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Le Français des relations internationales

Annexes

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Le Français des relations internationales

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Le Français des relations internationales

l'Organisation internationale de la francophonie

Document 1 :

l’Organisation internationale de la francophonie

Histoire

C’est en mars 1970 que fut instituée, à Niamey (Niger), la première structure intergouvernementale de la francophonie, regroupant, à l’époque, vingt et un Etats et gouvernements : l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT), qui prolongeait la création, dans les années 1960, d’organisations non gouvernementales rassemblant les universités, les enseignants de français, les parlementaires. Mais la véritable institutionnalisation du mouvement date de 1986, avec le premier sommet, tenu à Paris, des « pays ayant en commun l’usage de la langue française », formule remplacée, en 1993, par celle de « pays ayant le français en partage ».

Organisation

En novembre 1997, le septième sommet, tenu à Hanoï (Vietnam), adopta une nouvelle Charte de la francophonie prévoyant, notamment, la création d’un poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), dont le premier titulaire fut l’ancien secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), M. Boutros Boutros-Ghali. L’ACCT se transforma en 1998 en Agence intergouvernementale de la francophonie, principal opérateur de l’OIF, les autres opérateurs de la francophonie étant TV5 Monde, l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), l’université Senghor d’Alexandrie et l’Association internationale des maires francophones.

Par ailleurs, le Haut Conseil de la francophonie, laboratoire d’idées composé de personnalités indépendantes (responsables politiques, écrivains, universitaires, journalistes, juristes, économistes, entrepreneurs), cessa, en 2002, de dépendre de la présidence de la République française pour devenir une institution de l’OIF, donc présidée par son secrétaire général, M. Abdou Diouf, ancien président du Sénégal, qui avait pris la relève de M. Boutros-Ghali (ce dernier devenant vice-président du Haut Conseil).

Membres

Albanie, Andorre, Belgique, Bénin, Bulgarie, Burkina Faso, Burundi, Cambodge, Cameroun, Canada, Canada Nouveau-Brunswick, Canada Québec, Cap-Vert, République centrafricaine, Communauté française de Belgique, Comores, Congo-Brazzaville, République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Djibouti, Dominique, Egypte, France, Gabon, Grèce, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée-Equatoriale, Haïti, Laos, Liban, Luxembourg, ex-République yougoslave de Macédoine, Madagascar, Mali, Maroc, Maurice, Mauritanie, Moldavie, Monaco, Niger, Roumanie, Rwanda, Sainte-Lucie, São- Tomé-et-Príncipe, Sénégal, Seychelles, Suisse, Tchad, Togo, Tunisie, Vanuatu, Vietnam.

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Observateurs

Arménie, Autriche, Croatie, Géorgie, Hongrie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie.

© Le Monde diplomatique, édition de septembre 2006

Document 2 :

les Objectifs de la Francophonie

« La Francophonie, consciente des liens que crée entre ses membres le partage de la langue française et des valeurs universelles, et souhaitant les utiliser au service de la paix, de la coopération, de la solidarité et du développement durable, a pour objectifs d’aider : à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention, à la gestion et au règlement des conflits, et au soutien à l’État de droit et aux droits de l’Homme ; à l’intensification du dialogue des cultures et des civilisations ; au rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle ; au renforcement de leur solidarité par des actions de coopération multilatérale en vue de favoriser l’essor de leurs économies ; à la promotion de l’éducation et de la formation. Le Sommet peut assigner d’autres objectifs à la Francophonie.

La Francophonie respecte la souveraineté des États, leurs langues et leurs cultures. Elle observe la plus stricte neutralité dans les questions de politique intérieure.

Les institutions de la présente Charte concourent, pour ce qui les concerne, à la réalisation de ces objectifs et au respect de ces principes ».

(article 1er de la Charte de 2005)

«Les institutions de la Francophonie sont :

1.Les instances de la Francophonie :

-La Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage, ci-après appelée le "Sommet" ;

-La Conférence ministérielle de la Francophonie, ci-après appelée "Conférence ministérielle" ;

-Le Conseil permanent de la Francophonie, ci-après appelé "Conseil permanent".

2.Le Secrétaire général de la Francophonie.

3.L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

4.L’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), qui est l’Assemblée consultative de la Francophonie.

5.Les opérateurs directs et reconnus du Sommet, qui concourent, dans les domaines de leurs compétences, aux objectifs de la Francophonie tels que définis dans la présente Charte :

- l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) ; - TV5, la télévision internationale francophone ;

- l’Université Senghor d’Alexandrie ;

- l’Association internationale des maires et responsables des capitales et des métropoles partiellement ou entièrement francophones (AIMF).

6.Les Conférences ministérielles permanentes : la Conférence des ministres de l’Éducation des pays ayant le français en partage (Confémen) et la Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays ayant le français en partage (Conféjes) ».

(article 2 de la Charte de 2005)

© Organisation internationale de la francophonie, 2008

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Document 3 :

(source La Documentation française, 2007)

Document 4 :

(page suivante)

Les pays membres de l'OIF (source La Documentation française, 2006).

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Document 5 :

De nouveaux espaces pour la francophonie

En 1883 est créée l’Alliance française avec pour mission d’attirer, par des conférences, des expositions, des activités culturelles et des enseignements en langue française, les habitants de pays où d’autres langues ont cours.

La Mission laïque française voit le jour en 1902 et bénéficie de la reconnaissance d’utilité publique en 1907. Limitant ses activités au Proche-Orient, à la Grèce et à l’Éthiopie, elle dispense un enseignement de même nature que celui des collèges et des lycées officiels de France.

En 1954, sous l’impulsion d’un Canadien francophone, M. Jean-Marc Léger, l’Union culturelle française est créée à Monaco. Elle se veut une sorte d’Unesco francophone, avec des congrès biennaux, une revue, des expositions de livres et de journaux en français de tous les pays, et des comités nationaux dont elle fédère l’action. Elle fut dissoute dans les années 60, en laissant un bilan positif.

En 1961 est créée à l’université de Montréal, où elle a son siège, l’Association des universités partiellement ou entièrement de langue française (Aupelf) qui rassemble aujourd’hui plus de 270 établissements d’enseignement supérieur et de recherche de 38 pays, ainsi que 340 départements d’études françaises et filières francophones.

En 1987, au sommet de Québec, est décidée, à l’initiative de l’Aupelf, la création de l’Université des réseaux d’expression française (UREF), qui réunit sa première assemblée générale à Marrakech en novembre 1987. L’Aupelf-UREF constitue désormais l’Agence francophone pour l’enseignement supérieur et la recherche.

© Le Monde diplomatique, édition d'avril 1995

Document 6 :

Interview

« la Francophonie est un catalyseur »

Secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), l'ancien président sénégalais Abdou Diouf défend le rôle politique de ce forum.

La récente mise en garde de Jacques Chirac contre « une humanité où l'on ne parlerait qu'une seule langue » ne vous paraît-elle pas exagérée ?

Non. Face aux dérives actuelles, un devoir de vigilance s'impose à tous. Le monde est guetté par le monolinguisme, par la pensée unique. Il est de notre devoir de réagir. Non seulement pour défendre notre langue. Mais également pour défendre toutes les valeurs de diversité dans le monde. Un monde harmonieux et équilibré ne peut être monolithique. J'aimerais que ce signal d'alarme puisse être relayé par davantage de personnalités francophones, lusophones, hispanophones, sinophones, russophones, germanophones, etc.

Comment expliquez-vous que les Français semblent être les moins mobilisés par la défense de la francophonie ?

Déjà, en 1986, lors du 1er Sommet de la francophonie, à Versailles, j'avais adressé une supplique au président Mitterrand. Mon discours se terminait par ces mots : « S'il vous plaît, faites que les Français soient au moins aussi francophones que nous ! » Je pourrais redire la même chose aujourd'hui. Les Français ne se posent pas de questions sur

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leur langue, alors qu'elle est parlée sur les cinq continents, qu'elle porte des valeurs essentielles et qu'elle possède encore un grand prestige. Les entreprises privées implantées à l'étranger ont un grand rôle à jouer : il ne faut pas qu'elles optent pour le « tout-anglais » dès qu'elles sortent de l'Hexagone.

La complexité de ses structures ne nuit-elle pas à la crédibilité de l'Organisation internationale de la francophonie ?

Nous sommes conscients de ce problème. Et nous allons réagir. Premièrement, nous allons adopter un cadre stratégique décennal lors du sommet d'Ouagadougou afin de dire exactement quelles sont nos orientations, nos missions, nos priorités, à savoir : la langue, la diversité culturelle, la résolution des crises et des conflits, le développement durable et l'économie solidaire. Deuxièmement, nous allons rendre notre action plus cohérente en regroupant tous les opérateurs de la francophonie, aujourd'hui disséminés aux quatre coins de Paris, sous un même toit. Cette Maison de la francophonie sera inaugurée sans doute d'ici à la fin de 2006. Elle permettra de donner davantage de visibilité à notre organisation.

Quelles sont à ce jour les principales réussites de la francophonie ?

Mais elles sont innombrables ! Commençons par la diversité culturelle : quand je suis devenu secrétaire général de l'OIF, en janvier 2003, j'ai réuni un groupe de travail sur ce thème. A l'époque, personne n'aurait parié un euro sur le fait qu'à l'Unesco nos Etats membres accepteraient d'élaborer une convention sur la diversité culturelle. La francophonie a pris la tête de ce combat, s'est battue, a mobilisé les francophones, les hispanophones, les lusophones, les arabophones. Elle a demandé aux « pays ACP » (Afrique, Caraïbe, Pacifique) de se joindre à son combat, ainsi qu'à l'Europe et au « groupe des 77 » [réunissant des pays en développement]. Finalement, nous avons obtenu un large consensus à l'Unesco en dépit de l'opposition des Etats-Unis, de l'Australie, de l'Angleterre, des Pays-Bas. Nous avons fait passer l'idée que les biens culturels ne sont pas des marchandises comme les autres ; par conséquent, ils ne peuvent pas être subordonnés aux normes de l'OMC.

La francophonie est donc avant tout une organisation politique ?

Elle est en tout cas un catalyseur. La francophonie se fait l'avocat des pays membres les plus faibles. Elle organise aussi des concertations permettant à ces nations d'adopter des positions communes afin de se présenter unies dans les grandes conférences internationales. C'est ce que nous avons fait à l'OMC en soutenant l' « Initiative coton », réunissant notamment le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad. Autre exemple : l'OIF a réuni tous les grands bailleurs de fonds internationaux et les pays pauvres lors d'un symposium sur le développement. Tous les participants ont pu discuter de la meilleure façon d'utiliser les financements internationaux et les crédits d'aide au développement.

Croyez-vous que l'Algérie intégrera, un jour prochain, l'Organisation internationale de la francophonie ?

Je le souhaite ardemment. De toute façon, c'est inscrit dans l'Histoire : l'Algérie est plus francophone que la plupart des membres actuels de la francophonie.

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Le contexte international de l'après-11 septembre 2001 est-il, selon vous, propice au développement de la francophonie ?

Je constate en tout cas que la francophonie est très attractive. De plus en plus de pays veulent adhérer à notre organisation. Cela est dû à nos valeurs, à notre démarche et à nos prises de position en faveur de la légalité internationale, du multilatéralisme, de la diversité dans tous les domaines.

propos reccueillis par Axel Gyldèn, © L'Express, édition du 22 novembre 2004

Document 7 :

l'Histoire

Quand l'Amérique était française

Les premiers colons qui s'installèrent en Amérique du Nord le firent au nom d'Henri IV. Le Canada - mais pas la France ! - commémore le quatrième centenaire de cette épopée.

Ce n'est, après tout, qu'une réunion de famille. Mais, comme les Nord-Américains donnent dans la démesure, ces retrouvailles entre cousins, à l'échelle d'un continent, font figure d'événement. Le mois dernier, à l'appel du Congrès mondial acadien, ils étaient près de 50 000, issus d'une centaine de lignées, à se retrouver, autour de la baie Sainte-Marie, dans l'est de la Nouvelle-Ecosse, une des Provinces atlantiques du Canada. Venus des petits ports de la baie des Chaleurs, de la moiteur des bayous de Louisiane ou des banlieues de Montréal et de Boston, beaucoup étaient là pour célébrer, au son des violons et des accordéons, un anniversaire largement ignoré à Paris, celui de la fondation, il y a tout juste quatre siècles, du premier établissement permanent français en Amérique du Nord.

C'est aux Etats-Unis qu'il faut aujourd'hui se rendre pour avoir une idée de ce que fut le berceau de la francophonie américaine. A la frontière entre le Maine et le NouveauBrunswick, dans la baie de Fundy, les archéologues ont identifié l'îlot Sainte-Croix, où aborda, le 26 juin 1604, le protestant Pierre Du Gua de Monts, porteur d'une commission royale reçue d'Henri IV qui le nommait lieutenant-général pour « le Nouveau Monde » et surtout lui accordait le monopole sur la traite des fourrures. C'est sur ce caillou désolé, aujourd'hui territoire américain, privé d'eau, à 800 mètres des rives, qu'a commencé l'aventure d'où sont largement issus les 7 millions de francophones canadiens et les 8,3 millions d'Américains de souche française. Trois ans avant l'établissement des premiers colons anglais à Jamestown (Virginie), seize années avant l'arrivée, en 1620, des pèlerins du Mayflower à Plymouth, ce sont des Français qui, à défaut de la découvrir, ont créé l'Amérique. Le début fut désastreux. Les colons ne s'étaient pas préparés à affronter l'hiver, particulièrement rigoureux. Au point que les vents glacés font geler l'alcool. Les réserves de nourriture s'épuisent. Le scorbut cause une hécatombe. Sur les 80 occupants de SainteCroix, 36 ne survivent pas à l'hiver. Leur identité n'est pas connue, mais des échantillons d'ADN recueillis sur les ossements découverts pourraient indiquer l'origine géographique de ces premiers Franco-Américains. La relève, arrivée en juin 1605, sous la forme d'un navire transportant une quarantaine d'hommes, permet de reprendre l'exploration vers le sud, jusqu'à l'actuel cap Cod (Etats-Unis) avant que Du Gua et les siens (parmi lesquels le cartographe Samuel de Champlain) rebroussent chemin vers Sainte-Croix, abandonnée, à la fin de l'été, pour un autre site, en face, dans l'actuelle Nouvelle-Ecosse, baptisé PortRoyal, qui sera le véritable point de départ de la colonisation.

Sainte-Croix fut élue pour son caractère défensif, contre une éventuelle attaque des

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Indiens de la région. Ce qui n'empêche pas, quatre siècles plus tard, dans le Canada multiculturel d'aujourd'hui, d'élargir la manifestation. « Initialement, on parlait de ''célébration'', indique Nathalie Gagnon, directrice de projet à l'agence Parcs Canada, dont les yeux ronds et les cheveux noirs et lisses évoquent une lointaine ascendance autochtone. Mais, désormais, nous préférons envisager cet anniversaire comme une ''commémoration'' à laquelle d'ailleurs les Indiens sont associés. C'est le moins qu'on puisse faire. Car il ne faut pas oublier que le mode de vie des Indiens a été bousculé... » Une cérémonie de purification a donc eu lieu, en l'honneur des mânes des ancêtres des 20 000 Indiens Micmac. Pour dissimuler les malentendus, on a brûlé de la sauge et du tabac. Il est vrai que la dernière étymologie à la mode recourt à la langue indigène : Acadie, au lieu d'être une déformation de la mythique Arcadie, serait une déformation d'eggadi, « l'endroit d'ici » en micmac...

Commémorer les grands événements de l'Histoire dans un pays neuf comme le Canada n'est pas chose aisée. Célèbre-t-on d'ailleurs la même chose avec ce 400e anniversaire ? S'agit-il de fêter « les premiers jalons de la présence française en Amérique », comme l'a indiqué, le 26 juin, lors d'une cérémonie à Bayside, le Premier ministre canadien, Paul Martin ? Mais, si c'est le cas, pourquoi une telle discrétion de la part des autorités françaises, représentées sur place par le seul ministre délégué à la Francophonie, Xavier Darcos ? Et comment comprendre, en outre, le faible écho rencontré au Québec, seule juridiction canadienne à majorité francophone ? Et les Indiens, devraient-ils porter le deuil ?

1604-2004 : l'anniversaire donne lieu, en réalité, à une véritable bataille des mémoires où les enjeux politiques viennent bousculer le calendrier historique. Pour la minorité acadienne d'aujourd'hui, ces francophones installés sur la façade atlantique du Canada et longtemps écrasés par la majorité anglophone, c'est l'occasion d'affirmer son renouveau. Car le destin de ces descendants de paysans des Charentes et de la Saintonge, envoyés, à l'initiative de Richelieu, coloniser le Nouveau Monde se résuma, pendant des générations, à un chant douloureux de défaites et d'abandons. En cent cinquante ans à peine, aux XVIIe et XVIIIe siècles, ces « défricheurs d'eau » avaient pourtant réussi à mettre en valeur les terres alluviales en profitant des très fortes marées de la baie de Fundy (alors Baie française). Mais le choc des guerres franco-anglaises en Europe les frappe à leur tour. Alors qu'ils sont passés sous le contrôle de la Couronne britannique après le traité d'Utrecht, en 1713 (avec la baie d'Hudson et Terre-Neuve), et malgré leur neutralité proclamée, les 13 000 Acadiens de la Nouvelle-Ecosse sont finalement déportés le 28 juillet 1755 et dispersés dans toute l'Amérique, et même au-delà, jusqu'en France. Leurs maisons sont brûlées pour décourager tout retour. C'est le Grand Dérangement. Certains reviendront dans les années suivantes, tous garderont le souvenir douloureux de cet arrachement au « vieux pays », au pays perdu. « Nous sommes probablement le seul peuple au monde capable de célébrer une déportation, rappelle l'écrivain Antonine Maillet. Il a fallu apporter la démonstration que nous étions bien vivants. » Aujourd'hui, on estime à environ 40 000 les Acadiens de la Nouvelle-Ecosse et de l'île du Prince-Edouard (soit 4 % de la population). « Notre projet de société, explique Jean Léger, directeur général de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Ecosse, c'est de ne pas disparaître au sein du meltingpot canadien et américain. On est le petit village gaulois, mais sans potion magique. »

A la différence du Nouveau-Brunswick voisin, où les Acadiens, forts de leur poids démographique (plus d'un tiers de la population, soit 250 000 habitants) ont obtenu, pour le français, un statut de langue officielle auprès du gouvernement provincial, les francophones de Nouvelle-Ecosse et de la province de l'Ile-du-Prince-Edouard peinent à faire valoir leurs droits auprès des instances locales. Sans parler de la menace d'assimilation : entre les recensements de 1996 et de 2001, par le jeu des mariages mixtes ou des départs, la communauté acadienne a perdu 1 000 de ses membres.

Majoritaires, les Canadiens anglais des Provinces maritimes n'ont pas la même

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