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§2. L'agroalimentaire, le "pétrole vert" de la France

"Surtout, je vous en prie, n'industrialisons pas trop!" Il fut un temps, dans les années 20, où un homme politique français pouvait souhaiter conserver le caractère agricole de la France, pays où les "vertes et riantes campagnes" assuraient le pain quotidien de près d'un travailleur sur deux. Ce souhait résonne aujourd'hui comme un pari perdu, certes, mais aussi comme une précaution inutile. Agriculture et industrie n'ont, en effet, cessé de progresser de concert depuis cette date, puisque non seulement l'agriculture française s'est industrialisée, mais encore, l'industrie française est-elle devenue plus agricole.

Que l'on en juge: la production agricole ne concerne plus que 3% de la population active en 1995, contre 27% en 1954. Cependant, cette baisse significative n'a pas affecté la production, il s'en faut de beaucoup. Celle-ci a, en effet, doublé ou triplé dans la même période, suivant les secteurs concernés. Parallèlement, l'industrie agroalimentaire, qui concerne les produits alimentaires élaborés (du beurre au champagne) atteignait, en 1994, un chiffre d'affaires de 713 milliards de francs (142 milliards de dollars), soit 17% de l'industrie française. Les 300000 salariés du secteur représentaient, quant à eux, près de 4% de l'effectif total du secteur industriel français de l'agroalimentaire, qui regroupe tant les produits agricoles que les produits élaborés à partir des produits agricoles, est devenu un pilier de l'économie française. Connue dans le monde pour ses vins, son Champagne et ses fromages, la France dispose désormais d'un véritable "pétrole vert" avec l'agroalimentaire: en 1994, l'excédent des produits agricoles et des produits des industries agroalimentaires (48 milliards de francs, soit 9,6 milliards de dollars) couvrait presque le déficit de l'énergie (60 milliards de francs,12 milliards de dollars). Ce "pétrole vert" est aussi bien "brut" que raffiné, puisque c'est en 1972 que la France est devenue le deuxième exportateur mondial de produits agroalimentaires, alors qu' en 1982 elle est devenue le premier exportateur mondial de produits des industries agroalimentaires.

Le premier exportateur mondial du secteur

A quoi attribuer cette progression remarquable? L'industrialisation de l'agriculture résulte bien entendu des progrès techniques de ces dernières décennies... Toutefois, ces progrès n'auraient incontestablement pas été possibles sans la construction européenne, et plus précisément son volet agricole, la Politique agricole commune (PAC). Dans les années 50-60, la France n'a, en effet, pas encore accompli sa révolution technologique avec les mutations structurelles qu'exige une agriculture et une industrie modernes. La signature du traité de Rome de 1958, qui crée la Communauté économique européenne (CEE), marquera le début d'une grande mutation, que viendront encourager, en France, une série de lois d'orientation au tout début des années 60.

L'objectif de la PAC était alors d'encourager les agriculteurs européens à produire davantage en modernisant les techniques de production dans les meilleures conditions financières possibles. Trois grands principes permettent alors de concrétiser ces objectifs: un marché et un prix uniques pour chaque produit agricole en libre circulation à l'intérieur de la Communauté européenne, une "préférence communautaire" pour favoriser les échanges entre les Etats membres, une "solidarité financière" pour couvrir les dépenses gérées sur la base du Fonds européen d'orientation et de garantie agricole (FEOGA).

Ainsi de nombreux produits verront leur prix "soutenu", c'est-à-dire garanti contre la baisse des coure du marché mondial. Le prix européen est alors supérieur au prix mondial et tout agriculteur de la Communauté européenne exportant vers un pays non membre se voit verser par la Communauté un complément financier couvrant la différence entre le prix européen et le prix mondial. Les céréales, les produits laitiers, le sucre et la viande bovine profiteront particulièrement de ce mécanisme. De la sorte, une stabilité de revenus est garantie aux agriculteurs qui peuvent alors investir et moderniser leur exploitation.