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Вопросы 26-29.docx
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28. L`assimilation des emprunts. Les doublets.

Les mots empruntés s'adaptent à un degré différent au vocabulaire de la langue emprunteuse. L'intensité du processus d'adapta­tion qui s'effectue sous l'action des lois internes de développement varie selon l'origine du mot emprunté, sa structure, son sens, la sphère de son emploi : elle dépend aussi de l'époque à laquelle se rapporte l'emprunt. Il faut distinguer :

1. Les emprunts qui manifestent une faible adaptation et qui par leur structure figurent dans le vocabulaire du français moderne en qualité de mots étrangers. Ces vocables étrangers qui vivent ainsi en marge de la langue courante sont appelés xénismes (du grec xenos - « étranger »). Ici il faut nommer tous les mots exotiques servant à rendre la couleur locale (entre autres : condottiere, vendetta de l'italien, izha. ukaze, samovar, zakouski du russe, chapska, mazurka du polonais.paria de l'indien, cor­nac - « conducteur d'éléphants » du cingalais. Beaucoup d'emprunts an­glais ou anglo-américains, surtout parmi les plus récents, conservent, eux aussi, leur aspect étranger non seulement pour l'orthographe, mais aussi pour la prononciation, qui reste souvent insolite : cottage, cocktail, groom, whisky, walkman = « baladeur » etc.). Tous ces mots font figure d'intrus dans le français moderne.

2. Les emprunts naturalisés français qui en vertu des modifications phonétiques et morphologiques plus ou moins profondes ne se distin­guent plus des mots de souche française.

Il n'y a pourtant pas de cloison étanche séparant ces deux catégories d'emprunts. Entre ces deux extrémités vient se placer un grand nombre de mots d'emprunt en voie d'assimilation. Ainsi qu'on l'a vu d'après les exemples signalés, les mots ne sont guère transférés mécaniquement d'une langue dans une autre. La plupart des mots empruntés subissent des mo­difications plus ou moins grandes quant à l'aspect phonique, la composi­tion morphologique ou l'orthographe. Ces altérations se font dans le sens de l'accommodation des mots empruntés à la structure des mots indigè­nes conformément aux lois internes de développement de la langue em­prunteuse.

Parmi les emprunts assimilés viennent se ranger en premier lieu les mots d'origine latine et romane qui par leur structure se rapprochent le plus des mots purement français et se confondent souvent avec ces der­niers. Les mots d'origine non romane se conforment moins aisément à la langue française. Cependant les lois d'adaptation restent dans les grandes lignes les mêmes pour n'importe quel mot d'emprunt.

En ce qui concerne' la prononciation, la grande majorité des mots d'emprunt s'accommode à l'accentuation et au système de sons du fran­çais

L'adaptation à l'accentuation française se fait de la façon suivante :

1. Lorsque le mot étranger est un oxyton, aucune de ses syllabes n'est supprimée : par exemple : caparaçon < esp. caparazon, bouledogue < angl. bull-dog, redingote < angl. riding-coat ; bolchevik (russe).

2. Lorsque le mot étranger est un paroxyton, on conserve souvent l'accent sur la même syllabe ; alors, à cet effet, tantôt on retranche la dernière syllabe, par exemple : artisan < ital. < artigiâno. balcon < ital. balcône, chocolat < esp. chocolaté : tantôt on remplace la dernière voyel­le par un e muet, par exemple : cadence < ital. cadénza, mascarade < ital. mascarâta : parfois, cependant, l'accent ne s'est pas maintenu et le pa­roxyton devient sans aucun retranchement de syllabe un oxyton, par exem­ple : bravo <ital. bravo, malaria <ital. malaria, guérilla <esp. guérilla, flamenkô < esp. flamenco, loustic < ail. lûstig : partenaire < angl par­tner, spoutnik < russe спутник.

3. Les cas lorsque le mot étranger est un proparoxyton sont rares, par exemple :piccolô < ital.piccolo, tombola < ital. tombola, caméra < angl. caméra.

Les mots d'emprunt subissent des modifications plus ou moins gran­des qui ont pour effet leur adaptation au système de sons du français.

Le système de voyelles des langues romanes méridionales est assez proche de celui du français. C'est pourquoi dans les mots d'emprunt les voyelles sont généralement conservées presque sans changement. Notons pourtant que les voyelles nasales qui n'existent ni en italien ni en espa­gnol apparaissent dans les mots empruntés à ces langues. Une voyelle nasale est prononcée lorsque le mot d'emprunt comporte une des combi­naisons graphiques représentant cette voyelle nasale française, par exem­ple : bambin < ital. bambino, fanfarron <esp. fanfarron,

Notons les modifications les plus nettement marquées dues à l'adap­tation des mots d'emprunt au système grammatical du français : la subs­titution de formes françaises aux formes étrangères correspondantes : penser < lat.pensare, piller < ital.pigliare, réussir < ital. riuscire. boycotter < angl. to boycott, sanatorium au lieu du latin sanatoria. le remplacement des suffixes (par exemple : -ata, italien et -ada, espagnol, ou -er. anglais) par des suffixes français correspondants (par -ade, -eur) ; la francisation des préfixes (ainsi, in- des mots italiens devient en- (em-) en français : imboscare > embusquer, incastrare > encastrer) : la formation de dérivés à partir de mots d'origine étrangère ' accompagnée parfois du rejet d'un affixe originaire sportif (qui a élimi­né sportsman). sportivité, footballeur, skieur, monilorage, clownesque, clownerie, kolkhozien, etc : l'application de formes françaises à certains mots étrangers adoptés eux-mêmes dans une forme grammaticale déter­minée : quoique macaroni, confetti soient des substantifs pluriels ita­liens, ils prennenttoutefois un s au pluriel en français : les formes verbales latines lavabo («je laverai »), mémento (« souviens-toi ») tenus en fran­çais pour des substantifs en reçoivent toutes les caractéristiques. La suppression d'un des éléments du vocable emprunté est aussi un indice de sa naturalisation : piano, kirsch, bock, pull, scripte se sont déta­chés de leurs prototypes étrangers piano-forte, Kirschwasser

Quant à l'adaptation sémantique elle mérite d'être examinée à part. Il est à noter que la majorité des vocables étrangers pénètrent dans la langue réceptrice non pas avec toutes les acceptions qu'ils avaient dans la ' langue donneuse, mais seulement avec une ou quelques-unes d'entre el­les. Ainsi le verbe attaccare qui signifie en italien « attacher, joindre, atteler les chevaux à la voiture » (attacar la carrozza) ; « attaquer, as­saillir, quereller (attacar lite) ». est entré dans la langue française dans le seul sens d'« attaquer ».

Les mots étrangers polysémiques sont adoptés tantôt dans leur sens principal ), tantôt dans leur sens spécia­lisé. Cependant au cours des siècles un mot emprunté peut recevoir des acceptions nouvelles qu'il n'avait pas à l'origine. Des cas curieux sont offerts par certains vocables étrangers qui en passant d'une langue dans une autre changent entièrement leur contenu sémantique. Il y a lieu de nommer ici les « faux anglicismes » ou mots qui prennent en français un sens qu'ils n'ont point en anglais. Tel est le cas de footing qui signifie en français « exercice de marche ». sens que ce mot n'a pas en anglais : le speaker qui en France est un annonceur à la radio désigne en Angleterre le président de la Chambre des Communes ou un conférencier ou même un orateur d'occasion à quelque réunion.

les mots d'emprunt prennent souvent une valeur émotionnelle péjorative.

La francisation peut être une conséquence de l'étymologie populai­re : les formations anglaises bull-dog- « chien-taureau » et country-danse - « danse de campagne » se sont transformées en bouldogue et contredance. l'italien monte-di-pietà - « crédit de pitié » est devenu mont-de-piété.

Les doublets. Ainsi qu'il s'ensuit des faits analysés, le voca­bulaire français examiné du point de vue de son origine se compose de trois couches essentielles de mots :

1) les mots d'origine populaire ;

2) les mots d'origine savante ;

3) les mots d'origine étrangère.

Il peut arriver que deux mots appartenant à deux couches différentes proviennent étymologiquement d'un même vocable introduit dans la lan­gue française par deux voies distinctes. Nous sommes alors en présence de doublets.

Signalons quelques exemples lorsque le même mot latin a pénétré en français par des voies différentes.

mot lat.

Fragilem pensare fabrica hospitale

mot fr. pop.

Frêle peser forge hôtel

mot fr. sav.

Fragile penser fabrique hôpital

Les doublets sont parfois la conséquence du retour dans la langue d'origine de mots déformés à la suite de leur séjour plus ou moins dura­ble dans une autre langue. Tels sont tunnel, interview, humour, car em­pruntés à l'anglais, et leurs parents français tonnelle, entrevue, humeur et char.

Dans la majorité des cas les doublets se spécialisent quant à leur sens (cf. : livrer et libérer, peser et penser) ; plus rarement les doublets sont des synonymes qui diffèrent toutefois par les nuances de leurs acceptions et par leur emploi ; ainsi pour frêle et fragile on dira une personne frêle, une santé frêle, une plante frêle, mais un objet fragile}