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18.Les transformations lexicales en cours de la traduction.

Il est vrai que dans la traduction, on s'est d'abord penché sur les problèmes de la structure textuelle, de la phrase, des liens syntaxiques entre les mots. Mais on a fini par se rendre compte que ceci était insuffisant. Le point de départ pour un traducteur consiste à connaître les mots. La connaissance lexicale (l'aspect lexico-sémantique surtout) est indispensable, elle est la base de toute traduction. La terminologie multilingue est totalement reliée à la traduction; les terminologues élaborent des glossaires bilingues ou plurilingües de termes d'une spécialité que vont utiliser les traducteurs spécialisés. La terminologie fournit au traducteur des équivalents de traduction dans d'autres langues et des contextes qui le renseignent sur l'utilisation linguistique de chaque unité dans une situation donnée. De cette façon, elle garantit le choix de la forme lexicale précise, adéquate qui correspond à un contenu précis et bien déterminé. La terminologie fait donc l'analyse du lexique spécialisé dans plusieurs langues et les compare par la suite. C'est seulement par la méthode (la terminographie) et les moyens utilisés (la terminotique) qu'elle s'éloigne de la lexicologie comparée. La lexicologie comparée étudie tout le lexique, qui existe en plus des termes, qui fait partie de la "langue générale", et dont la traduction n'est pas toujours facile: remarquons par exemple, la traduction des sigles, des noms propres, des néologismes, du lexique argotique, etc. Elle est chargée d'établir le transfert interlingual des composantes du lexique spécifique et du lexique standard (composé de "mots grammaticaux: pour, à, je... ou lexicaux: table, cuillère..., d'après la terminologie de Rey-Debove, 1971).Elle fait l'étude des domaines suivants: - la formation des mots (dérivation, composition, décalques, emprunts, etc.)- la nature linguistique des mots (onomatopée, interjection, série figée, proverbe,nom propre, etc.)- l'évolution diachronique des mots (archaisme, néologisme)- les registres de langue (vocabulaire familier, populaire, argotique, tabou)- le vocabulaire scientifique et technique- le vocabulaire régional ou local- l'influence d'autres langues (emprunts, faux-amis, etc.).Elle analyse tous ces aspects lexicaux non pas seulement dans la langue espagnole ou dans la langue française mais en comparant directement la traduction d'une langue à l'autre. Elle examine surtout les problèmes de traduction posés au cours du processus de traduction d'un mot ou d'une locution. Pour ce faire, il est évident que la lexicologie (et la terminologie) a besoin de la lexicographie bilingue qui est la base du travail. D'un autre côté, nous constatons que les domaines envisagés dans le traitement lexicographique (monolingue et bilingue) sont les mêmes que ceux que nous avons cités auparavant et qui représentaient l'objet d'étude de la lexicologie, preuve évidente des liens qui unissent les deux disciplines.

19.L’adaptation pragmatique dans la traduction. Les mots désignant les réalités et leur traduction.

L'information socioculturelle qui est traduite par cette classe de mots n'est pas homogиne, car les mots mкmes s'appliquent а des choses (objets) et des phйnomиnes de nature diffйrente. Il est utile de relever parmi ces mots des groupes thйmatiques, ce qui permettrait de systйmatiser les йlйments lexicaux suivant la sphиre de leur emploi. On propose d'envisager le lexique dйsignant : 1) les rйalitйs de la vie quotidienne; 2) les rйalitйs ethnographiques et mythologiques ; 3) les rйalitйs de la nature ; 4) les rйalitйs de la structure administrative d'Etat et de la vie sociale (historiques et contemporaines) ; 5) les rйalitйs onomastiques ; 6) les rйalitйs associatives. Ce dernier groupe est spйcifique et demande quelques explications. A la diffйrence des autres rйalitйs qu'on peut considйrer comme objectives et qui ont trouvй une expression particuliиre dans la langue sous la forme de mots isolйs, les rйalitйs associatives n'ont pas de dйsignations propres et directes et s'attribuent а des mots communs. En franзais aussi bien qu'en russe et en ukrainien, divers termes de la flore (noms floristiques) et de la faune (animalismes), tout en remplissant une fonction nominative, s'emploient depuis fort longtemps par mйtaphore pour йvoquer des qualitйs, des sentiments, des йtats d'вme et des rйactions йmotionnelles. Ces emplois de mots communs crйant des images associatives qui varient d'une langue а l'autre, sont consacrйs par des traditions historiques et ethnographiques. Le titre d'un film mondialement connu “Летят журавли” a йtй traduit en franзais par le groupe “Quand passent les cigognes”. On a dы remplacer le terme russe журавли par un mot franзais marquant une autre notion d'espиce du mкme genre. Ce remplacement n'est pas fortuit. Le terme russe dans ce contexte traduit une rйalitй associative se prйsentant comme un symbole de souvenirs tristes du passй, ce qui en fait un йlйment du lexique poйtique. L'association provoquйe par le mot russe n'aurait pas pu кtre restituйe а l'aide de son synonyme interlinguistique primaire (cf. grue), qui est loin d'йvoquer des images poйti-ques et des associations positives aux Franзais. On n'ignore pas non plus que le franзais grue prend au niveau du langage familier des nuances nettement pйjoratives. Dans ces conditions, seul le choix d'une correspondance occasionnelle, conforme а la mission communicative de l'original a permis une traduction conservant l'image initiale et assurant une rйaction йmotionnelle identique de la part des destinataires. Ce cas tйmoigne d'une certaine adaptation pragmatique qui s'est rйsumйe dans le remplacement du mot clй de l'image associative.

L'adaptation pragmatique serait indispensable pour bien traduire les associations contenues dans le volume informatif de mots ukrainiens comme сокіл, орел, ворона, дуб, дубина, etc., car elles reprйsentent un trait particulier du vocabulaire de cette langue et ne s'appliquent pas aux termes analogues de la langue franзaise (cf. хлопець — орел: un dur; ворона—badaud; біла ворона—merle blanc). Il est tout а fait йvident que la reproduction des rйalitйs associatives fixйes dans les mots communs prйsente plus de difficultйs que celle des rйalitйs dites objectives, d'autant plus que le caractиre habituel de ces termes recиle le danger d'une traduction littйrale qui ne peut que pervertir 1e sens et susciter de fausses rйactions. Le mot maquis traduit une rйalitй associative qui s'est formйe а l'йpoque de la Deuxiиme Guerre mondiale. C'est alors que le maquis est devenu symbole de la Rйsistance franзaise contre les occupants nazis. L'image associative qu'il crйe est basйe sur la mйtonymie, car le terme servait initialement а dйsigner les lieux qui attiraient les rйsistants (maquisards) pour devenir par la suite le nom de tout le mouvement. L'emploi figurй du terme maquis est а l'origine d'une expression connue qui accuse l'euphйmisme ceux du maquis. Ce cas n'est pas unique en franзais. Dans une autre partie de son macrosystиme, qui reprйsente la variante algйrienne, on trouve un emploi analogue du mot montagne, qui a donnй l'expression euphйmique ceux de la montagne.

Cette nouvelle rйalitй associative, fondйe йgalement sur la mйtonymie, s'est fixйe au terme franзais pour des raisons historiques. Pendant la guerre de libйration nationale que les moudjahidines algйriens menaient contre les colonisateurs franзais, la montagne йtait son thйвtre principal, ce qui a transformй sa dйsignation verbale en symbole de lut-te pour l'indйpendance. La restitution de ces rйalitйs associatives, qui portent manifestement une information pragmatique et chronologique, est liйe а des difficultйs considйrables. Pour ce qui est de la rйalitй reprйsentйe par le mot maquis, le problиme peut кtre rйsolu de deux maniиres. Un contexte littйraire bien prйcis admet la transcription pratique de ce terme, accompagnйe d'une note ultйrieure expliquant sa valeur. On le traduit aussi d'une maniиre pйriphrastique par un groupe de mots libre insistant sur la dйsignation directe du signifiй (cf. maquis : партизанський рух, підпілля). La deuxiиme voie est applicable а la traduction de la rйalitй algйrienne, bien que son caractиre associatif et expressif risque de s'y perdre. En tout cas, le contexte peut suggйrer des correspondances occasionnelles et fonctionnelles, susceptibles de traduire l'expressivitй du terme d'origine sans indiquer directement le fait de la rйalitй nationale (cf. ceux de la montagne—партизани, гірські месники). Il se peut qu'une dйsignation par association, propre а une langue, soit remplacйe а la rigueur par une dйsignation directe et neutre du signifiй en question et ce, bien entendu, au dйtriment de l'expressivitй de la traduction. En franзais, le mot ours s'associe par mйtaphore а un homme insociable et hargneux, ce qui n'est pas caractйristique du terme correspondant en ukrainien. Voilа pourquoi l'animalisme est remplacй dans la traduction par un terme commun dйsignant cette qualitй au sens propre (cf. відлюдник). De toute faзon, le traducteur est obligй de dйcouvrir d'abord une rйalitй associative, reprйsentйe par un mot commun, pour lui trouver ensuite une correspondance occasion-nelle rendant bien le contenu et la mission communicative de cette image, mкme si la restitution de la pleine information expressive s'avиre impossible. Les vocables ukrainiens гарбуз, калина, рушник ont acquis des sens associatifs imagйs qui leur permettent de fonctionner comme symboles nationaux. La fonction symbolique de ces termes les distingue de leurs correspondances directes en franзais. C'est le cas des mots franзais courge, citrouille et potiron qui peuvent figurer en qualitй de correspondances de l'ukrainien гарбуз, mais sont incapables de rendre son sens symbolique dans un contexte bien prйcis (cf. пов'язати рушники—подарувати гарбуза). L'objet dйsignй par le terme ukrainien est devenu, dans la tradition populaire, signe de refus lors de la recherche en mariage,cequidemande un commentaire de traducteur. Il en est de mкme pour le terme рушник qui ne peut кtre traduit par ses correspondances directes en franзais serviette ou essuie-mains, car elles n'ont pas de valeur symbolique, propre au mot ukrainien. Cette valeur pourrait кtre explicitйe а l'aide de mots franзais comme porte-bonheur, protecteur, talisman, etc. Des rйalitйs associatives nationales sont courantes dans la poйsie ukrainienne. Lessia Oukraпnka emploie notamment l'image clй de калина dans sa chanson qui porte le mкme titre. Traditionnellement, cette image symbolise une femme aimante, belle et triste. La corrйlation directe de ce mot avec le franзais obier, йtablie par le traducteur, n'est pas en mesure de rendre toute la valeur du symbole ukrainien, ce qui est dы aussi а la diffйrence de genre grammaticale des mots corrйlatifs. Le masculin du terme franзais s'associe mal а l'image fйminine. Celle-ci pourrait кtre traduite en franзais par un autre mot la ronce, plus proche du terme ukrainien d'aprиs sa valeur symbolique et sa marque grammaticale. En revenant au problиme de la traduction des mots dйsignant des rйalitйs objectives, il faut prйciser certaines rйgularitйs qu'on y observe. La condition essentielle de la bonne traduction de ces mots rйside dans la bonne connaissance des choses et des objets qu'ils reprйsentent. Mieux on connaоtra la vie matйrielle et spirituelle d'une communautй linguistique, mieux on pourra prйsenter les objets et les choses qui lui sont propres, afin de les rendre perceptibles au lecteur йtranger. Autrement on ne saurait s'assurer contre des imprйcisions et des erreurs, qui sont malheureusement si frйquentes dans les traductions. Il existe plusieurs possibilitйs de restituer les termes portant une information socioculturelle. La plupart des mots qui traduisent les rйalitйs de la vie franзaise, ont йtй soumis а l'emprunt а dйfaut de correspondances directes dans la langue de traduction, ce qui est dы au fait que les objets, les choses, les phйnomиnes et les notions reprйsentйs par ces mots ne sont pas courants chez les destinataires. L'ukrainien a dйjа empruntй de nombreux termes relatifs а la rйalitй franзaise. En voici quelques exemples : легіон (lйgion), гільйотина (guillotine), жандармерія (gendarmerie), ліцей (lycйe), департамент (dйpartement),кантон (canton), мер, мерія (maire, mairie), бакалавр (baccalaurйat), муніципалітет (municipalitй), префект (prйfet), франк (franc), сантим (centime), etc. Lesdits emprunts fonctionnent aussi en russe. Le franзais a assimilй а son tour plusieurs termes d'origine russe et ukrainienne pour dйsigner les rйalitйs de ces pays (cf. le cosaque, l'hetman, l'isba, le soviet, le kolkhoz, le Kremlin). Tous ces emprunts issus de la transcription ou de la translitйration exercent une double fonction dans le texte traduit. Grвce а leur origine йtrangиre, les mots empruntйs permettent non seulement de nommer des rйalitйs inconnues mais aussi de recrйer la couleur nationale de l'original. Cette derniиre fonction n'est propre qu'а la traduction oщ les termes empruntйs sont ressentis comme “exotismes”.

L'existence des occasionnalismes est limitйe dans l'espace. Ils ne vivent que sur les pages des traductions littйraires et mкme lа subissent la concurrence de synonymes indigиnes qui les voisinent constamment. Cette concurrence est surtout sensible lorsque les notions dйsignйes ne sont pas trиs spйciales. Ainsi les mots concierge, curй, fiacre, bistrot trouvent dans les traductions ukrainiennes des correspondances qu'on peut appeler “synonymiques”, car elles dйsignent des notions analogues (cf. concierge — воротар; curй —священик, піп, батюшка; fiacre—візник; bistrot—трактир, шинок). On peut remarquer que le degrй de ressemblance sйmantique des termes corrйlatifs est diffйrent, la synonymie interlinguistique йtant trиs relative ici. En admettant le remplacement synonymique comme procйdй de traduction des mots-rйalitйs, il faut reconnaоtre qu'il peut provoquer parfois des associations locales, en йcartant la traduction de l'original. Certaines rйalitйs franзaises se restituent а l'aide de termes empruntйs а d'autres langues. Tel est le cas, par exemple, du franзais “hфtel de ville” qui se traduit par un terme d'origine allemande ратуша. Cette corrйlation montre qu'un mot empruntй а n'importe quelle langue est capable de rйpartir ses fonctions en dйsignant des objets semblables, propres а plusieurs communautйs nationales et en conservant dans un contexte йtranger au lecteur son caractиre exotique. Dans le premier cas, la transcription sert de nouveau а mettre en relief la couleur nationale des termes-rйalitйs et а favoriser par lа des associations avec la France. Ceci crйe, dans un texte littйraire traduit, une expressivitй supplйmentaire qui n'est pas caractйristique de l'original. Le style officiel, privй ordinairement d'expressivitй verbale, n'accepte pas la transcription des formes d'apostrophe йtrangиres. Les calques qui constituent une sorte d'emprunt structural sont aussi rйpandus que la transcription dans les textes traduits contenant des йlйments spйcifiques. Ce procйdй rй-side plus prйcisйment dans la traduction littйrale (mot-а-mot) des groupes marquant les rйalitйs. Citons quelques exemples: Centre national d'йtudes spaciales—Національний центр космічних досліджень; Ecole Normale Supйrieure—Вища Нормальна школа (peut s'assimiler а la notion proche педагогічний інститут) ; doctorat de troisiиme cyc-le — докторська дисертація третього ступеня (peut кtre traduit par analogie — кандидатська дисертація) ; La Lйgion d'honneur — орден Почесного легіону. Les deux derniers exemples font ressortir l'addition d'йlйments lexicaux absents dans l'original (cf. дисертація, орден). Ce procйdй, appelй “compensation”, s'emploie en vue d'adapter pragmatiquement le texte initial et rйside dans une nomination explicite de ce qui est implicite dans l'original. Dans les textes franзais, on rencontre souvent des dйsignations rйduites d'йvйnements historiques : p. ex. : La Commune de Paris = La Commune—“La Tribune, journal d'extrкme gauche favorable а la Commune publie par exemple le 28 mars 1877 des comptes rendus sur les йtudes positivistes”. Cette rйduction paraоt justifiйe par le caractиre national de cette rйalitй historique et donc par la notoriйtй gйnйrale de sa dйsignation. Cependant le traducteur est souvent amenй а prйciser par voie de compensation les notions concernйes, en utilisant leurs dйsignations complиtes et communйment admises par les destinataires.

D'autre part, l'adaptation pragmatique du texte d'origine peut se rйsumer en l'omission de certains йlйments qui se prйsentent comme excessifs et n'influencent pas la restitution de son contenu. C'est ce qu'on appelle la “compression du texte”. Les йlйments omis sont d'habitude comblйs par le contexte- Ce procйdй peut кtre appliquй, par exemple, а la traduction du groupe “Universitй de Paris 1 Panthйon-Sorbonne”. Le traducteur laissera sans doute le dernier terme Sorbonne, du fait qu'il est beaucoup plus connu de l'auditoire russe et ukrainien. Certains nйologismes sйmantiques sont apparus en franзais moderne pour dйsigner des rйalitйs nationales ou rйgionales. C'est le cas notamment du mot participation qui s'est vu attribuer un nouveau sens terminologique. Les йconomistes et sociologues en ont fait un terme pour parler de la prйtendue “participation des travailleurs aux bйnйfices de l'entreprise”. Le terme exige soit une traduction compensйe dйcouvrant la nature de la notion dйsignйe soit une traduction pйriphrastique due au remplacement de ce terme par quelque chose d'analogue, ce qui peut contribuer а une йconomie lexicale par compression (cf. participation—участь працівників у прибутках підприємства—соціальне партнерство). Il ne faut pas oublier ici la mission communicative du texte qui emploie de pareils termes. Par opposition aux publications scientifiques qui donnent la prioritй aux termes internationaux, la presse quotidienne n'en abuse pas et emploie de prйfйrence des mots ou groupes de mots indigиnes, mieux perзus par le public, ce qui cause l'apparition des synonymes stylistiques. Citons а titre d'exemple les correspondances russes et ukrainiennes des termes franзais privatiser приватизировать, приватизувати et privatisation приватизация, приватизація, qui fonctionnent librement dans les textes йconomiques. Mais le publiciste leur prйfйrerait des groupes comme передача в частную собственность, передача у приватну власність, etc. Certaines rйalitйs rйgionales qui se sont fixйes en franзais avec leurs dйsignations йtrangиres font souvent l'objet de la transcription dans les traductions. Ce groupe comporte surtout les termes marquant des objets et des produits de consommation courante, rйpandus dans de nombreux pays (cf. brandy, coca-cola, Martini, whisky, pepsi-cola, etc.). L'explication de ces rйalitйs serait inutile car tous ces produits sont connus du receveur. Il arrive tout de mкme que la transcription ne soit pas en mesure de rendre l'information prйcise des termes initiaux, ce qui peut кtre illustrй par la phrase suivante : La sociйtй Coca-Cola s'est installйe en France. La transcription du groupe sociйtй Coca-Cola ainsi que sa traduction littйrale (calque) pourraient faire allusion а une compagnie qui produit cette boisson, ce qui ne ferait que dйnaturer le sens de renonciation. C'est que le terme Coca-Cola n'est point liй ici а la production d'une boisson mondialement connue. Sa fonction est de prйsenter une rйalitй associative stylisiquement marquйe. En raison d'une certaine gйnйralisation sйmantique, le terme Coca-Cola se prйsente aujourd'hui comme un signe de la sociйtй capitaliste moderne qui est celle de consommation. Seule la prise en compte de l'information associative et imagйe qui est contenue dans le volume du terme, peut permettre de lui trouver une correspondance valable, conforme а la mission communicative du texte. Sur le plan pratique, on doit souligner ici l'importance des expйriences antйrieures а l'acte de traduction. En recherchant des correspondances pour traduire des mots-rйalitйs, le traducteur ne peut ne pas tenir compte du prйcйdent s'il a eu lieu. En cas de validitй de ce dernier, la tвche du traducteur se trouve beaucoup facilitйe par le choix d'une correspondance toute faite qui a une chance de devenir constante par la suite. Les connaissances socioculturelles qui se sont incarnйes dans les vocables dйsignant toutes sortes de rйalitйs, tant objectives qu'associatives, reprйsentent un phйnomиne historique. Elles йvoluent avec l'йvolution de la sociйtй ou de la communautй humaine qui les engendre. Une partie de ces connaissances, autrement dit, de ce fond socioculturel, а peine assimilйe par les hommes est vouйe а l'oubli. Il s'ensuit que le fond socioculturel d'un peuple rassemble des connaissances de longue et de courte durйe. Les connaissances de longue durйe constituent la base de la culture nationale et se transmettent d'une gйnйration а l'autre. En reflйtant le patrimoine purement national, elles mettent en lumiиre les choses, les objets et les faits qui sont courants aujourd'hui et ceux qui йtaient courants hier. Mкme si les choses, les objets ou les faits disparaissent avec le temps, les renseignements sur leur nature restent fixйs dans leurs dйsignations gardйes par la mйmoire du peuple ainsi que par les oeuvres йcrites. Les connaissances socioculturelles de courte durйe retracent plus particuliиrement la mode inhйrente а chaque йpoque historique. Elles font leur apparition dans les textes littйraires sous la forme de mots et d'expressions а la mode, de noms et surnoms populaires, d'euphйmismes occasionnels, etc. Du point de vue pragmatique, la prise en compte et la restitution des connaissances socioculturelles de longue durйe, dites fondamentales, sont obligatoires, tandis que celles de courte durйe restent souvent en marge de l'activitй de traduction.

20. Les transformations grammaticales en cours de la traduction. Les problèmes grammaticaux de la traduction. 

La dite incommensurabilitй des syntaxes de la langue source et de la langue cible a fait naоtre l'hypothиse que la traduction devait s'effectuer par transformation de la structure syntaxique initiale. Cette hypothиse qui a pris peu а peu des aspects thйoriques, se fonde principalement sur les principes de la grammaire gйnйrative de N. Chomsky. Celui-ci se propose de construire а partir d'un petit noyau de phrases anglaises de base (simples, dйclaratives, actives, sans verbe complexe ou phrases nominales) un nombre infini d'йnoncйs grammaticalement corrects. Dans sa conception, la langue se prйsente comme un mйcanisme capable d'engendrer par voie de transformations un nombre illimitй de structures syntaxiques complexes, dites superficielles, dont on se sert rйellement dans la pratique parlйe, а partir d'un nombre limitй de structures de base, dites йlйmentaires ou nuclйaires. C'est ainsi qu'on peut relever en franзais quelques types de phrases йlйmentaires, conformes aux structures suivantes : 1. S+Vnon-cop.+Cnon-subj. : J'ai achetй ce livre. 2. S+V : Maman s'impatientait. 3. S+Vcop.+Csubj. : Ils sont heureux. 4. (II y a) +S : (II n'y a) pas de problиmes. S — sujet ; Vnon-cop.— verbe non-copulatif ; Cnon-subj.— complйment non-subjectif. Dans le premier modиle, le complйment non-subjectif peut кtre exprimй en fonction du contexte par le complйment d'objet (Jean attend Pierre), par la circonstance (Elle est allйe а la gare), par le complйment du verbe sous forme de l'infinitif ayant ou n'ayant pas son propre complйment (Elle s'est mise а rire. Elle a commencй а йcrire une lettre). Le deuxiиme modиle, le plus simple d'aprиs sa structure, contient le substantif-sujet et un verbe significatif. Le troisiиme modиle, outre le substantif-sujet, comprend un verbe copulatif et le complйment subjectif (autrement dit, la partie nominale du prйdicat). Le quatriиme modиle reprйsente des phrases impersonnelles commenзant par il y a. A partir de chacun des modиles prйsentйs ci-dessus on peut former un certain nombre de structures dйrivйes dites “transformes”. Prenons, а titre d'exemple, les transformes de la phrase nuclйaire—Jean attend

Pierre: 1. Pierre est attendu par Jean. 2. Jean est dans l'attente de Pierre. 3. Jean attendant Pierre. 4. C'est Jean qui attend Pierre. 5. C'est Pierre que Jean attend. 6. C'est Pierre qui est attendu par Jean.

Il s'ensuit que les transformations grammaticales reprйsentent des pйriphrases, c.-а-d. divers procйdйs de structuration de tel ou tel йnoncй. On peut distinguer deux types principaux de transformations :

1. Transformations visant а changer la structure syntaxique des phrases nuclйaires. 2. Transformations permettant de joindre quelques phrases nuclйaires en un tout.

Le premier type inclut la transformation de constructions actives en passives, affirmatives en nйgatives ou interrogatives. Le second embrasse les cas d'assemblage de phrases йlйmentaires а l'aide de mots et locutions conjonctifs, pronoms relatifs ainsi que par l'usage de diverses constructions juxtaposйes, issues des phrases йlйmentaires. Ainsi, par exemple, deux propositions indйpendantes peuvent кtre transformйes en une seule phrase si le pronom-sujet de la deuxiиme remplace le dernier terme de la premiиre : 1. J'ai vu un nouveau film. 2. Il est trиs intйressant = J'ai vu un nouveau film qui est trиs intйressant.

Une proposition nuclйaire peut кtre remplacйe par un tour infinitif : 1. Elle a vu Pierre. 2. Il montait l'escalier = Elle a vu Pierre monter l'escalier.

Cet exemple prouve que la transformation des structures nuclйaires (йlйmentaires) en structures superficielles entraоne souvent l'omission de certains йlйments superflus, complйtйs facilement par le contexte. Ceci peut кtre illustrй encore par l'exemple qui suit : 1. Jacques est arrivй par le train du soir. 2. Il a pris le taxi. 3. Il a regagnй son logis.

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