Добавил:
Upload Опубликованный материал нарушает ваши авторские права? Сообщите нам.
Вуз: Предмет: Файл:
Вопросы 26-29.docx
Скачиваний:
9
Добавлен:
19.09.2019
Размер:
41.95 Кб
Скачать

29. L`argot

À côté des jargons de classe, il faut nommer l'argot des déclassés, appelé aussi «jargon »'. De même que les jargons de clas­se l'argot des déclassés ne forme guère de langue indépendante. Il utilise les systèmes grammatical et phonétique de la langue nationale et n'a en propre qu'une partie du lexique. Il ne sert guère de moyen de communi­cation à toute la société, mais seulement à une couche sociale restreinte, originairement à des malfaiteurs. L'argot était un langage secret destiné à n'être compris que des mal­faiteurs, c'est pourquoi il devait constamment se modifier. Pourtant, malgré cette mobilité de l'argot dans son ensemble, pas mal de ses mots sont très vivaces ; il y en a qui existent depuis F. Villon (XVe siècle). L'argot des déclassés n'est guère un parler artificiel et conventionnel ainsi que le pensent certains linguistes, il n'a rien de commun avec les langues artificiellement créées telles que l'espéranto et le volapiik, son évolution est régie par les lois essentielles du développement de la langue générale. Dans son développement accéléré l'argot fait appel aux divers moyens de création et de renouvellement appartenant à la langue commune. Ainsi on y retrouve les mêmes procédés essentiels de formation : (В его ускоренном развитии арго призывает различные средства создания и возобновления, принадлежащего литературному языку. Таким образом там обнаруживаем те же существенные способы образования)

- l'affixation (l'emploi des préfixes et des suffixes courants), par exemple : dé- : débecter - « dégoûter », < becter - « manger » ; re- : replonger - « être incarcéré de nouveau après récidive » <plonger - « être inculpé ou incarcéré » (повторно погружаться - « снова заключенным в тюрьму после рецидива » <погружаться - « быть обвиненным или заключенным в тюрьму) ; -iste : étalagiste - « voleur à l'étalage » ; -eur, -euse : biberonneur - « alcoolique, ivrogne » ; faucheuse - « mort » et « guillo­tine » (Оформитель витрин - "магазинный вор";-eur,-euse: biberonneur - « алкоголик, пьяница »; косилка - "мертвый « и "Guilloкtine") ; ge : battage - « mensonge » ; -ard, -arde fendard- « panta­lon », crevard~« insatiable, qui a toujours faim », soiffard- « qui boit beaucoup », babillards - « langue » ; -ier -.flibustier - « individu mal­honnête » <flibuster ~ « voler, escroquer » ; (молотьба - "ложь";-ard,-arde штаны " panta¬lon ", crevard ~ « ненасытный, который хочет есть никогда », soiffard-« который пьет много », болтуны - "язык";-ier-.flibustier - « индивид mal¬honnête »)

- le passage d'une catégorie lexico-grammaticale dans une autre : battant, palpitant - « cœur » ; luisant - « soleil » et « jour », crevant -« très fatigant » et « très drôle », cogne - « policier, agent de police », centrale (m) - « prisonnier détenu dans une maison centrale» ; (бьющийся, волнующий - "сердце"; блестящий - "солнце" и "день", изнуряющий - "очень утомительный" и "очень странный", стучи - « полицейский, агент полиции », узел связи (m) - « заключенный, содержавшийся в центральной тюрьме »;)

- la composition : casse-pattes - « boisson très forte », court-jus -« court-circuit », court-circuits - « douleur vive et rapide », casse-pipe -« guerre »,pète-sec se dit d'une personne autoritaire, qui commande sans réplique : (крепкая настойка - " очень сильный напиток ", короткое замыкание - "короткое замыкание", короткие замыкания - " живая и скорая боль ", побоище - "война", властный человек говорится об авторитарном человеке, который заказывает без реплики:)

- le télescopage : malagauche de mala[droit] et gauche - « mala­droit « ,fouhitude de foul[e] et [mul]titude - « grande quantité », éco-nocroques de écono[mie] et croqu[er] ;

- l'abréviation : bombe pour « bombance », alloc pour « allocation », beauf(e) pour « beau-frère », estom pour « estomac », diam pour « dia­mant », maquille pour « maquillage », der pour « dernier » (cf. : le der des ders - « le dernier verre avant de se quitter ») ; (выгибайся для " Bombance «, alloc для "ассигнования «, beauf (e) для "зятя", estom для "желудка", diam для "алмаза", загримируй для "макияжа", der для "последнего" (см.: der ders - « последний стакан прежде чем расставаться »);)

- la formation d'onomatopées : toquante - « montre » < toc-toc, fric-frac - « vol avec effraction » ; (toquante - "часы";тук-тук, ограбление - "кража со взломом ";

  • la formation de locutions phraséologiques, tas de ferrailles - « vé­hicule en mauvais état», pincer de la harpe, de la guitare - « être en prison », son et lumière - « une personne âgée, un vieillard », soixante-dix-huit tours - « personne âgée ou démodée », être tondu à zéro -« avoir les cheveux coupés ras », c'est du cinéma ! - « c'est invraisem­blable, ce n'est pas crédible ! », c 'estpas de la tarte ! - « cela n'ira pas tout seul, c'est qch de très difficile ! », n 'en avoir rien à cirer - « s'en désintéresser complètement ».

Cependant l'argot possède certains modèles et procédés de forma­tion qui lui appartiennent en propre. Signalons, entre autres, les pseudo­suffixes argotiques -mar(e), -muche, -uche, -oche, -go(t), -os, -anche, -dingue, -aga, par exemple : épicemar - « épicier » ; Ménilmu-che - « Ménilmontant », argomuche - « argot » ; la Bastoche - « la Bastille », cinoche - « cinéma » parigot- « parisien », icigo - « ici », lago - « là » ; chicos - « chic », craignos se dit de qch de laid, douteux, inquiétant : « Cet hôpital ripou (= « pourri ») devient craignos », calmos (du calme !), boutanche - « bouteille », préfectanche - « préfecture », cradingue - « très sale, crasseux », sourdingue - « sourd » ; poulaga -« policier». (épicemar - "бакалейщик"; Ménilmu-che - "Ménilmontant", argomuche - "арго"; Bastoche - " Бастилия ", кино - "кино" parigot-"парижский", icigo - "здесь ", lago - "там "; chicos - "шик", craignos говорит себе чего-нибудь некрасивого, сомнительного, тревожного: « Эта больница негодяй (= « гниль ») становится, craignos », calmos (спокойствия!), boutanche - "бутылка", préfectanche - "префектура", cradingue - « очень грязный, грязный », sourdingue - "глухой"; poulaga - "полицейский".)

Un des procédés préférés de l'argot paraît être la déformation des mots existants. Les suffixes argotiques signalés ci-dessus servent notam­ment à déformer les mots de la langue générale en les faisant passer, transfigurés dans l'argot. Un autre moyen de déformer les mots, et qui n'est rien qu'un code spécial, consiste à remplacer la consonne ou le groupe de consonnes initiales par un 1, à les rejeter à la fin en les faisant suivre d'une finale : -é, -em, -i, etc. (Один из любимых способов арго, кажется, является деформацией существующих слов. Арготические суффиксы, выше о которых сигнализируют служат именно чтобы деформировать слова общего языка их пропуская, преображенные в арго. Другое средство деформировать слова, и которое не является ничем, что специальный кодекс, состоит в том, чтобы заменить согласная или группа первоначальных согласных 1, их отклонять в конце их пересылая финала:-é,-em,-i, и т.д..) C'est ainsi qu'ont été formés loucherbem et largonji désignant l'ancien argot des bouchers de la Villette : l-ou-cher-b-em de « boucher », l-ar-gon-j-i de « jargon » ; cf. encore : elicierpem pour « épicier », enlerfem pour « enfer », lauchem - « chaud », laubé - « beau, belle », linvé pour « vingt ». Signalons encore le verlan, autre procédé qui consiste à retourner le mot « à l'envers », syllabe par syllabe : brelica pour « calibre », chicha pour « haschisch », tromé pour « métro »,féca pour « café », ripou pour « pourri »'.

C'est encore plus souvent en conférant des acceptions nouvelles aux vocables de la langue commune que l'argot se développe. D'une manière générale l'argot est caractérisé par les mêmes procédés sémantiques que la langue nationale. Mais parmi ces procédés la première place revient aux changements métaphoriques : « ... la métaphore..., remarque entre autres linguistes, A. Dauzat, c'est une des principales forces créatrices des langages argotiques comme de tous les parlers populaires, essentielle­ment émotifs. » [45, p. 149]. À titre d'exemples nommons piano - « les dents », souris - « fille, femme » (plutôt jeune et bien faite), corbeau - « curé en soutane », aquarium - « bureau vitré ». fuseaux - « jambes » (plutôt maigres), rat - « avare ». éponge - « ivrogne », agrafer, accro­cher - « appréhender, arrêter », nettoyer - « dépouiller », expédier - « tuer ». planer - « rêvasser, ne pas avoir le sens de la réalité » (Именно еще чаще сообщая новые пристрастия в вокабулах литературного языка арго развилось. Как правило арго характеризовано теми же семантическими способами как государственным языком. Но среди этих способов первое место возвращается в метафорические изменения: « метафора, замечает между прочим лингвистов, В. Dauzat, это - одна из созидательных главных сил арго как всех популярных, исключительно эмоциональных parlers. » [45, стр. 149]. В качестве примеров давайте назовем пианино - " зубами ", мышью - « девушка, женщина » (скорее молодая и хорошо сделанная), ворон - « чистившийся в сутане », аквариум - " застекленное бюро ". fuseaux - (скорее худые) "ноги", крыса - "скупой". губка - "пьяница", застегивать, прикреплять - « опасаться, останавливаться », очищать - "снимать «, отправлять - "убивать". парить - « rêvasser, не иметь чувство реальности »)

On y trouve plus rarement des métonymies : pèlerine - « policier », calibre - « revolver ». la calotte - « le clergé, les curés ». foire - « fête, goguette ». (паломница - "полицейский", калибр - "револьвер". тюбетейка - « духовенство, кюре ». ярмарка - « праздник, пирушка ».)

Les euphémismes y sont fort nombreux : effacer, envoyer, descen­dre, régler son compte pour « abattre, tuer ». soulager, détourner, tra­vailler pour « voler ». frangine, nana, fille de noce, marchande d'amour pour « prostituée », faire sa malle, lâcher la bouée, perdre le goût du pain, rendre ses clés pour « mourir ». (Эвфемизмы там очень многочисленны: стирать, посылать, спускаться, платить по счету чтобы « уничтожать, убивать ». утешать, отклонять, работать чтобы "лететь". сестренка, девчонка, дочь свадьбы, продажная женщина для "проститутки", делать ее чемодан, отпускать буй, терять вкус хлеба, обеспечивать его ключи чтобы "умирать".)

Parmi les vocables d'origine étrangère citons -.flemme - « paresse (лень) » < ital. "flemma" - « tranquillité, patience ». fourguer - « acheter des objects provenant d'un vol » < ital. "frugare" - « chercher avec minutie ». sbire - « surveillant de prison, policier » - < ital. '"sbirro" - « policier »

L'argot se distingue par la multiplicité de ses synonymes. En effet, les membres des nombreuses séries de synonymes qu'offre l'argot peuvent être généralement employés indifféremment et présentent des synonymes dits « absolus ». C'est ainsi que pour « père » l'argot dit le dabe ou le daron qui sont de simples équivalents : il en est de même pour « main » -pince, patte, cuiller, etc. ; les équivalents argotiques de « tête » sont encore plus nombreux : bille, bobine, bouchon, boule, caillou, cafetière, citrouille, chou, pêche, cense, cassis, pomme et d'autres figurant au nombre de 66 dans le dictionnai­re de l'argot

Au cours des siècles l'argot des déclassés a fourni au français litté­raire une partie de ses vocables par l'intermédiare du langage populaire. Certains d'entre eux s'y sont incrustés si profondément qu'ils ont complètement perdu leur valeur argotique. Qui se douterait aujourd'hui de l'origine argotique des mots tels que abasourdir (de l'ancien basourdir- « tuer »), boniment (tenue de saltim­banque, de bonir-, dire », proprement « en dire de bonnes »). bribe (qui signifiait à l'origine « pain mendié »). dupe (formé de huppe avec l'ag­glutination du d de de), grivois (autrefois « soldat »). polisson (dont le sens primitif est « voleur ». de polir - « voler »).

L'influence de l'argot continue à se faire fortement sentir dans le français national moderne. Certains vocables, sans perdre toutefois leur valeur argotique et populaire, figurent dans les dictionnaires généraux et reçoivent droit de cité sur les pages des œuvres littéraires