincères».
III. Les éléments du superstrat germanique dans le
vocabulaire du gallo-roman.
Les langues germaniques ont déposé dans la langue française environ
1 000 vocables, parmi lesquels on compte plus de 400 mots d’origine
francique, notamment dans le vocabulaire de la guerre, des institutions,
de l’ornementation, des sentiments, de la nourriture, sans oublier les adjectifs
de couleurs et de quantité. Une partie du lexique d’origine franque
concerne la vie rurale, car les Francs étaient davantage agriculteurs et
chasseurs que citadins.
Voici quelques mots issus des langues germaniques qui se sont implantés
dans la langue française et qui concernent:
- l’agriculture: gerbe, blé, jardin, haie, etc.;
- la guerre: effrayer, éperon, galoper, garder, guerre, guetter, heaume,
etc.;
- les institutions et fêtes: baron, danser, fief, gage, rang, etc.;
- les sentiments: émoi, épanouir, honte, orgueil, regretter, etc.;
- les vêtements: broder, écharpe, étoffe, gant, haillon, poche, etc.;
- la nourriture: cruche, gâteau, groseille, souper, etc.;
- le corps: crampe, guérir, hanche, saisir, tomber, etc.;
- les animaux: chouette, esturgeon, mulot, etc.;
- les constructions: halle, loge, salle, etc.;
- les couleurs: blafard, blanc, bleu, brun, gris, etc.;
- les adverbes: trop, guere.
Dans le lexique français d’origine germanique la masse du vocabualire
est relatif à la forêt en général, et en particulier aux arbres et aux
productions qui en dérivent (car les Francs appartenaient aux peuples
germaniques appelés «Germains des bois»): le gui, l’osier, le roseau; le
hêtre, le saule, etc. Les innombrables produits dérivés de la forêt: le
bois, la bille, la bûche, le mât, le scion – sont aussi d’origine germanique.
Le bois servait aussi à fabriquer des sièges – des bancs et des fauteuils,
etc.
Les noms des plats d’origine germanique: hareng saurs, escalopes
aux morilles, gibier mijoté, gigot rôti, gâteau aux framboises, etc.
Les Germains avaient surtout à coeur de marquer leur territoire,
comme on peut le constater par l’abondance du vocabulaire désignant
des limites: la haie, marche, etc. Le mot jardin vient d’une forme germanique,
que l’on retrouve dans l’allemand Garten et l’anglais garden, et
106
qui désignait à l’origine un enclos. La même racine indo-européenne a
abouti au mot slave gorod, avec le sens «ville» qui apparaît dans plusieurs
villes telles Novgorod, Grodno.
La coexistence de deux aristocraties, gallo-romaine et franque, explique
le caractère bilingue de la terminologie guerrière et administrative:
alors que roi, duc et comte viennent du latin, la plupart des autres titres
de la noblesse sont d’origine germanique (francique): marquis, baron,
sénéchal, maréchal, etc.
On trouve bon nombre de noms germaniques anciens dans les prénoms
actuels: Armand < Hariman, Charles < Karl, Henri < Haimrik,
Louis < Hlodvig, Rolland < Hropland, France < Francia et anciens:
Hluparbig > Cloëvis.
Soulignons que l’influence germanique s’exerça sur les noms de
lieux (Criquebeuf, Elbeuf, Caudebec, Honfleur, Trouville, etc.).
Les suffuxes dans certains noms propres sont aussi d’origine germanique:
-bert «brillant»: Robert, etc.
-baud «audacieux»: Thibaud, etc.
-ard «fort, puissant»: Bernard < Berinhard «ours»+ «puissant»,
Renart < Reginhard.
L’adjectif germanique signifiant «puissant, dur» (cf. ang. hard) a
donné naissance au suffixe français très productif -ard: chauffard, fêtard,
gueulard, traînard, etc. Les suffixes -aud < -ald < -wald: ribalt;
-eng < ing: tisserenc, païsenc sont d’origine germanique, ainsi que le
préfixe for- : fortaire, forjugier, forconter.
Toutes ces données illustrent que la germanisation de la «langue
romane rustique» a été très considérable au point où les langues d’oïl
(future langue française) prendront des aspects très différents des autres
langues issues du latin, notamment au sud de la France où les langues
d’oc (future langue provençale) sont restées plus proches du latin.
Questions ( * - questions demandant des réflexions)
I. De combien de couches le fonds lexical du gallo-roman se compose-
t-il?
Quelles est la nouvelle couche lexicale qui s’est jointe aux deux
couches déjà présentes en latin vulgaire?
Quels sont les groupes de mots que le gallo-roman a hérité du latin
classique?
Quelles sont les particularités du vocabulaire du gallo-roman?
Par quoi s’expliquent les traits spécifiques du gallo-roman?
107
II. Quels sont les procédés de formations des mots nouveaux que le
gallo-roman utilise afin d’enrichir son vocabulaire?
Pourquoi ce sont les suffixes péjoratifs et diminutifs que le galloroman
privilégie?
III. Le gallo-roman, emprunte-t-il beaucoup? Pourquoi?
Pourquoi le gallo-roman puise-t-il essentiellement au germanique?
A quels domaines les mots germaniques ont-ils trait? Pourquoi?
* Les parlers germaniques ont-ils profondément influencé le galloroman?
Pourquoi?
La germanisation a-t-elle accentué l’opposition linguistique du Sud
et du Nord de la Gaule?
Devoirs
1. Définissez: une couche lexicale, le fonds lexical = le vocabulaire,
un vocable, un mot, la dérivation propre (la suffixation, la préfixation, la
composition), la dérivation impropre (= conversion: la substantivation,
l’adjectivation), l’emprunt, le superstrat.
2. Précisez pourquoi dans la série synonymique pulcher, formosus,
bellus le gallo-roman choisit le dernier?
3. Comment se sont formés ces mots: iuvencus > iuvenclus, neptis
> nepticla?
4. De quelle origine sont les mots suivants: Bernard, Gérard, Hubert,
Albert; vantard, veinard, maquisard, montagnard ? Quel élément
aide à déterminer l’origine des ces mots ?
5. De quel mouvement de sens s’agit-il dans les exemples suivants:
collocare (placer) > coucher, fortuna (bonne ou mauvaise fortune) >
bonne fortune, pomum (fruit) > une espèce de fruit, tempestas (n’importe
quel temps, bon et mauvais) > mauvais temps.
6. Expliquez les mutations phonétiques que les noms germaniques
ont subies pour devenir des noms français: Karl > Charles, Haimrik >
Henri, Hlodvig > Louis, Hropland > Rolland, Francia > France.
7. Le vocabulaire est la partie la plus mobile de la langue reflétant
les événements historiques. Quels sont les événements historiques qui ont
laissé leurs traces dans le vocabulaire du gallo-roman?
108
Module IV. L’ANCIEN FRANÇAIS (IXe – XIIIe ss.)
Les objectifs d’étude
Etudier l’histoire externe de l’évolution de l’ancien français
Apprendre les caractéristiques linguistiques de l’ancien français
L’apprenant doit savoir
Les limites temporelles de l’époque étudiée
Les termes lingistiques employés dans le Module
Les conditions historiques dans lesquelles évoluait la langue française
(l’histoire externe)
Les principaux genres et oeuvres littéraires des IXe – XIIIe ss.
Les principaux dialectes de langue d’oïl, leurs caractéristiques phonétiques
et grammaticales (l’histoire interne)
Les principales mutations phonétiques, grammaticales et lexicales
de l’ancien français (l’histoire interne)
L’évolution du vocabulaire de l’ancien français (l’histoire interne)
L’apprenant doit savoir faire
Analyser les principales tendances phonétiques, morphologiques,
syntaxiques, lexicales de l’époque
Etablir les relations structurales entre les changements linguistiques
tenant compte que la langue est un système
Etablir les origines (latines, celtiques, germaniques) des changements
survenus ou se déroulant à cette époque
Déterminer les causes des processus phonétiques, morphologiques,
synthaxiques et lexicales de la période étudiée
Mettre en rapport les faits historiques (externes) et les faits linguistiques
(internes)
Les travaux dirigés
L’ancien français: L’histoire externe (IXe – XIIIe ss.)
L’objectif d’étude
Etuduier les conditions historiques dans lesquelles évoluait l’ancien
français
Donnez la définition des termes suivants: un clerc, un dialecte, la
langue d’oïl, la langue d’oc, la scripta; les genres littéraires: une chanson
109
de geste, un jeu, un miracle, un mistère, un lai, un roman courtois, un
roman breton, les chroniques, une fable, un fabliau, un dit satirique, une
farce, une sottie, un drame, une comédie
L’apprenant doit savoir
Les limites temporelles de l’époque étudiée
La définition des termes du cours
Les principaux événements historiques de l’époque étudiée (l’histoire
externe)
Les principaux genres et oeuvres littéraires des IXe – XIIIe ss.
Les principaux dialectes de langue d’oïl, leurs caractéristiques phonétiques
et grammaticales
L’apprenant doit savoir faire
Analyser l’influence des faits d’ordre social, politique, économique
sur l’évolution de la langue
Expliquer le déclin des anciens genres littéraires (telle chanson de
geste) et l’essor de nouveaux genres littéraires (tels fabliau, roman, etc.)
tenant compte de l’évolution de la société médiévale (le déclin de la chevalerie
/ l’avènement de la bourgeoisie; le château moyenâgeux / la ville
libre), etc.
Comparer les caractéristiques de différents dialectes de la langue d’oïl
Présenter les théories de la formation du français littéraire
Le plan
I. Le féodalisme: les conditions économiques, politiques et les
rapports sociaux en France aux IXe – XIIIe ss.
1. L’émiettement économique, politique et linguistique de la France
aux IXe – XIIe ss.
2. Les invasions des Normands et leurs conséquences linguisques.
3. Les Croisades.
4. L’essor des villes et de la bourgeoisie aux XII – XIIIe ss.
II. Le contexte culturel.
1. Les sciences et les arts.
2. La littérature aux IXe – XIIIe ss.
III. La situation linguistique.
1. Le morcellement dialectal.
2. Le problème de la base dialectale de la formation du français
littéraire.
3. Le français et le latin: l’expansion du français.
110
I. Le féodalisme: les conditions économiques, politiques et les
rapports sociaux en France aux IXe –XIIIe ss.
1. L’émiettement économique, politique et linguistique
de la France aux IXe – XIIIe ss.
A la mort de Charlemagne son Empire est partagé entre ses petitsfils.
C’est là la cause d’une guerre. Deux des petits-fils, Charles le Chauve
et Louis le Germanique s’allient pour combattre leur frère Lothaire.
En 842 ils se réunissent à Strasbourg et prononcent devant leurs armées
le Serment de fidélité à l’alliance scellée. Ce texte nommé Serments de
Strasbourg rédigé par le scribe Nithard en latin avec les paroles prononcées
par Louis le Germanique en roman et par Charles le Chauve, en
germanique (le tudesque), est le premier texte officiel en français. Ce
document a une double importance, car ces Serments témoignent de la
naissance d’une communauté linguistique française parce que tous les
documents écrits antérieurement étaient rédigés en latin. Les Serments
sont aussi fondateurs de la nation française, car jusqu’alors le territoire
de la future France ne présentait aucune unité nationale, soit qu’il soit
morcelé en petits royaumes gaulois, soit qu’il fasse partie d’un empire,
romain, franc ou germanique.
Un autre document qui date de 843, Traité de Verdun, confirme la
naissance de la nation française. D’après ce Traité l’Empire de Charlemagne
est divisé en trois parties: la France orientale ou germaine à l’est
(la futur Allemagne), la France occidentale à l’ouest (la future France) et
un long corridor entre elles, la Lotharingie (du nom de Lothaire). Dès le
début du Xe s. le nom ancien la Gaule est remplacé par le nom la France
de l’ouest (Francia occidentalis). Elle commence à exister comme Etat