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Une journée avec mélanie delloys-betancourt

Mélanie 17 ans, est la fille d'Ingrid Betancourt, otage des Farc depuis plus d'un an.

II y a un mois, elle était à Paris pour rencontrer Jacques Chirac et sensibilisir l'opinion publique française. Elle a maintenant rejoint Saint-Domingue, où elle vit et prépare son bac.

Mon réveil sonne à 6 h 30. Lise, la Seychelloise qui vit avec nous depuis que je suis toute petite, est obligée de me secouer pour que j'émerge! Je prends le petit déjeuner avec mon père et mon frère Lorenzo, qui a 14 ans. Puis papa nous conduit à l'école avant d'aller travailler. II est conseiller économique et commercial à l'ambassade de France, et moi, je suis en terminale S au lycée français de Saint-Domingue. Nous sommes venus vivre ici il y a dix-huit mois car maman avait commencé sa campagne et la vie en Colombie était devenue trop dangereuse. J'étais triste de partir. Mais j'avais tellement confiance en maman! Je savais qu'elle s'en sortirait toujours. Et je n'ai pas perdu espoir.

Nous avons toujours été très proches: je lui racontais tout, et elle ne nous cachait rien. Nous discutions beaucoup de la situation en Colombie, de l'importance de son combat, des risques qu'elle prenait. Sa grande phrase etait: "II y a des combats qui valent la peine, au-delà de la mort." On me dit souvent que j'ai hérité de sa déter­mination. Depuis un an, j'ai beaucoup mùri, mais cela ne m'empêche pas d'être une fille de 17 ans qui aime sortir le soir, aller au cinéma ou discuter avec ses copines... C'est essentiel à mon équilibre. A l'école, je suis plutôt bonne élève. J'adore l'histoire, la philo et les langues. Je parle couramment français, anglais et espagnol, j'apprends l'italie. Mon père étant diplomate, nous avons toujours beaucoup voyagé (Seychelles, Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Colom­bie, France...). Je déjeune rapidement avec mes copines. Le bac approche, il va falloir que je me mettre sérieusement au boulot! Depuis le début de l'année, je profite des vacances scolaires pour donner conférences et interviews dans différents pays. J'ai été reçue par le ministre des Affaires étrangères canadien et j'ai pris la parole au Parle,ent européen, à Bruxelles. Je suis tellement impliquée dans ce combat que j'en perds toute timidité! Le mois dernier, je suis allée à Paris rencontrer Jacques Chirac et Dominique de Villepin, qui est un vieil ami de ma mère. Ils m'ont paru vraiment concernés et j'ai compris qu'on pouvait compter sur la France. Je suis également allée au «Journal de 20 h», sur France 2, et dans l'émission «Tout le monde en parle» pour inviter les Français à venir marcher avec nous le 23 février, date anniversaire de l'enlèvement. Le message a été entendu puisque plus de deux mille personnes nous ont rejoints. C'était extraordi­naire. Les voitures klaxonnaient pour nous soutenir et beau­coup de gens sont venus me voir pour me dire: «Courage, on est avec toi!» A 16 h, mon père passe me chercher à l'école. Nous habitons une maison dans la zone «coloniale», la partie la plus ancienne de la ville. J'aime le côté latin de ce pays. Ça me rappelle la Colombie. Je fais mes devoirs, je me balade avec mes copines... Souvent, j'envoie des messages à maman par l'intermédiaire d'une radio colombienne qui diffuse des programmes tard le soir. Beau­coup d'anciens otages m'ont dit qu'ils l'écoutaient. Je lui dis que je l'adore, qu'on continue à se battre, que j'ai hâte de la revoir. Je sais qu'elle m'entend. Maman a souvent été loin de nous, mais elle a toujours été très présente. Quand on était en Nouvelle-Zélande, on avait tous les jours rendez­-vous avec elle après l'école et, grâce à l'une des premières webcams, on pouvait la voir et lui parler. Mes parents se sont séparés quand j'avais 4 ans, mais je n'en ai jamais souffert car ils sont les meilleurs amis du monde! Ils ont toujours tenu à ce que Lorenzo et moi ne soyons pas séparés. Mon frère est génial, il me donne beaucoup de force. Quand je suis triste, il me prend dans ses bras et ça va tout de suite mieux. J'ai une famille extraordinaire. Mon père est le pilier, il nous rassure et nous encourage. Et puis, il y a ma grand-mère maternelle - qui a fondé un réseau d'orphelinats à Bogotà - et ma tante. Elles sont super actives en Colombie. L'année prochaine, j'aimerais intégrer Sciences-Po Paris (comme maman!). Et, plus tard, je rêve de retourner en Colombie pour m'engager, à mon tour, au niveau politique ou humanitaire. Le soir, nous dînons tous les trois, puis je discute pendant de longues heures avec mon frère, avant de m'endormir vers 23 h. Souvent, je pense à maman. J'ai pour d'oublier sa voix.

►Ma phrase fétiche est: «Armas a discreción, paso de vencedor» (Armes à discrétion, pas de vainqueurs). Mon grand-père la répétait souvent. II est mort juste aprèss l'enlèvement de maman.

►J'aime la peinture. Cela me vient de ma grand-mère et de maman. Nous passions des après-midi à peindre. Aujourd'hui, c'est un moyen de me ressourcer.

►Pour soutenir maman, on peut aller sur www.betancourt.info signer la pétition qui demande sa libération ainsi que celle des 3 000 autres otages en Colombie, et s'engager dans les comités de soutien. C'est aussi un moyen de soutonir sa candidature au prix Nobel de la paix.

D’après « ELLE » 2003

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