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La Langue FRANÇAISE 2015 ЯНВАРЬ 31

matique

Diane de Poitiers,

la favorite dans toute sa majesté

Diane de Poitiers... La favorite plus célèbre même que le Roi Henri II, amoureux d’elle. Cette histoire d’amour qui a lié Henri II à une favorite, âgée de vingt ans plus que lui, pendant vingt ans est incroyable et inexplicable.

Diane naît dans les premiers jours de janvier 1500. Elle reçoit une éducation raffinée. À 15 ans, Diane de Potiers est déjà une jeune beauté à la Cour de François Ier. Elle est presque aussitôt mariée à Louis de Brézé, grand sénéchal de la Normandie, un homme laid et bossu, âgé de 56 ans. Le mariage est célébré à Paris, en présence de François Ier, et Diane est aussitôt élevée au rang

de dame d’honneur de la reine. Cette fonction prestigieuse lui confère la possibilité d’assister à toutes les cérémonies et de participer aux fêtes les plus somptueuses.

Sa fidélité conjugale surprend tant les contemporains que les rumeurs font de Diane la maîtresse de François Ier. Il s’agit d’un scandale qui éclate, lorsque le père de Diane est accusé de haute trahison et condamné à mort. Alors qu’il présente son cou dénudé au bourreau, un archer accourt au galop, agitant en l’air une lettre scellée de cire verte qu’il tient à la main, il se met à crier :

« Cessez, cessez ! Voici la rémission du Roi ! ». Le condamné baise l’échafaud et fait le signe de croix : il est gracié ! La foule, déçue, se disperse. On dit que Diane est allée à Blois se jeter aux pieds du Roi. De là à penser qu’elle a payé cette grâce de sa vertu. Il n’y a pas un mot de vrai dans tout cela.

HENRI II, A-T-IL

BU UN PHILTRE D’AMOUR ?

Leur première rencontre a lieu quand Henri n’est encore qu’un enfant. François Ier qui se bat en Italie, se fait prisonnier de Charles Quint et est envoyé en Espagne. Quelle humiliation ! Il est retenu en Espagne durant un an et n’obtient sa libération qu’à la suite d’un traité l’obligeant à échanger sa place dans le sinistre donjon espagnol contre celle de ses deux fils aînés, le dauphin François, âgé de 8 ans et Henri, qui en a à peine 7.

Les deux otages sont conduits en Espagne vers le lieu de détention de leur père, accompagné par un discret cortège jusqu’à Bayonne, ville frontière, où doivent se faire les adieux. Devant les petits princes, qui ne comprennent pas encore très bien ce qui leur arrive, les dames ont de la peine à cacher leurs larmes. François, l’aîné, est destiné

à être roi de France, Henri, le cadet, n’est qu’un

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enfant ordinaire. Le Roi préfère son fils aîné, gai, aimable, qui lui ressemble. Henri se sentant mal aimé est peu aimable.

À Bayonne, Henri se sent plus seul que jamais. C’est à ce moment-là que Diane de Poitiers pose les yeux sur lui. Est-elle attendrie devant son air abandonné ? Elle s’approche et l’embrasse sur le front. L’enfant n’oubliera jamais le sourire et un baiser magique de la plus belle dame de la Cour qui l’a distingué, choisi, élu. Les deux enfants sont enfermés au lugubre château de Ségovie. Henri se console en lisant des romans de chevalerie et pensant tout le temps à sa belle dame, à Diane de Poitiers ! Ce beau souvenir lui donne un goût de philtre d’amour et tient d’un conte de fées. Enfin,

une rançon de deux millions d’écus d’or est versée, et les enfants retournent en France le 1er juillet 1530.

Henri a 11 ans, mais il en paraît davantage. Il rencontre enfin sa belle Dame ! Plus belle encore que dans son souvenir.

On fête le retour des princes par le grand tournoi auquel les deux princes sont invités à participer. Suivant les règles du tournoi, chaque champion doit placer ses exploits sous un patronage féminin (d’habitude, c’est la Reine ou la favorite qui sont élues). Les fils du Roi prennent part au tournoi. Le Dauphin, en garçon bien élevé, vient s’incliner devant la Reine. Henri abaisse

sa lance aux pieds de Diane de Potiers. Diane est flattée, mais ne voit dans ce geste du garçon autre chose qu’un enfantillage. Quant au Roi, il trouve son fils cadet insuffisamment poli.

Sur la demande du Roi, Diane se soucie de le marier. Elle lui propose l’une de ses cousines, la petite Catherine de Médicis !

CATHERINE DE MÉDICIS

En 1533, la petite duchesse Catherine débarque à Marseille et s’agenouille devant son futur époux, Henri d’Orléans qui regarde avec une totale indifférence celle qui va devenir sa femme. Elle n’est pas jolie. La mode est aux blondes, elle est brune. Elle a une bouche épaisse et les joues un peu lourdes. Ses yeux sombres sont globuleux. Tous les deux auront tout juste 14 ans. Ils feront là un mariage de raison.

Le pape Clément VII, oncle de Catherine, donnera une messe solennelle. Catherine gagne la sympathie du Roi. Elle impressionne les contemporains par l’étendue de ses connaissances. Mais son jeune époux Henri qu’elle adore, ne l’aime pas : il a l’esprit et le cœur trop absorbés par sa « Dame », Diane de Poitiers.

LE DAUPHIN FRANÇOIS EST MORT,

VIVE LE DAUPHIN HENRI !

Le 10 août 1536, le dauphin François meurt subitement à 18 ans après avoir bu un simple verre d’eau. On suspecte un empoisonnement. C’est donc Henri qui devient l’héritier de la couronne. Il a 17 ans. Diane a alors 37 ans. Catherine devient Dauphine. On ne voit en elle que la petite duchesse insignifiante que le caprice du Roi a hissée bien au-dessus de sa condition.

Après neuf ans de mariage, Catherine n’a toujours pas d’héritier. Elle craint d’être renvoyée en Italie pour cause de stérilité. La Dauphine fait tout ce qu’il est possible pour conjurer le mauvais sort. Elle s’adresse à Dieu, elle croit

aux guérisseurs, alchimistes, sorciers. Elle porte des talismans, boit des philtres, s’applique

sur le ventre d’étranges cataplasmes, absorbe d’immondes mixtures.

Enfin, le miracle attendu se produit : Catherine se trouve enceinte, et c’est Diane qui l’embrasse la première. Pour comble de bonheur, c’est un garçon, François, qu’elle met au monde, le 19 août 1544, après onze années de mariage. Après ce

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Fragonard Alexandre-Evariste, Diane de Poitiers dans l'atelier de Jean Goujon

premier-né, Catherine donnera naissance à neuf autres enfants, dont sept survivront.

Et cependant, son mari ne la remarque pas, ses pensées sont toujours occupées par Diane de Poitiers. Il porte toujours les couleurs de Diane – le noir et le blanc, appelle celle-ci sa « Dame » et lui envoie des poèmes.

Les sentiments d’Henri n’ont point de mystère. Ses lettres amoureuses font preuve de sa passion et débordent de déclarations brûlantes : « Ma mie ! Je ne puis vivre sans vous. » Et il signe « celui qui vous aime plus que lui-même ». L’amour d’Henri pour Diane ne s’éteint pas avec les années. On peut dire que c’est la plus surprenante liaison royale de l’Histoire.

LE DAUPHIN HENRI DEVIENT LE ROI HENRI II

En 1547, le roi François Ier est mort. Ce sera Henri qui lui succède, sous le nom de Henri II. Il a 28 ans. Diane 48. Ils s’aiment. Malgré le temps qui passe, Diane est toujours aussi belle et jeune. Lors de son Sacre, ce n’est pas sa femme Catherine qui est placée au premier rang, mais Diane !

En 1548, Diane de Poitiers reçoit le titre de duchesse de Valentinois. Énorme privilège, en général réservé aux princes du sang. Elle a droit à toutes les gloires et honneurs.

Le 10 juin 1549, Catherine de Médicis est solennellement sacrée et couronnée reine de

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France. Dans la basilique de Saint-Denis, le sacre de la reine de France est conduit par… Diane

de Poitiers ! Le cérémonial veut que la Reine, après être coiffée de la couronne, en soit ensuite débarrassée pour entendre la messe. C’est alors que survient un incident scandaleux. Respectant scrupuleusement les instructions, la fille de Diane s’avance vers la Reine et la décharge de son fardeau. Puis elle se dirige vers sa mère et dépose la couronne aux pieds de Diane de Poitiers. La reine Catherine sait : c’est Diane de Poitiers qui est la vraie reine, c’est elle qui règne sur le cœur de Henri II et sur le royaume.

Diane obtient tout : titres, terres, châteaux. Le Roi lui offre aussi de nombreuses propriétés,

comme les châteaux de Limours et de Chenonceau, et lui fait construire un domaine à Anet (Eure-et- Loire), véritable joyau de la Renaissance.

La favorite royale aménage autour de son souverain un art de vivre, tout imprégné de l’idéal courtois puisé aux sources des romans de chevalerie.

LES SECRETS

DE BEAUTÉ DE DIANE

Malgré les années, Diane est toujours très belle. Sa beauté est majestueuse. Diane de Poitiers marque de son empreinte la poésie, la statuaire, la peinture et même l’architecture de son temps. Sa mince silhouette athlétique, son visage lisse comme un masque demeurent le symbole de la Renaissance. Le Roi qui pourrait être son fils lui dédie sa vie, lui écrit des lettres enflammées, veut tout ce qu’elle veut, la traite en plus que Reine.

Sa beauté donne lieu à toutes sortes de supputations à la Cour. On lui prête volontiers l’usage de la sorcellerie. Est-ce philtre de jeunesse éternelle ou magie mystérieuse ? On n’en sait pas grand-chose, sauf qu’une véritable discipline

spartiate règle sa vie quotidienne : couchée chaque soir à vingt heures, elle se lève à six heures, prend un bain d’eau glacée, puis monte à cheval et fait une promenade dans la campagne, jusqu’à huit heures. Au retour, elle prend un petit déjeuner léger et se recouche pour faire une sieste jusqu’à midi.

LA MORT CRUELLE D’HENRI II

Les années passent. Catherine de Médicis a 37 ans, son corps est épais, son visage est bouffi. Sa rivale a pourtant 57 ans. Mais sa beauté défie le temps. Catherine souffre en silence et dissimule sa jalousie, se résignant à vivre dans l’ombre de sa

rivale qui pourrait pourtant être sa mère ! Le masque de la résignation qu’elle a mis le jour de son mariage, elle ne le lève pas jusqu’au bout, comme elle ne perd jamais son sang-froid.

La signature d’une paix s’accompagne toujours, au XVIe siècle, de mariages censés la consolider. On marie la fille d’Henri et de Catherine, Elisabeth à Philibert II, le roi d’Espagne. Une fois, le contrat entre la France et l’Espagne signé, les festivités peuvent commencer. Pas de mariages sans tournois. Le tournoi est organisé à Paris, le long de la rue Saint-Antoine. Le Roi tient à participer aux tournois.

On est le 30 juin 1559. Diane, assise en haut de la tribune érigée contemple ce champ même où le jeune prince Henri a pour la première fois incliné son étendard à ses pieds 28 ans auparavant.

Il est cinq heures de l’après-midi. Les trompettes sonnent, les deux chevaliers se précipitent au galop l’un vers l’autre, abaissant leurs lances. La lance de Montgomery heurte la visière du Roi, se brise et transperce l’œil en sortant par la tempe d’Henri II...

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« Je suis mort ! » s’écrie le Roi. Les spectateurs se précipitent pour arrêter le cheval. On enlève le casque royal : un flot de sang s’en échappe et inonde le visage. Le blessé est saisi de fièvre et de douleurs violentes et entre en agonie. Sur son lit de douleur, Henri réclame la présence de Diane à ses côtés, mais sa favorite n’est pas autorisée à faire ses adieux à Henri.

Le 10 juillet 1559, le roi de France Henri II rend le dernier soupir, sans avoir revu sa bien-aimée Diane. Il est âgé de 40 ans. Il a régné douze ans. Il laisse quatre fils, dont l’aîné a quinze ans, et une veuve, Catherine de Médicis, qui va régner pendant 30 ans (de 1559 à 1589) sur la France et sur ses trois fils : François II, Charles IX, Henri III.

LA DISGRÂCE DE DIANE LA BELLE

Catherine est bouleversée par la mort de Henri, un époux qu’elle a sincèrement aimé.

Oubliant un moment son chagrin, Catherine savoure enfin sa revanche et interdit à Diane de venir se recueillir sur la dépouille du défunt. Elle dépêche un messager à Anet, le château de Diane, pour réclamer les clefs des cabinets et du secrétaire

du défunt Roi. Humiliée, la Reine veut humilier l’ex-favorite et trouve la meilleure vengeance ! Parce que rendre tous les trésors avec la clé du cabinet royal est le comble de l’humiliation d’une favorite en disgrâce. Diane restitue le tout dans un coffret, accompagné d’un inventaire méticuleux et d’une lettre dans laquelle elle se jette aux pieds de Catherine, implore son pardon pour les offenses commises et l’assure de ses vœux.

Catherine de Médicis a l’élégance de laisser à sa rivale qui l’a fait tant souffrir, tous les biens, sauf le magnifique château de Chenonceau, cher à son cœur. Diane échappe ainsi au couvent, sort réservé aux anciennes favorites.

La revanche était longue à venir, mais elle est arrivée. Celle qui avait si longtemps dominé la France entrait à son tour dans l’oubli. Enfin, Catherine triomphe de sa rivale, enfin elle peut diriger le royaume !

P.S. Diane de Poitiers passe son temps à voyager d’un château à l’autre. Elle s’adonne toujours à sa passion pour l’équitation. En 1565, elle doit pourtant y mettre fin après être tombée du cheval et s’être brisé la jambe. Affaiblie, elle meurt quelques mois plus tard, le 26 avril 1566, sept ans après la mort du Roi. D

Jean Goujon, Diane appuyée sur un cerf

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Histoire de Marie Touchet, favorite de Charles IX

Tout les opposait et pourtant, rarement une histoire d’amour n’a été aussi belle. À la différence de bon nombre des rois de France, ce souverain n’a qu’une seule et unique favorite : Marie Touchet, née à Orléans en 1549.

En automne 1566, le roi Charles IX, fils cadet de Henri II et de Catherine de Médicis, a 16 ans lorsqu’il rencontre au cours d’une chasse près d’Orléans, la jolie Marie Touchet. Depuis la mort de son père, Charles est soumis à l’autorité de

sa mère, Catherine de Médicis. C’est bien elle qui gouverne à sa place un royaume déchiré. Le souverain, passionné par la chasse, accepte parfaitement l’omniprésence maternelle.

Quant à Marie, elle est issue d’une famille d’origine flamande et protestante.

Son père, Jean Touchet, est seigneur de Beauvais, conseiller du Roi et lieutenant particulier au baillage d’Orléans. Marie est donc protestante. Charles a 16 ans. Marie en a 15. Elle est très belle : pleine de grâce, toute fine, de grands yeux vifs, des cheveux noirs, des dents blanches. Elle est aussi très intelligente et bien instruite. Elle doit ses connaissances à son père, qui lui a transmis, en plus d’une excellente éducation, le goût des arts et des sciences.

Dès le premier regard, entre les deux jeunes gens l’amour fait des étincelles. Réputé timide auprès des dames, Charles n’a jusqu’à présent connu aucune aventure sérieuse. Tombé sous le charme de Marie, il se sent pousser des ailes. Leur amour doit rester secret, parce que Marie est de confession protestante. Pour permettre à Marie Touchet de suivre la Cour dans tous ses déplacements, Charles IX demande à sa sœur, Marguerite de Valois (la future reine Margo), de la faire entrer à son service comme femme de chambre. Conquis, très amoureux, le jeune Roi

s’adonne au jeu de l’amour courtois. Peu à peu, la favorite prend son rôle au sérieux.

En sa présence, le Roi d’ordinaire violent et cruel se montre fort calme, maître de lui, voire doux et tendre. Il compose des vers et les dédie à sa chère Marie. L’influence de Marie sur Charles est de plus en plus considérable. Tout cela ne peut qu’inquiéter Catherine de Médicis. Il faut donc éloigner sans tarder cette Orléanaise…

Elle décide alors de marier Charles avec Elisabeth, fille de l’empereur d’Autriche Maximilien.

Les noces sont célébrées le 26 novembre 1570, à Mézières. Les mois passent, et Charles est de plus en plus triste. Il a beau être marié, il n’oublie pas celle qu’il aime et, chaque fois qu’il peut, court la

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rejoindre à Orléans. Partagée entre une épouse et une favorite, la vie suit son cours, paisible. Jusqu’à la Saint-Barthélemy.

En pleine nuit du 24 août 1572, le tocsin de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, située en face du palais du Louvre où réside le Roi, se met

àsonner. La France, sans le savoir, s’apprête à vivre l’une des nuits les plus sanglantes de son Histoire : le massacre de la Sainte-Barthélémy. Charles IX n’a à peine que 22 ans, il ne sait pas contredire sa mère, la Grande Catherine de Médicis. Cette nuit, il ne s’est pas opposé à la décision de Catherine de tuer tous les chefs

protestants qui sont arrivés avec Henri de Navarre

àl’occasion de ses noces avec Marguerite de Valois.

Au cours d’une nuit ont été assassinés des milliers de protestants, hommes, femmes, vieillards, enfants. Un massacre dont il se sentira responsable et dont il ne se remettra jamais.

Le Roi reste abattu pendant des semaines. Ses nuits, dit-on, sont « peuplées de cauchemars ».

On le voit chaque jour de plus en plus las, pâle, amaigri, fiévreux. Il fait de brutales crises, ne voit partout que les traîtres et les comploteurs. Son état s’aggrave de jour en jour. Catherine de Médicis est très inquiète pour l’état de santé de son fils. Elle décide à contrecœur de faire revenir l’Orléanaise à la Cour, espérant que la

jeune femme pourra redonner le goût de vivre à son fils. Marie s’installe donc à Paris, dans une petite maison tout près du Louvre, où Charles vient passer de calmes après-midi, s’efforçant d’oublier pour un moment son cauchemar… Elle n’intervient d’aucune manière dans les affaires politiques du royaume, mais offre au Roi un amour inconditionnel.

Le 28 avril 1573, dans le plus grand secret, Marie accouche d’un petit garçon, appelé Charles comme son père. Cet heureux événement est soigneusement caché, en raison du scandale qu’il représente pour la famille royale, mais

la rumeur se propage néanmoins à la Cour. La reine Élisabeth se sent très malheureuse,

d’autant plus qu’elle n’a pu donner qu’une fille à Sa Majesté. Charles IX fait taire toutes les mauvaises langues et légitime son fils, selon la tradition monarchique française, sous le nom de Charles duc d’Angoulême. En gage d’amour et de reconnaissance, il offre à Marie le château du Hallier, près de Nibel.

Hélas, la vie apaisée et pleine d’amour est trop courte. Un an plus tard, le 30 mai 1574, atteint de pneumonie tuberculeuse, Charles IX meurt au château de Vincennes, à la veille de ses 24 ans. Sa mort subite l’empêche de rédiger un testament en faveur de Marie et de son fils. Jusqu’à sa mort, le Roi éprouvera un amour profond et sincère pour la douce et sage favorite.

Après la mort de Charles, Catherine de Médicis autorise à Marie de rester à la Cour, de conserver un rang honorable.

Marie Touchet mourra le 28 mars 1638 à l’âge de 89 ans dans son hôtel particulier de la place Royale (aujourd’hui, la place des Vosges) D

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