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Le Français des relations internationales

8ème document :

Comment la journaliste présente-t-elle les circonstances qui ont provoqué des affrontements entre jeunes et forces de l'ordre ?

Quelles dégradations matérielles peut-on constater à l'image et dans le commentaire de la journaliste ?

Contre qui les policiers ont-ils dû intervenir ?

Combien de personnes ont été interpelées ?

Comment le ministère de l'Intérieur explique-t-il ces troubles à l'ordre public ?

Qu'explique la personne qui témoigne anonymement ?

Au lendemain matin de ces affrontements, que peuvent constater les commerçants de la Gare du Nord ?

Quelles difficultés rencontrent les contrôleurs des transports publics dans leur travail ?

Dans quelles situations les contrôleurs préfèrent-ils renoncer à faire correctement leur travail ?

Pourquoi l'agent de sécurité et le contrôleur témoignent-ils anonymement devant la caméra ?

Le contrôleur pense-t-il être soutenu dans son travail par les pouvoirs publics ?

Combien de personnes ont été blessées lors de ces affrontements ?

9ème document :

Comment, dans ce second reportage, la journaliste présente-t-elle les raisons de ces affrontements ? En quoi sa présentation diffère-t-elle du reportage précédent ?

Combien de jeunes ont affrontés les forces de l'ordre ?

Comment les policiers font-ils évacuer les stations de métro et de RER ainsi que la gare SNCF ?

D'après l'officier de police interviewé, pourquoi les policiers ont-ils des difficultés à intervenir dans la gare ?

Sur les images, quelle est l'attitude des jeunes vandales ? Et celle des policiers ?

Quel bref résumé des événements donne la journaliste ?

Pourquoi les pompiers interviennent-ils ?

Dans la nuit, la situation est-elle revenue au calme ?

10ème document :

Quelle loi est contestée par les professionnels de l'éducation ?

D'après la première personne interviewée, face à la violence des jeunes gens, quelle attitude est inutile, voire dangereuse, et quelle attitude serait préférable ?

Selon la seconde personne, quels effets ont sur l'opinion publique les décisions de justice ?

Plutôt que de répression, de quoi ont besoin les mineurs délinquants ?

Qu'est-ce qui indigne la troisième personne interviewée ? Que propose-t-il ?

Selon le quatrième interviewé, que font les délinquants à leur sortie de prison ?

Plutôt que des prisons, quels établissements voudrait-il mettre à la disposition des mineurs délinquants ?

Pour quelles raisons le cinquième intervenant veut-il mettre en place des centres éducatifs ouverts pour les délinquants ?

De quelle aide a besoin le mineur délinquant aux dires du sixième intervenant ?

11ème document :

Pourquoi la médiatisation des procès est-elle contraire à une justice équitable ?

Quelles mauvaises conséquences peut avoir la médiatisation de la justice ?

Selon la seconde personne interviewée, comment la presse professionnelle rend-elle compte des affaires de justice ?

Pourquoi et comment l'opinion publique peut-elle influencer l'issue d'un procès ?

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Le Français des relations internationales

Synthèse thématique :

1.Faites une présentation du système judiciaire français en expliquant les différentes institutions et les différents personnels de justice.

2.Construisez, à partir d'un fait réel ou fictif, une procédure de justice au pénal ou au civil, à l'administratif ou au politique.

3.En groupe, en définissant chacun votre rôle (magistrats, partie plaignante et accusation), jouez un procès. Imaginez ensuite que le procès est médiatisé et faites chacun votre compte-rendu des audiences ou du verdict devant un journaliste qui fera à son tour (avec l'aide de tout le groupe) une synthèse des opinions.

4.Présentez une synthèse du système de la justice des mineurs en France, dans ses aspects judiciaires et sociaux. Avancez ensuite une explication des événements vus dans les extraits de journaux télévisés.

5.Rendez compte, étant donnée la conception française de la séparation des pouvoirs, du rôle des médias dans les affaires de justice, qu'il s'agisse d'affaires spectaculaires, insolites ou politiques.

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Le Français des relations internationales

la Fédération de Russie

Document 1 :

Des milliers d'« ONG »

financées par les USA à l'assaut de la Russie

Sara Flounders, animatrice de l'International Action Center aux USA, analyse le rôle et les dessous des ONG internationales (elles seraient près de 450.000 !) pour faire évoluer la Russie « comme il faut »...

Une polémique est en cours en Russie au sujet d’un texte de loi réglementant les organisations non-gouvernementales (ONG) et devant entrer en vigueur courant avril.

Ce nouveau projet de loi a été voté par les deux chambres du parlement russe, la Douma, et signé par le président Poutine le 10 janvier. La campagne de résistance à cette loi ouvre les yeux sur les agissements de l’Occident, et particulièrement des Etats-Unis dans la vie politique russe aujourd’hui. Au titre de la nouvelle loi, les organisations étrangères ainsi que les groupes bénéficiant d’un financement en provenance de l’étranger doivent être enregistrés auprès de l’Etat. Les responsables russes affirment qu’une telle législation s’avère nécessaire pour faire face aux centaines de millions de dollars que des états étrangers versent à des organisations du pays.

Une première version du texte a déjà été assouplie suite à une campagne d’une rare intensité menée par les ONG elles-mêmes ainsi que le gouvernement américain. La secrétaire d’état Condoleeza Rice fit pression sur Poutine, exprimant sa préoccupation pour la ‘démocratie’. La loi figurait même à l’ordre du jour lors du dernier sommet du G8.

La loi impose des restrictions au financement, à l’enregistrement et aux activités des ONG. Ces dernières se référaient auparavant à toute organisation à but non lucratif bénévole, civile, environnementale, humanitaire, dans les domaines entre autres des droits de l’homme, de la santé et de différents ‘services à la collectivité’. A présent un nombre important d’organisations qui se disent non-gouvernementales, mais dépendent de fonds provenant des Etats-Unis, des principaux pays impérialistes et des grands groupes capitalistes, opèrent en Russie ainsi que dans de nombreux autres pays du monde. Ils apportent une aide financière et logistique, déterminent la ligne à suivre et interviennent dans la vie politique selon l’orientation politique et les intérêts économiques des bailleurs de fonds.

Le nombre même des organisations dénommées ONG ainsi que de celles bénéficiant d’un financement de l’étranger est stupéfiant. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, des centaines de milliers d’ONG sont apparues en Russie. Des députés à la Douma affirment que plus de 450.000 ONG sont actives en Russie à l’heure actuelle. Le Yale Center for the Study of Globalization va encore plus loin, puisque d’après lui « il y a plus de 600.000 organisations non gouvernementales, non commerciales en activité en Russie. Il y en a probablement autant qui fonctionnent dans le pays sans enregistrement officiel. »

Le député à la Douma Alexeï Ostrovski, co-auteur de la nouvelle loi, estime que plus d’un quart des ONG russes reçoivent de l’argent étranger. Elles comprennent des groupes environnementaux, des organismes de contrôle des droits de l’homme et des associations de consommateurs.

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Le Français des relations internationales

Apportant son soutien au texte de loi, le président Poutine ajoutait : « Que ces organisations le veulent ou pas, elles sont devenues un instrument aux mains d’états étrangers qui les utilisent pour atteindre leurs propres objectifs politiques. Cette situation ne peut plus durer. La loi est censée empêcher toute immixtion de pays étrangers dans la vie politique intérieure russe et permettre la transparence quant au financement des organisations non-gouvernementales. »

La Croix suit le Fusil

Quand les nations capitalistes européennes colonisèrent pour la première fois le monde, la croix suivit bientôt le fusil. Des milliers de missionnaires firent partie intégrante du mécanisme de conquête et d’assujettissement.

L’implantation d’une administration coloniale exigeait que l’on réorganisât la société et la structure de la propriété de façon à privilégier les colonisateurs. D’où l’utilité de l’enseignement, de la formation et de l’orientation politique dispensées aux membres de l’élite locale appelés à collaborer. La conversion à la nouvelle religion qu’ils apportaient aida à pacifier toute une section de la population, et ouvrit la voie à certains pour qu’ils deviennent les serviteurs loyaux et fervents du nouveau pouvoir.

En Russie aujourd’hui, ce ne sont pas que des organisations religieuses qui inondent la région. Le premier rôle pour la propagation des valeurs capitalistes revient aux ONG spécialistes des ‘droits de l’homme’.

En réaction contre les nouvelles restrictions, l’intensité des pressions politiques et des protestations de Washington a redoublé. Mais il s’agit purement et simplement d’une supercherie, étant donné que des réglementations autrement plus restrictives et abusives régissent les organisations aux Etats-Unis mêmes.

Tout individu et toute organisation qui y reçoit de l’argent d’un pays étranger doit se faire enregistrer auprès de l’Etat américain au titre du ‘Foreign Agents Registration Act’. Les dons charitables doivent également être répertoriés pour que le public puisse en prendre connaissance. Imaginez que la Russie, l’Iran, la Corée du Nord, la Chine ou Cuba déverse des millions de dollars sur des organisations politiques américaines. Même des alliés des Etats-Unis tels que la France , la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou le Japon n’ont pas le droit de financer des organisations politiques à l’intérieur des Etats-Unis.

Dans le numéro du 25 janvier de la revue Russia Profile, Alexeï Pankin décrivait comme suit ses relations avec deux ONG : « Je gérais un programme de trois ans, financé par USAID, de soutien aux médias russes, doté d’un budget global de $ 10,5 millions, ainsi qu’un programme de la Fondation Soros, également consacré au soutien des médias, au budget annuel de $1,8 million. Le nombre de cadres, directeurs, d’inspecteurs et conseillers auxquels j’ai eu affaire (ou qui ont eu affaire à moi) défie l'entendement. Je suis persuadé qu’il y avait des officiers du renseignement parmi eux. »

Le 23 janvier dernier le Service Fédéral de Sécurité de Russie (FSB), successeur du KGB, a accusé quatre diplomates britanniques d’espionnage. Il affirmait avoir surpris l’un d’entre eux en train de transmettre des fonds à plusieurs organisations nongouvernementales russes. Londres a nié toute indélicatesse de sa part, affirmant que son soutien aux ONG russes s’effectuait au vu et au su de tout un chacun.

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Le Français des relations internationales

Une part importante du financement étranger provient directement de sources américaines, telles que le quasi-officiel National Endowment for Democracy (NED) et la US Agency for International Development (USAID) ainsi que du programme TACIS de l’Union Européenne. Des millions de dollars proviennent de fondations représentant les intérêts des milieux les plus fortunés, telles que celles de Ford, MacArthur, Carnegie, Rockefeller et Soros. [...] Un aperçu des menées actuelles des Etats-Unis, ainsi que de leur bilan des interventions passées, peut être obtenu sur les sites web des fondations ayant apporté leur soutien à ces changements de régime. [...]

par Sara Flounders, © Mondialisation.ca, le 1 mai 2006

Document 2 :

Élection présidentielle du 14 mars 2004 le Président Poutine à mi-parcours

Personne ne met en doute le bilan du premier mandat du président en exercice, et il ne faut pas être grand clerc pour penser qu'il y aura un second mandat. La question qui était sur toutes les lèvres - « Qui êtes-vous, Monsieur Poutine ? » - ne se pose plus depuis longtemps. Les principales options de la politique présidentielle sont évidentes, même pour ceux qui ne sont guère férus de politique. Le cas est rare pour une Russie cultivant depuis des siècles les

traditions byzantines de l'intrigue politique. [...]

Les quatre années de pouvoir de Vladimir Poutine n'ont évidemment pas permis à la Russie de résoudre tous ses problèmes. Mais ce qui est sûr, c'est qu'elle a bougé du point mort. Si, auparavant, les commentateurs compatissants cherchaient à apaiser les esprits en disant qu'un pays au potentiel aussi énorme ne pouvait pas ne pas avoir d'avenir, c'est maintenant au présent qu'ils parlent.

Parvenu à mi-parcours, Vladimir Poutine a déjà de nombreuses réalisations à son actif, il a fait le maximum ou presque de ce qu'un président pouvait faire en quatre ans. Le pouvoir a fini par définir une stratégie de développement, a considérablement renforcé la Constitution, l'armée et l'ordre public, il a réussi à surmonter les conséquences de la crise financière, à ramener la Tchétchénie dans le giron de la Russie, il a retrouvé sa voix indépendante dans la politique extérieure et, surtout, le sentiment de sa dignité.

Ce ne sont pas les critiques à l'adresse de Poutine qui manquent, à gauche comme à droite. La critique est parfois justifiée mais, le plus souvent, elle est pour le moins prématurée. On ne peut juger de l'ouvrage à moitié de sa réalisation comme on jugerait de l'ouvrage achevé. [...] II faut encore moins saisir les mains du réformateur quand le peuple lui fait résolument confiance, ce qui fut, disons-le, rarement le cas dans l'histoire moderne de la Russie. La cote de popularité de Vladimir Poutine excède les 70 % ; sa réélection semble assurée le 14 mars prochain et, au parlement, le pouvoir exécutif dispose de la majorité constitutionnelle. Lors des élections législatives du mois de décembre 2003, le parti Russie unie, qui avait fait du soutien au Président son principal mot d'ordre, a remporté une victoire convaincante.

Accorder le piano de la démocratie

[...] Les dix années d'existence de la Constitution de 1993, la première Constitution démocratique de toute l'histoire de la Russie, ont été porteuses de deux tendances contraires. Dans un premier temps, dans le contexte de l'affaiblissement du pouvoir fédéral, certaines entités de la Fédération ont cherché à s'approprier les droits et les prérogatives du centre. C'est ainsi qu'ils ont intégré à leur propre législation de

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nombreuses dispositions qui contrevenaient grossièrement à la Loi fondamentale du pays. Atteintes aux droits électoraux ici, lois limitant la liberté de circulation et le choix du lieu de résidence ailleurs, non garantie, par de nombreuses constitutions locales, de l'égalité en droits indépendamment de la nationalité.

On a vu surgir le problème épineux des relations marquées par un parasitisme déclaré entre de nombreuses régions et le pouvoir fédéral. L'écart des dotations et des subventions entre les régions pouvait être de 1 à 20 et même de 1 à 30. Alors que certaines entités de la Fédération assumaient honnêtement tout le fardeau financier d'une période de transition extrêmement difficile, d'autres prétextaient de leur souveraineté nationale (illégitime si l'on s'en tient à la lettre de la Constitution) pour vivre aux crochets de leurs voisins. Tout cet égoïsme régional cynique était enrobé d'un flot incessant de discours sur la démocratie, sans le moindre rapport avec cette dernière bien entendu. Cette inégalité économique des entités de la Fédération faisait le bonheur des seuls « seigneurs » économiques et politiques locaux, mais pas celui du peuple.

Aujourd'hui, toutes ces tendances négatives ont été, peut-être pas complètement éliminées par le Centre, mais sûrement cassées, le processus a fait marche arrière. Ce qu'a reflété le message que le président Vladimir Poutine adressait à l'Assemblee Fédérale le 16 mai 2003 : « nous avons enfin rétabli l'unité du pays, de jure et de facto. La suprématie de la Constitution de la Russie et des lois fédérales, de même que l'obligation de payer ses impôts au Trésor public fédéral, sont devenues la norme pour toutes les régions de la Fédération de Russie. » [...]

On a réussi à casser les tendances négatives même en Tchétchénie, l'entité la plus défavorisée quant au respect de la Loi fondamentale. Le référendum sur la Constitution qui s'est tenu dans cette république en 2003 et l'élection du président de la République de Tchétchénie qui a suivi ont été le pivot permettant le retour de cette région dans le champ de la civilisation et de la Constitution.

Le président a profité de cet accord du mécanisme étatique pour éliminer un autre gros défaut de la démocratie russe, apparu à l'époque de Boris Eltsine. Un coup d'arrêt a été donné à la pénétration de la politique et des structures du pouvoir par des oligarques, qui avait été responsables de durs conflits entre l'intérêt national et les intérêts strictement privés de certaines grandes sociétés. La plupart des Russes se sont retrouvés, là encore, aux côtès du Président : les hommes d'affaires doivent s'occuper de leurs affaires.

Le Système électoral a connu des améliorations sous la direction de Vladimir Poutine. On peut encore lui adresser bien des reproches, mais n'oublions pas qu'aux EtatsUnis, lors de la dernière élection présidentielle, les erreurs dans le décompte des voix ont été telles que la moitié du pays n'a pas fini de comprendre si Monsieur Bush junior occupait à tort ou à raison le bureau ovale de la Maison Blanche.

Pour tenter de briser les tendances perverses, on a adopté, durant le mandat de Vladimir Poutine, une nouvelle loi sur les partis qui, d'un côtè, garantit pleinement le multipartisme mais, de l'autre, met un frein à la multiplication des partis [...].

Avec la mise en place d'un seuil minimal de 5 %, seuls trois partis et une alliance électorale ont réussi à entrer au parlement. La barre sera fixée encore plus haut, à 7 %, pour les prochaines élections, mais il ne saurait y avoir, en vertu de la loi, un seul parti représenté au parlement : plusieurs partis auront obligatoirement des élus à l'assemblée législative. Les Russes sont aujourd'hui nombreux à considèrer comme idéale la formation d'un système stable à deux ou trois partis, qui garantisse le pluralisme des idées autant que la stabilité politique.

L'économie : le renversement

L'économie russe a commencé à remonter à la surface après avoir touché le fond. Pour plusieurs raisons. Vladimir Poutine a eu en partie de la chance : les prix du pétrole et du gaz - produits traditionnellement exportés par la Russie - sont actuellement bien plus élevés que du temps de Boris Eltsine. Si, au début de 1998, le baril de pétrole coûtait dix

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dollars en tout et pour tout sur le marché mondial, ce qui a constitué une cause non négligeable de la crise financière, les années suivantes ont vu son prix osciller entre 22 et 28 dollars.

Les succès d'aujourd'hui sont en partie le résultat des échecs d'hier : à quelque chose malheur est bon. Après la grave crise financière qui a frappé l'économie en 1998, le rouble a été dévalué, sa valeur a été divisée par quatre, ce qui a bénéficié à la production nationale. La dévaluation a stimulé les exportations et enrayé les importations massives. Cet effet de substitution est resté agissant pendant près de deux ans, permettant à de nombreux producteurs nationaux de s'établir.

Toutefois, ces succès portent aussi la marque de Poutine car il faut savoir profiter de conditions favorables. Le bilan économique de 2003 a dépassé les espérances les plus audacieuses puisque le PIB a augmenté de 6,9 % et la production industrielle de 7 %. L'inflation, ce fléau numéro un de l'économie russe depuis des années, a été ramenée à 2 %. Les investissements se sont accrus de 11 %. En un an, le pays a remboursé 17 milliards de dollars au titre de la dette extérieure, sans même exercer de tensions sur le budget! Les réserves de change de la Banque centrale de la Fédération de Russie, qui garantissent la stabilité de la monnaie nationale, le rouble, ont atteint le record historique de 79 milliards de dollars (contre 10 milliards seulement en 1999). La communauté européenne a reconnu la Russie en qualité de pays à économie de marché, et l'agence mondiale Moody's lui a octroyé une note dans la catégorie investissement (Investment grade).

Mais l'essentiel demeure la tendance et non les épiphénomènes. La croissance se poursuit depuis maintenant quatre années consécutives : 5 % en 1999, 8,8 % en 2000, 5,3 % en 2001, 4,1 % en 2002. Les chefs de file en sont le complexe énergétique et des combustibles, l'industrie alimentaire et le BTP, les communications et le commerce. L'agriculture a pris son essor pour la première fois après une longue pause et la Russie a même pu se permettre d'exporter de petites quantités de céréales. Quoique l'économie russe connaisse encore une masse de problèmes graves, et même stratégiques, on peut désormais affirmer que le pays ne s'est pas contenté de sortir de la crise économique, il a également abordé une nouvelle étape de développement. [...]

La politique raisonnable menée par le gouvernement qui a soigneusement mis en oeuvre la réforme économique libérale, a constitué un facteur important, favorable à la croissance économique. La Russie a fait, ces dernières années, des pas décisifs dans la voie des transformations du marché. En 2000, le parlement a adopté un nouveau Code fiscal qui a profondément modifié les conditions de l'activité économique. Les divers avantages fiscaux et les exonérations ont été abandonnés. Tous sont devenus égaux, la procédure de paiement des impôts a été simplifiée, le nombre des impôts a considérablement diminué, les taux d'imposition ont été abaissés. La Russie est, aujourd'hui, le pays européen qui a le taux d'imposition des revenus le plus bas : 13 %. Grâce à cette seule mesure, la perception de l'impôt sur les revenus s'est accrue d'un tiers dès la première année de la mise en place de la nouvelle loi.

Plusieurs impôts, que les entreprises versaient aux fonds sociaux, ont été regroupés en un seul : l'impôt social unique à taux régressif. Ce dernier vise à lutter contre « le travail au noir » qui, récemment encore, créait un flux financier parallèle, à l'écart du Trésor public. L'impôt sur les bénéfices a été abaissé, celui sur les ventes a été supprimé et la TVA a été réduite. Ces « innovations » ont pour but de « décharger » la production, de la laisser respirer, de stimuler les investissements, de solliciter l'activité économique.

Le gouvernement prévoit d'achever la réforme fiscale en 2004 - 2005. On s'attend à une nouvelle baisse de l'impôt social unique, de la TVA et de l'impôt sur les bénéfices, mais les taux de l'impôt sur le patrimoine, sur les successions et les donations devraient être considérablement relevés.

Le Code foncier, adopté en 2001 et qui autorise la vente et l'achat des terres non exploitées, peut être considéré comme une percée dans la mise en oeuvre de la réforme économique libérale. Son adoption s'est faite en dépit de l'hostilité farouche de l'opposition

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de gauche. Et, quoique la loi ne concerne que 3 % des terrains - puisque elle ne s'étend pas aux terres agricoles - elle a desserré le frein qui, depuis dix ans, empêchait l'économie russe de se développer. Les entreprises ont pu devenir propriétaires des terrains sur lesquels elles étaient installées et, par là même, asseoir leur affaire sur une base légale intangible.

Le Code du travail, autre recueil de lois capital pour l'économie, a été adopté en 2001. II a adapté les normes de la législation du travail, qui n'avaient pas été modifiées depuis 1971, aux exigences de la nouvelle réalité économique. Les réglements douaniers et la législation sur les changes ont été libéralisés. D'autres réformes, vitales pour l'économie et la société, ont été mises en chantier. Elles en sont à des stades de réalisation différents et sont mises en oeuvre dans un esprit libéral, autrement dit, elles s'inscrivent totalement dans la stratégie économique et sociale générale que Vladimir Poutine s'efforce avec constance d'appliquer. [...]

La Russie et le monde : à la recherche de ses intérêts propres

II fallut attendre le mandat de Vladimir Poutine pour que soient clairement proclamés les objectifs de la politique extérieure et, en particulier, les paramètres du rapprochement de la Russie post-soviétique avec l'Occident, L'avenir montrera dans quelle mesure cette déclaration importante peut réussir. Le fait que l'époque des improvisations douteuses du Kremlin soit révolue n'est déjà pas mal en soi. [...]

Le Président en exercice est devenu le premier leader de la Russie contemporaine à comprendre qu'il avait l'obligation de défendre non seulement l'Etat en tant que propriétaire et producteur, mais aussi les propriétaires et les producteurs nationaux privés. C'est un des volets prioritaires lors des pourparlers avec les partenaires étrangers. En ce sens, le thème de l'adhésion de la Russie à l'OMC est exemplaire. L'objectif est fixé et en voie de réalisation, mais le Kremlin se rapproche du but à une vitesse qui sert les intérêts des producteurs et des consommateurs nationaux. Le temps des expériences irresponsables est révolu. [...]

Si Moscou a pleinement soutenu l'opération internationale visant à renverser le régime des talibans en Afghanistan, elle n'a pas approuvé, comme la plupart des autres pays, les opérations lancées par Washington en Irak. Le Kremlin, qui n'avait pas la moindre sympathie pour le régime de Saddam Hussein, s'est néanmoins déclaré hostile à l'usage de la force pour résoudre ce problème : le maintien du champ juridique international et de l'autorité de l'ONU constituent l'un des intérêts majeurs de la Russie contemporaine. [...]

Des risques prévisibles

La Constitution octroie au président des pouvoirs étendus mais, jusqu'à ces temps derniers, Vladimir Poutine partageait, aux yeux de l'opinion publique, les responsabilités avec le gouvernement et l'assemblée législative au sein de laquelle les pôles gauche et droit pesaient d'un poids non négligeable. La victoire des forces présidentielles (centristes) aux élections législatives place Vladimir Poutine dans une situation foncièrement nouvelle et qui est loin d'être simple. D'un côté, durant son premier mandat, le président a réuni toutes les conditions préalables nécessaires à la poursuite des réformes : la machine Etat est devenue gouvernable et le parlement est prêt à adopter les lois qui sembleront optimales au Kremlin. De l'autre, le président prend désormais sur lui la responsabilité pleine et entière de ce qui se passe dans le pays. Le fait que Vladimir Poutine fasse aujourd'hui l'effet d'un Gulliver sur le champ politique russe est à double tranchant : si Gulliver est fort, il est aussi vulnérable. Chaque erreur du pouvoir reposera dès lors sur les épaules du président, et rendra plus pénible la marche déjà difficile du réformateur. II s'agit en quelque sorte d'un troc : il n'est pas exclu que le président ait à troquer sa cote de popularité contre des réformes impopulaires mais indispensables. [...]

Les risques en politique extérieure demeurent globalement identiques à ceux de la

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période précèdente. II s'agit, premièrement, du terrorisme international. Parmi ceux qui luttent les armes à la main en Tchétchénie, et il y en a encore, on trouve de moins en moins de gens du cru et de plus en plus de mercenaires étrangers.

Deuxièmement, l'instabilité aux frontières de la Russie. Un changement de pouvoir est intervenu en Géorgie, mais celui-ci doit encore apporter la preuve de son efficacité, et de sa tolérance à l'égard des territoires qui ont fait sécession, de l'Abkhazie en premier lieu. Tout affrontement armé dans cette region concernerait inévitablement la Russie également : une partie importante de la population abkhaze a demandé un passeport russe ces dernières années dans l'espoir de sentir la terre ferme sous ses pieds. Moscou reconnait l'intégrité territoriale de la Géorgie mais ne peut ignorer les intérêts de ses ressortissants en Abkhazie.

En Biélorussie et en Ukraine, et il s'agit là pratiquement des principaux partenaires de la Russie au sein de la CEI, une opposition résolue et très diverse gagne en force. La situation manque de sérénité en Moldavie. Protèger les intérêts de la Russie dans ces pays (quel que soit le tour que prennent les événements) est l'un des objectifs capitaux de Vladimir Poutine pour les prochaines années.

L'attitude des Etats-Unis, principal partenaire de Moscou dans la lutte contre le terrorisme international, ne peut manquer d'inquiéter Moscou. [...] L'antidote a d'ailleurs été trouvée. La Russie doit diversifier ses liens internationaux. Elle est loin d'utiliser pleinement les organisations internationales. Les variantes peuvent être aussi diverses qu'inattendues. Comme le renforcement des liens avec l'OTAN. Comme l'a montré la crise irakienne, cette dernière porte un regard sur le monde moderne bien plus lucide que celui de Washington.

Mais les risques restent principalement économiques. Certaines réformes ont des difficultés à se mettre en place car leur coût social est extrèmement élevé. Cela concerne la réforme des retraites, qui transfère sur les assurances le système de la sécurité sociale. L'introduction des mécanismes du marché dans le secteur du logement et des charges locatives est une mesure absolument indispensable mais explosive car elle concerne l'ensemble de la population et risque d'engendrer l'augmentation des tarifs de l'électricité, du gaz, de l'eau et du chauffage. C'est encore la réforme du système de santé, dont l'état actuel ne satisfait personne même si bien des gens appréhendent les changements. Le crédit hypothécaire stagne quoique les familles russes soient très nombreuses à avoir besoin d'améliorer leurs conditions de logement. II faut y ajouter la restructuration des monopoles naturels - le complexe énergétique, la distribution du gaz, les chemins de fer - qui touche aussi aux intérêts de tous les citoyens. Le bilan définitif de la présidence de Vladimir Poutine et, pour une large part, le sort de la Russie dépendront de la manière dont le chef de l'Etat saura mener à bien ces tâches d'une complexité extrème. [...]

La liste des problèmes n'est pas close : part encore importante de l'économie parallèle, faiblesse des PME, capitalisation médiocre du système bancaire. Le secteur non marchand - entreprises d'Etat, monopoles naturels - dont les tarifs sont réglementés par l'Etat occupent encore trop de place dans l'économie. Les dépenses de l'Etat demeurent élevées.

Quand il a dressé le bilan de l'année écoulée, le président Poutine s'est dit convaincu que le retard économique constituait la principale menace pesant sur la sécurité de la Russie. Le but qu'il a fixé au gouvernement - doubler le PIB d'ici à 2010 - est certes ambitieux mais c'est la seule facon d'accomplir la tâche majeure, d'ampleur nationale : mettre fin à la pauvreté en Russie. De l'avis des experts, la croissance de l'économie russe ne doit pas être inférieure à 7-8 % par an si l'on veut réussir à doubler le PIB d'ici à 2010. 2003 a répondu à cette exigence, mais qu'adviendra-t-il ensuite ? Le ministère du Développement économique et du commerce a rendu publiques des prévisions prudentes pour l'année en cours : 5,5 %. [...]

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Les années qui viennent ne seront simples ni pour la Russie, ni pour Vladimir Poutine. Mais, comme dit la sagesse populaire : un homme averti en vaut deux.

© RIA Novosti, mars 2004

Document 3 :

Nostalgie de puissance, rêve d’autonomie

la « Nouvelle Russie » de Vladimir Poutine

Jamais la question de l’énergie n’aura joué un aussi grand rôle dans la stratégie internationale de la Russie. Elle se trouve au cœur du « partenariat stratégique » avec l’Union européenne : la chancelière Angela Merkel, qui préside l’Union pour six mois, est ainsi venue, le 21 janvier, protester auprès du président Vladimir Poutine contre les interruptions des livraisons de gaz. Lesquelles résultent des marchandages entre Moscou, Varsovie, Kiev et Minsk. Dans le Caucase, c’est le pétrole qui donne lieu à un bras de fer avec les Etats-Unis, autour du tracé des oléoducs l’amenant de la Caspienne et de l’Asie centrale. En Russie même, avec le démantèlement du groupe Ioukos s’achèvera la « renationalisation » de l’énergie autour des monopoles du gaz (Gazprom) et du pétrole (Rosneft), qui se verraient confier jusqu’aux réserves marines d’hydrocarbures. Tenté par l’ultralibéralisme au cours de son premier mandat, M. Poutine aura donc travaillé, durant le second, à une restauration de l’Etat, mais dans le cadre de l’économie de marché.

Bulletin de victoire : début 2007, le produit intérieur brut (PIB) de la Russie a enfin rattrapé son niveau de 1990. Après la dépression des années 1990, le pays a connu six années de croissance – en moyenne 6 % par an. A la manne pétrolière s’ajoutent des succès dans d’autres domaines (métallurgie, aluminium, armement, agroalimentaire), une forte hausse de la consommation des ménages, le remboursement de la dette extérieure publique, plus, en cinq ans, un doublement des dépenses d’enseignement et un triplement de celles de santé. A la surprise générale, certaines compagnies russes se déploient sur la scène capitaliste transnationale.

Mais l’embellie est fragile. Plus pauvre et plus inégalitaire qu’à l’ère soviétique, la Russie a faim d’investissements pour surmonter ses faiblesses : fuite des capitaux et des cerveaux, infrastructures obsolètes, retard technologique accru sur les autres pays industrialisés, diminution de l’espérance de vie et de la population. L’économiste Jacques Sapir présente néanmoins 2006 comme l’« année de la réorientation stratégique (1) », avec l’émergence d’une politique industrielle née de la conscience que l’économie ne peut plus impunément dépendre de la seule rente gazière et pétrolière. D’où la nécessité d’une politique d’Etat plus interventionniste, contre l’avis des organismes internationaux et des libéraux russes – la controverse porte notamment sur l’utilisation d’un fonds de stabilisation de près de 80 milliards de dollars.

Pour le nouveau ministre américain de la défense Robert Gates, « Vladimir Poutine essaie de rendre à la Russie son statut de grande puissance » et de « faire renaître la fierté nationale (2) ». Selon les sondages, cela lui vaut le soutien de 70 % à 80 % de la population, notamment dans la classe moyenne aisée et l’aristocratie ouvrière bien rémunérée. A en croire Mme Lilia Ovtcharova, de l’Institut de la politique sociale, les salaires réels atteignent 80 % de leur niveau de 1989 ; et la consommation a augmenté de 167 %. Il s’agit bien sûr de moyennes, qui ne rendent pas compte des écarts sociaux. Or, si la pauvreté recule, elle reste endémique et les inégalités se creusent – d’autant que la logique marchande a eu raison des protections sociales soviétiques.

Le bilan de quinze années de transition mérite donc d’être revu et corrigé avec rigueur (3), et relativisé par cette énorme « face cachée » que constituent l’économie et la société « informelles ».

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