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Histoire de Marie de Clèves, l’amour impossible d’Henri III

L’amour aussi profond que sincère, qu’Henri III, fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, éprouvait pour Marie de Clèves, a inspiré les poètes du temps et donnera plus

tard à Madame de La Fayette le point de départ de son roman La Princesse de Clèves.

Marie de Clèves est née en 1553. Elle a été

élevée dans la religion protestante par sa tante, Jeanne d’Albret, reine de Navarre et mère du futur

Henri IV. Celle-ci, le temps venu, cherche un époux digne de sa pupille. Son choix se porte sur le prince de Condé. La jeune fille accepte tristement son sort. Elle a tout juste 19 ans. Par sa beauté et sa

gentillesse, elle se fait très rapidement remarquer par le jeune frère du roi Charles IX, Henri d’Anjou. Grand, large de torse, séduisant, charmeur, il est d’une élégance raffinée.

Marie et Henri se rencontrent lors du mariage d’Henri de Navarre avec sa sœur Marguerite. C’est alors que Henri tombe éperdument amoureux de la fiancée du prince de Condé. Il se comporte comme un collégien, soupire à la lune et compose des vers dédiés à sa bien-aimée. Quant à Marie, toute sa personne reflète la pureté, la sensibilité, la douceur et l’amour pour Henri.

UN CAPRICE D’ENFANT GÂTÉ ?

Henri est heureux et malheureux en même temps. Il voit Marie régulièrement lors de rendezvous secrets, et leur liaison illumine sa vie. Mais, dévoré par la jalousie, il refuse que sa Marie

épouse le prince de Condé : si bien qu’il décide de l’épouser lui-même à tout prix. Mais Catherine de Médicis refuse que son fils préféré s’unisse avec Marie, une petite marquise : elle lui a trouvé pour épouse la princesse Elisabeth d’Autriche. On ne dit pas non à Catherine de Médicis. Mais Henri ose le lui dire.

Catherine est en colère : son fils, qui se permet de contredire la reine-mère ! Elle fait presser la noce. Le 10 août 1572, le prince de Condé épouse Marie de Clèves.

Ce mariage avec le prince de Condé mal-aimé n’empêche pas Marie de revoir son Henri. De nouveau les amoureux se donnent des rendez-vous secrets, connaissent un bonheur sans mesure, mais de courte durée. Une séparation va bouleverser leur existence.

À la fin de septembre 1573, Henri doit rejoindre son lointain royaume sans savoir s’il pourra jamais revenir auprès de sa bien-aimée. Il quitte Marie

et part pour Cracovie, d’où il écrit à sa Dame de

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longues lettres enflammées, qu’il signe de son sang. Marie est inconsolable.

Le 30 mai 1574, Charles IX meurt à l’âge de 24 ans. Henri d’Anjou succède à son frère défunt sur le trône de France pour devenir Henri III. Depuis son retour en France, début septembre 1574, il arrive à Lyon, où Catherine de Médicis l’attend. Le roi aurait voulu prendre tout de suite la route de Paris, revoir sa Marie, son amour, la serrer sur son cœur, déposer la Couronne à ses pieds et l’épouser après avoir fait annuler son mariage avec le prince de

Condé. Mais la reine-mère lui conseille de rester quelque temps à Lyon. Henri III obéit et rentre dans sa chambre pour écrire à celle qu’il considère comme son épouse un billet passionné qu’elle ne devra jamais recevoir.

LA MORT DE MARIE DE CLÈVES

Hélas ! Le 30 octobre, Marie de Clèves meurt en couches, après avoir donné le jour à une petite fille prénommée Catherine. Une lettre vient apprendre la nouvelle à Catherine de Médicis qui, bien que le décès de celle qu’elle a refusé de voir unie à son fils préféré lui apporte un certain soulagement, pendant toute une journée se demande comment elle va pouvoir en informer Henri. Finalement, elle glisse la lettre parmi des papiers d’État que le roi doit étudier. Le lendemain matin, en s’asseyant à sa table, ses yeux rencontrent le parchemin. Une minute, il reste sans mouvement, sans voix. Son visage devient couleur de cendres, ses mains battent le vide, il roule sur le sol, évanoui. Catherine veille à la porte. Elle le fait transporter dans sa chambre où il demeure, dévoré par la fièvre pendant plusieurs jours.

Henri se tape la tête contre les murs, pleure toutes les larmes de son corps, crie son désespoir, refuse de manger. Tous les efforts de la reine-mère et de ses fidèles amis pour le sortir de cet accablement sont vains. Superstitieuse, la reine-mère s’imagine que son fils était victime d’un charme et qu’il va mourir à son tour.

Puis les mois passent et Henri III paraît oublier sa peine. On le croit guéri, alors qu’il cherche à gaspiller sa vie. Rien ne lui importe plus. Laissant Catherine de Médicis s’occuper des affaires de l’État, il se met à coudre des robes pour sa sœur Marguerite, exécute de petits travaux de broderie… Ce que voyant, la reine mère décide de le marier au plus tôt. Plusieurs princesses sont proposées au roi, qui les refuse.Alors, Catherine se fâche et déclare qu’un souverain doit avoir une épouse pour se donner des héritiers.

« Laissez-moi choisir », répond le roi. Et il désigne Louise de Vaudémont qu’il connaît

depuis son règne en Pologne. Une délégation part immédiatement pour Nancy demander au prince de Vaudémont la main de sa fille. Le mariage a lieu le 15 février 1575. Paraissant absolument inconscient de ce qui se passe, Henri sourit bizarrement pendant toute la cérémonie nuptiale. Tout indique que ce mariage n’est qu’une mascarade.

Louise est une belle jeune fille douce et vertueuse.

Après l’assassinat de son époux, elle prend un deuil qu’elle ne quittera pas, le deuil en blanc des reines

(d’où son nom de Dame Blanche). D

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Histoire de la mort de Gabrielle d’Estrées

Henri IV, qui succède à Henri III, ne gouverne pas, il

est gouverné. Ses exploits amoureux sont aussi fameux que ses exploits guerriers. «Le Vert Galant», comme on l’appelle, ira même jusqu’à

prendre Chartres pour séduire celle qui sera son grand amour, Gabrielle d’Estrées, qui a failli devenir reine de France.

C’est en 1590 qu’a lieu la rencontre entre le roi Henri IV et Gabrielle d’Estrées. À cette époque, il y a un an qu’Henri Bourbon est devenu roi de France. L’obstacle majeur qui barre la route du trône à Henri IV, c’est sa religion : il est protestant et une partie de la noblesse française se refuse de le reconnaître comme le successeur du dernier des Valois, Henri III. Un jour, il dîne chez son écuyer duc de Bellegarde qui lui présente la ravissante Gabrielle d’Estrées.

À peine la voit-il qu’il tombe éperdument amoureux. Mais malgré les attentions du roi qui s’empresse d’être charmant, Gabrielle ne lui adresse que de maigres sourires. Les temps sont difficiles, marqués par une effroyable violence : protestants et catholiques continuent de se massacrer.

Six mois passent. Un jour, Henri demande à Gabrielle ce que lui ferait plaisir, la jeune femme réclame la libération de Chartres tenu par les ligueurs. C’est ainsi que le roi qui s’apprêtait à attaquer Rouen, deuxième ville du royaume, change brusquement d’avis et apprend à ses conseillers stupéfaits que l’armée va faire le siège de Chartres. Le 19 avril 1591, le roi emporte la ville. Gabrielle d’Estrées éblouie par le dévouement d’Henri IV, finit par éprouver de l’admiration pour cet homme aussi galant que courageux et s’installe durablement dans sa vie.

Désireux de faire plaisir à Gabrielle et pour lui offrir une place à la Cour, Henri entreprend de la marier. Ce sera Nicolas d’Amerval, baron de Benais.

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En juin 1592, Gabrielle devient Mme de Liancourt. Le mari s’efface aussitôt de sa vie, elle suit son roi à la conquête du royaume de France. Le 27 février

1594, Henri est sacré roi de France à Chartres et au banquet qui suit la cérémonie, Gabrielle brille en reine. Henri n’a jamais été aussi amoureux de son amante. Il le lui montre en la couvrant de cadeaux et de dons d’argent.

Gabrielle met au monde le 7 juin 1594 un premier fils baptisé César et qui reçoit le titre de duc de Vendôme.

Gabrielle est heureuse et songe maintenant à assurer sa position. Mais ce n’est pas facile, car la jeune femme n’est pas aimée du peuple. On n’aime pas du tout que la favorite du bon roi Henri vive dans un luxe scandaleux, alors que le royaume est ruiné par trente ans de la guerre civile.

Henri n’y prête aucune attention, et lorsqu’il se rend à Rouen en 1596, il exige que Gabrielle soit accueillie cérémonieusement par le parlement de Normandie. C’est à Rouen, au palais abbatial le 11 novembre 1596 que Gabrielle mettra au monde son deuxième enfant : Catherine-Henriette.

Henri, fou de bonheur, songe à épouser sa bienaimée et à fonder avec elle une nouvelle dynastie, mais un obstacle subsiste : il est marié depuis 1572 à Marguerite de Valois, qui vit retirée en Auvergne. Elle refuse le divorce au profit de Gabrielle. Henri persiste. Lorsque le 15 septembre 1594, il fait son entrée officielle dans Paris, Gabrielle est à ses côtés.

De nouveau enceinte, elle accouche le 19 avril d’un deuxième garçon, que le Roi prénomme Alexandre. Henri ne dissimule plus ses intentions d’épouser Gabrielle.

Il aime Gabrielle, et dans son esprit, la question de son mariage avec elle est résolue.

Au début de l’année 1599, il annonce publiquement, devant la Cour, son intention d’épouser la jeune femme lors d’une fête qui se déroule au Louvre, le 23 février.

Gabrielle triomphe et ne dissimule pas sa

joie : « Il n’y a plus que Dieu et la mort du Roi pour m’empêcher d’être reine de France ! » s’écrie-t-elle. Propos funestes !

UNE MORT MIRACULEUSE

Début avril, Gabrielle doit quitter Fontainebleau et le Roi, afin de se rendre à Paris. La jeune femme, fatiguée par sa grossesse, accepte mal

la séparation et pleure. Le Roi, récemment converti au catholicisme, a de la peine, lui aussi, de devoir se séparer d’elle pendant quelques jours. C’est donc rempli d’une tristesse réciproque que, le 6 avril

au matin, le couple se sépare. Gabrielle décide de voyager par bateau. Le roi accompagne celle qu’il nomme « mon tout » jusqu’au petit port de Savigny- le-Temple où elle doit embarquer. Au moment de quitter Henri, Gabrielle, les larmes aux yeux, se jette au cou de son amour en le suppliant de veiller sur leurs enfants. Henri, lui aussi est bouleversé ; longtemps il demeure sur la berge à regarder le bateau qui emporte la femme qu’il aime.

À trois heures, le bateau accoste devant l’Arsenal. Une nombreuse escorte l’accompagne, c’est toujours en grand équipage qu’elle se rend chez le banquier d’origine italienne, Ferdinand de Médicis, où elle déjeune. Le repas est fastueux et Gabrielle y fait honneur, bien qu’elle ait trouvé une saveur étrange à une orange à laquelle elle a goûté. C’est alors qu’elle est prise de violents maux de ventre.

Elle souffre de convulsions ; le mal est effroyable. Affaiblie, Gabrielle sombre dans le coma. Plusieurs coursiers se rendent à

Fontainebleau pour avertir le Roi. Celui-ci, fou d’angoisse, saute à cheval et se dirige vers Paris. Tout à coup, il voit son chancelier Pomponne de Belièvre, parti à sa rencontre pour arrêter sa

course : « Sire, lui dit-il, la duchesse est mourante. Les convulsions l’ont défigurée. Quel déplaisir extrême serait le vôtre, voyant en si déplorable état et sans remède une personne que Votre Majesté a tant aimée ! ».

Éperdu de chagrin, le roi se laisse reconduire à Fontainebleau où il s’écroule, incapable de retenir ses sanglots. Quant à la malheureuse Gabrielle, elle souffrira encore douze longues heures, avant de rendre le dernier soupir le 10 avril. La nouvelle de sa mort se répand très vite : dans les rues de Paris, le peuple laisse exploser sa joie cruelle à l’annonce de sa mort. Les rumeurs d’empoisonnement circulent aussitôt.

Henri ordonne que les obsèques soient dignes d’une princesse de sang. Il assiste aux funérailles, vêtu de noir. Il porte le deuil huit jours, ce qu’aucun roi de France n’avait encore jamais osé faire en hommage à une favorite…

Trois semaines plus tard, il épouse Marie de Médicis, dans l’intérêt de l’État. La raison prévaut sur l’amour. D

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Marie Mancini,

l’amour perdu de Louis XIV

Le cardinal Mazarin avait une nombreuse famille. L’une de ses nièces s’appelait Marie Mancini. Intelligente, spirituelle, au tempérament passionné, c’est elle qui est devenue le premier amour du jeune roi Louis.

Elle a lu Dante, Ovide, Sénèque. Le jeune Roi est charmé par la profondeur de ses connaissances, qui dépassent de beaucoup les siennes. C’est sans doute à Marie Mancini que Louis XIV doit son goût pour les beaux-arts et les belles-lettres. Marie a 19 ans, Louis 20 : ils vivent l’un et l’autre leur première histoire d’amour. Toute la Cour ne parle que de cette romance. Louis envisage même de l’épouser.

Caspar Netscher, Potrait d’une dame, probablement de Marie Mancini

Mais Anne d’Autriche est mécontente. Elle demande au cardinal Mazarin de négocier le plus vite possible le mariage de Louis avec l’infante Marie-Thérèse d’Espagne. Ce mariage mettra enfin terme à l’interminable guerre entre la France et l’Espagne. Louis annonce à Anne d’Autriche qu’il ne veut pas de mariage espagnol. Une scène d’une rare violence se déroule alors,

mais la reine-mère est inflexible. Désespéré, Louis éclate en sanglots, se jette aux genoux d’Anne,

la supplie. Mais Anne rappelle le souverain son fil à ses responsabilités, et Louis s’incline devant la raison d’État. Mazarin éloigne Marie ; elle est envoyée à Brouage, petite ville royale dont le cardinal est le gouverneur. Louis accompagne sa bien-aimée jusqu’à son carrosse sans pouvoir retenir ses larmes. Longtemps, il demeure à la portière, comme s’il veut reculer le plus possible l’instant dramatique.

Sa mère lui donne l’autorisation de correspondre librement avec sa bien-aimée et de la revoir une dernière fois. Le 22 juin 1659, la Cour suit le dernier acte du drame. Louis se rend

àBrouage, voir la chambre où Marie a versé tant de larmes en soupirant son nom. Non, il n’est pas guéri de son amour pour Marie Mancini.

Il respecte son épouse, mais ne l’aime pas et cherche d’autres divertissements. Moins d’un an après son mariage, Louis n’a aucun scrupule

àl’abandonner en compagnie de ses servantes espagnoles.

Et Marie ? Mazarin lui trouvera un mari. Marie donnera naissance à trois beaux garçons. Mais

son époux était très jaloux et l’épiait à tel point qu’elle a fini par fuir son palais, quitter son prince et finalement être prise par des pirates. On la retrouvera en Espagne, à l’abri dans un couvent. Elle pense toujours à son Louis, dont elle porte encore le cadeau d’adieu, un collier aux perles. Elle meurt en 1715 à Pise. D

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Portrait présumé de Marie Mancini

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Louise de La Vallière, celle qui ne songeait qu’à aimer le roi

Louise de La Vallière a 17 ans lorsqu’elle fait son entrée à la Cour comme demoiselle d’honneur d’Henriette

d’Angleterre, qui vient d’épouser Philippe d’Orléans, frère cadet de Louis XIV. Très discrète, vertueuse, timide, la tête pleine

de rêves, aux yeux bleus voilés de mystère, elle a beaucoup de charme. Orpheline de père, elle a

reçu une très bonne éducation et se sent heureuse à la Cour du Roi où tout le monde resplendit de beauté, de gaieté, d’élégance.

Dès qu’elle voit Louis, elle en tombe amoureuse. Passionnément. À la folie. Amour secret, sans espoir. Et soudain, elle sent que Louis la remarque, elle reçoit, pendant une partie de cartes, quelques mots griffonnés sur un deux

de carreau. Quelques jours après, elle reçoit le premier billet doux du Roi. Est-ce possible ? Elle n’ose pas y croire. Elle lui répond. Et Louis, extrêmement sentimental et nostalgique de l’amour romantique qu’il a découvert avec Marie Mancini, comprend qu’il est aimé.

Sincère, pieuse, timide, charmante, prête à tout sacrifier pour lui sans rien lui demander, elle l’adore. Marié depuis un an avec Marie-Thérèse d’Autriche, Louis craint le scandale. Ainsi que la colère d’Anne d’Autriche, cette mère chérie à qui il ne veut pas déplaire.

Mais le secret des amours du Roi est mal gardé. La Cour a un nouveau sujet de conversations !

La reine-mère est mise au courant, elle est mécontente que son fils, à peine marié, se lance dans une nouvelle aventure.

Louise est désespérée : maintenant que ce n’est plus un secret, elle se voit exposée à tous les

regards. Elle est obligée de suivre le Roi à la chasse, dans ses déplacements d’une résidence à l’autre, dans ses expéditions militaires, d’être présente à toutes les fêtes officielles. Louis en fait sa première favorite officielle, en offrant en son honneur, au printemps du 1664, l’une des plus belles fêtes

que l’on ait jamais vues : « Les Plaisirs de l’île enchantée », où Molière donne la représentation

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de Tartuffe. C’est ainsi que Louise devient objet d’admiration autant que de jalousie et d’envie, victime de perpétuelles intrigues.

En novembre 1663, Louise accouche d’une manière clandestine d’un garçon. Le garçon meurt à l’âge de 2 ans, et un second garçon, né en 1665, ne vit pas plus longtemps. Elle donnera à Louis XIV deux autres enfants, Marie-Anne de Bourbon et Louis de Bourbon, né l’année suivante, qui seront tous les deux légitimés. Après plus de quatre ans de l’amour absolu, Louis commence à se lasser d’elle ; son amour pèse maintenant sur lui comme un fardeau.

LES TROIS REINES

Anne d’Autriche meurt en 1666 et Louis XIV se sent libéré d’une tutelle maternelle. Mais il est marié, et il est impensable, même pour le Roi, de bafouer le droit conjugal. Cependant Louis ne se sépare ni de Mme de Montespan, ni de Louise de La

Vallière. La Reine, l’ancienne et la nouvelle favorite sont condamnées à vivre dans des appartements contigus, à voyager dans le même carrosse, à prendre part aux mêmes divertissements et à se détester très fort.

Toute la Cour surveille l’évolution du drame sentimental avec une grande curiosité. Ce jeu trop cruel pour Louise de La Vallière va durer 10 ans… Louise n’en peut plus. Le 11 février 1671, laissant une lettre d’adieu à son Louis, elle s’enfuit de Versailles, demande l’hospitalité au couvent de la Visitation et tombe évanouie sur les dalles.

Mécontent de ce départ qu’il n’a pas autorisé, Louis XIV lui envoie des émissaires chargés de la sommer de revenir. Ce n’est que Jean-Baptiste

Colbert, le surintendant des Finances, qui réussit à la convaincre de rentrer au château de Versailles. La vie ordinaire reprend son cours, avec ses intrigues, ses souffrances et les commentaires sans pitié des courtisans.

Désespérée, Louise s’enferme toujours plus dans la prière, cherchant auprès de son confesseur l’aide nécessaire au projet qu’elle mûrit : se retirer définitivement au couvent du Carmel et de prendre le voile. Le 19 avril, Louise de La Vallière, accompagnée de ses deux enfants, ses parents et ses amis, rejoint le couvent de Carmélites de la rue Saint-Jacques. Ce couvent est connu par de très

sévères règles monacales. La lourde porte se referme pour toujours derrière elle. Elle a 30 ans. Elle y passera 36 années dans la méditation et le silence et mourra le 6 juin 1710, à 66 ans. D

Louise de la Beaume le Blanc, duchesse de la Vallière et ses enfants, Marie Anne de Bourbon, Mademoiselle de Blois future princesse de Conti et le comte de Vermandois

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