- •Ж. В. Буць
- •Partie 1. Chapitre 1. Pre-histoire de la langue franϛaise §1. 1. Conditions historiques de l’apparition du français
- •§1.2. Nation et sa langue. Stasbourg, naissance d’une communauté linguistique
- •Chapitre 2. Ancien franҫais §2.1.Conditions historiques du fonctionnement des dialectes. Les débuts du français
- •§2.2. Origine du français littéraire
- •§2.3. Évolution de la langue française
- •§2.3.1. Ancien français et latin classique
- •§2.3.2. Ancien français et français moderne
- •§2.3.3. Ancien français et variation linguistique
- •Chapitre 3. Système phonétique §3.1. Evolution phonétique
- •§3.1.1. Instabilité phonétique
- •§3.1.2. Évolution cachée par l’orthographe
- •§3.1.3. Changements spectaculaires
- •§3.2. Nature des changements phonétiques
- •§3.2.1 Changements phonologiques
- •§3.2.2. Changements phonétiques
- •§3.2.3. Changements phonétiques et accidents phonétiques
- •§3.3. Dix principaux changements phonétiques entre le latin et le français
- •§3.3.1. Réduction considérable entre le mot latin et le mot français
- •§3.3.2. [U]latins
- •§3.3.3. Diphtongaison des voyelles accentuées « libres »
- •§3.3.4. Nasalisation des voyelles suivies d'une consonne nasale.
- •§3.3.5. Vocalisation du /l/ devant une consonne (début de processus viIe-viiIe ss., fin de processus - XI s.)
- •§3.3.6. Apparition des phonèmes [V] et [ʒ ]
- •§3.3.7. Palatalisation
- •§3.3.8. Affaiblissement des consonnes intervocaliques
- •§3.3.9. Production de diphtongues par contact avec un [j]
- •§3.3.10. Consonnes finales
- •Chapitre 4. Développement de la grammaire française §4.1. Morphologie §4.1.1. Cas des noms
- •§4.1.2. Nombre des noms
- •Masculin
- •Féminin
- •§4.1.3. Genre des noms
- •§4.1.4. Adjectif
- •§4.1.5. Article
- •§4.1.5.1 Formes de l’article
- •Article défini
- •Article contracté
- •§4.1.5.2. Extension de l’emploi des articles
- •§4.1.6. Pronoms personnels
- •Pronoms de la 1-re et de la 2-e personnes
- •Tableau 6 Pronoms de la 3-e personne
- •§4.1.7. Pronoms possessifs.
- •Possessif
- •§4.1.8. Pronoms démonstratifs.
- •§4.1.9. Pronoms relatifs
- •§4.1.10. Système des temps
- •§4.1.10.1. Réfection des temps de l'infectum
- •Evolution des temps de l’infectum
- •§4.1.10.2. Formation des temps composés
- •Evolution des temps du perfectum
- •§4.1.10.3. Origine des auxiliaires être et avoir
- •§4.2. Syntaxe
- •§4.2.1. Niveau du groupe nominal ou verbal
- •§4.2.2. Niveau de la proposition
- •Chapitre 5. Ortographe §5.1. Types de l’écriture
- •§5.1.1. Écriture phonétique
- •§5.1.2. Écriture idéographique
- •§5.2. Invention des diacritiques
- •§5.3. Signes nouveaux
- •§5.4. Améliorations successives
- •Chapitre 6. Moyen français (XIV — xVs.S.) §6.1. Conditions historiques de l’extention du français commun
- •Chapitre 7. Le français au xvisiècle §7.1. Conditions historiques de la formation du français, langue nationale, à cette époque.
- •§7.2. Situation linguistique à cette époque
- •§7.3. Pléïade
- •§7.4. Grammairiens
- •Chapitre 8. Français moderne (XVII - xviiIss.) §8.1. Conditions historiques de la codification de la norme littéraire du français
- •§8.2. Purisme français XVII s.
- •§8.3. Académie Française : l’activité et son rôle dans le développement de la langue
- •Chapitre 9. Siècle de lumière ou des encyclopédistes. XviiIs.
- •Partie 2.
- •§1.1.2.2. Morphologie
- •§1.1.2.3. Syntaxe
- •§1.2. La chanson de roland
- •§1.2.1. Texte
- •§1.2.2. Analyse du texte §1.2.2.1. Prononciation et orthographe
- •§1.2.2.2. Morphologie
- •§1.2.2.3. Syntaxe
- •Chapitre 2 ancien français (XIII siècle)
- •§2.1. Renaud de Beaujeu, Le Bel Inconnu §2.1.1. Texte
- •§2.1.2. Analyse du texte §2.1.2.1. Orthographe
- •§2.1.2.2. Lexique
- •§2.1.2.3. Morphologie
- •§2.1.2.4. Syntaxe
- •Chapitre 3 français de la renaissance (XVI siècle)
- •§3.1. Rabelais (1494-1553)
- •§3.1.1. Gargantua §3.1.1.1. Texte
- •§3.1.1.2. Analyse du texte §3.1.1.2.1. Orthographe
- •§3.1.1.2.2. Morphologie
- •§3.1.1.2.3. Lexique
- •§3.1.2. Pantagruel §3.1.2.1. Texte
- •§3.1.2.2. Analyse du texte Prononciation et orthographe
- •Chapitre 4. Français classique ( XVII siècle) :
- •§4.1. Madame de la Fayette, La Princesse de Clèves §4.1.1. Texte
- •§4.1.2. Analyse du texte §4.1.2.1. Orthographe
- •§4.1.2.2. Lexique
- •§4.2. Diderot, Le neveu de Rameau (XVIII siècle) §4.2.1. Texte
- •§4.2.2. Analyse du texte
- •Chapitre 5. Françait du XIX siècle :
- •§5.1. Chateaubriand, Mémoire d’autre-tombe §5.1.1. Texte
- •§5.1.2. Analyse du texte Ortographe
- •Traductions en français moderne des textes a analyser
- •Vocabulaire
- •Bibliographie
- •Sommaire
§3.1.1. Gargantua §3.1.1.1. Texte
Voici le début du chapitre XIII du Gargantua de Rabelais (1534).
« Sus la fin de la quinte année, Grandgousier, retournant de la defaicte des Canarriens, visita son filz Gargantua. Là fut resjouy comme un tel pere povoit estre voyant un sien tel enfant, et le baisant et accolant, l’interrogeoyt de petitz propos pueriles en diverses sortes. Et beut d’autant avecques luy et ses gouvernantes, esquelles par grand soing demandoit entre aultres cas, si elles l’avoyent tenu blanc et nect. A ce Gargantua feist response que il y avoit donné tel ordre qu’en tout le pays n’estoit guarson plus nect que luy.»
§3.1.1.2. Analyse du texte §3.1.1.2.1. Orthographe
La ponctuation, l’apostrophe et certains accents commencent à se généraliser.
L’accent est utilisé à la finale des mots pour éviter la prononciation par un e sourd[ә]donné; il est aussi utilisé dans la séquence finaleée : année(contrairement à la pratique des éditeurs de textes du Moyen Âge). C’est à peu près à l’époque de la parution deGargantua que l’on commence à utiliser l’accent pour distinguer a et à, la et là, ou et où (orthographe typiquement idéographique).
À l’intérieur du mot, les sons [e] et [ε] ne sont pas notés dans defaicte,pere, pueriles, si bien que rien ne permet de les distinguer de la prononciation par [ә] de retournant, petitz, demandoit, tenu. Mais il existe des cas où la prononciation est marquée par un doublement de la consonne, dans interrogeant, esquelles, elles, par une consonne non prononcée, dans nect, avecques, ou par une consonne finale, prononcée (tel) ou non (et). Le s devant consonnes, qui se prononçait plus, se maintient pour noter un [e] long : estre, resjoui, et même esquelles.
En revanche, le e devant voyelle est une graphie archaїque qui maintient le [ә] en hiatus qui ne se prononçait plus dans feist et beut.
Le z qui notait le son [ts] est aussi une graphie archaїque dans petitz et filz, que le Moyen Âge écrivaitpetizetfiz : on maintient lezfinal, marque de pluriel ou pas, et on rajout la consonne étymologique.
Le diagraphe ou existe pour rendre le son[u]; s’il n’est pas présent danspovoit, c’est parce que les puristes tiennent à maintenir une prononciation[o]qui serait conforme à l’étymologie.
On remarquera la présence de nombreuses consonnes non prononcées, étymologiques ou pas, defaicte, nect, soing, aultre, et l’emploi duyaprès voyelle et pour le pronom – adverbey(que le Moyen Age écrivaiti). Le choix de la graphie la plus compliquée est toujours privilégié :avecques.
Dans guarson, leuest inutile, mais lesévite la prononciation[k] du c devanto.
On est en présence d’une écriture très étymologisante, assez idéographique, mais dans laquelle un certain nombre de problèmes comme la distinction [e]et[ә], en particulier, sont en voie de solution.
On notera aussi que l’on est en présence d’un texte édité conformément à certaines normes de l’édition modernes des textes du XVI : le graphème vne prend sa fonction que dans la seconde moitié du siècle.
§3.1.1.2.2. Morphologie
Les imparfaits sont toujours en –ois(et même–oyt) prononcés[e], sauf en prononciation soignée. Des formes de passé simple commefeiste, beutne s’imposeront pas.
Dans pueriles, lesfinal n’est qu’orthographique, il note que leldoit se prononcer.