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§7.2. Situation linguistique à cette époque

La lutte pour l'unité du royaume qui aboutit à la formation de l'Etat national français contribue à l'extension accélérée du français (« langue du roi ») sur le territoire de France. Depuis le XIVs., le français est admis dans l'administration et le tribunal, mais ses droits ne sont pas fixés. En 1539François lsigne àVillers-Cotteretsune importante ordonnance suivant laquelle tous les actes publics seront désormais prononcer,enregistrer et délivrer aux parties en langage maternelfrançois. Le latin est peu à peu écarté et souvent relégué au deuxième plan. Même certains écrits théologiques et beaucoup de traités scientifiques sont écrits, surtout ces derniers,en français.

Les tendances à l'unité sont étroitement liées aux aspirations d'avoir une langue digne de devenir un idiome national. Cependant le début du XVIs. connaît la domination du latin en tant que langue littéraire non seulement dans l'enseignement et la science, mais aussi dans les lettres: il se publie à l'époque dix fois plus d'œuvres poétiques en latin qu'en français.

Comme la Renaissance marque un intérêt particulier pour l'Antiquité, les traductions d'auteurs anciens abondent :Amyottraduit du grecle Plutarqueen 1559,François lfait traduireHomère, Xénophonet d'autres grands écrivains antiques. On institue même un poste spécial pour diffuser ces traductions:imprimeur royal de français.Le françaiscommence à s'introduire, bien que difficilement, dans l'enseignement supérieur essayant de vaincre la résistance opposée par les latinistes qui estiment que la science doit être fermée aux profanes. Le premier protestataire contre l'emploi exclusif des langues anciennes est le célèbre jurisconsulteJean Bodin. Dans son discours sur l'instruction des jeunes prononcé à Toulouse en 1559,il réclame le droit d'étudier les sciences en langue maternelle, ce qui à son avis donnerait une grande économie de travail et de temps. La première institution à employer le français estle Collège des lecteurs royaux,le futurCollège de France, oùRamus, ensuite le mathématicienForcadelfont leurs coursen français. Cependant, ce sont là des actes et faits exceptionnels. Le latin continue de régner dans l'enseignement. C'est ainsi que les programmes du Collège ne sont faitsen françaisque depuis 1791.

Rappelons que l'art de l'imprimerie inventé au siècle précédent contribue aussi au développement de l'enseignement et à la diffusion des connaissances humaines. La langue française pénètre peu à peu dans tous les domaines de l'activité humaine, se répand sur tout le territoire de France, éliminant les dialectes et les réduisant petit à petit au rang de patois.

§7.3. Pléïade

Pour assumer toutes ces fonctions multiples (langue d'Etat, langue des sciences et techniques, langue de tous les genres littéraires) dont la plupart revenait au latin, le français dénommé à l'époque « langue vulgaire » doit tenir tête à l'idiome latin. Il lui faut évincer celui-ci progressivement des « hautes sphères ». Il s'agit de défende le françaiscontre ceux qui refusent de l'utiliser à certaines fins en alléguant ses prétendues imperfections, sa pauvreté et l'absence des règles. Nombreux sont les écrivains, les grammairiens et les savants qui s'y mettent, ce qui vaut au XVI s. d'être appelé « l'époque de défense et d'illustration » de la langue française.

Parmi les premières revendications en faveur du français, citons, à part L'Art et la science de géométrieparCh. de Bovelles (1514):iI suffit de cultiver le français et lui donner par la suite des règles comme on l'a fait autrefois pour les langues anciennes. Une autre déclaration défendant les droits du français est faite parJ. Peletier du Mansen tête d'une traduction de L'Art poétiqued'Horace (1545).L'auteur évoque l'exemple du latin qui à un moment donné après avoir abandonné le grec, s'est appliqué à s'enrichir et se perfectionner. Pour pousser les savants et les écrivains français à s'exprimer en leurlangue maternelle il rappelle aussi l’œuvre de Pétrarque et de Boccace ayant écrit en toscan.

Préparé de longue date grâce à d'autres revendications, le manifeste de la Pléiade (1549),rédigé par le poèteJoachim du Bellay, devient le symbole du mouvement en faveur de l’émancipation du français. Aspirant à élever sa langue maternelle au rang des idiomes anciens,la Pléïadelutte pour son enrichissement et son expansion dans toutes les couches sociales et à tous les usages. Le manifeste exprime le désir de rendre le français apte aux plus grands genres poétiques, et fait l'apologie de ses ressources encore inemployées.

Le perfectionnement du français est présenté à l'époque sous l'aspect d'enrichissement lexical: il s'agit de doter le français d'un vocabulaire capable de rendre toutes les idées et toutes les nuances de sens possibles. C'est pourquoi la Pléïade et, en particulier,Ronsardappellent à enrichir le lexique français par tous les moyens: créer des mots nouveaux utilisant les procédés de dérivation et de composition.

Les grands écrivains de l'époque suivent ces conseils et prescriptions, plusieurs les ont même devancés, tel, par exemple, un des plus grands génies littéraires du XVIs. F. Rabelais. Pour nommer les jeux du jeune Gargantua, il utilise 153termes; Rabelais donne 138noms de plats servis à Mandus, etc.

Rabelais fait preuve d'une grande hardiesse composant son immense épopée, dont les débuts remontent à l'an 1532,en « langage vulgaire - le françois ». Cette entreprise l'oblige à créer quantité de mots et termes nouveaux, à en emprunter quelques-uns aux langues mortes ou vivantes ou bien aux dialectes français. Sa langue ainsi que celle de ses contemporains abonde toutefois en archaïsmes lexicaux et grammaticaux, hérités du moyen français.

Dans ces conditions, la notion de norme littéraire au XVIs. est toute particulière: seule une langue riche en moyens d'expressions peut assumer le rôle d'une langue nationale, ce qui fait que tous les procédés d'enrichissement sont reconnus bons et nécessaires. Les grammairiens s'y mettent aussi, admettant dans l'usage littéraire les tours du langage parlé. Tout ce qui contribue à exprimer idées et faits est digne de faire partie de la norme littéraire au XVIs. Il n'y a rien qui puisse freiner son perfectionnement.

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