Cours VI. L’adjectif
Plan
1. La définition
2. La sous-catégorisation des adjectifs
3. Les classes morphosyntaxiques des adjectifs
4. Les catégories morphologiques de l'adjectif
5. La syntaxe de l’adjectif
La définition
Le terme «adjectif», par son étymologie latine, signifie «qui s'ajoute». Il s'ajoute à un autre mot auquel il apporte une précision de sens. Il est donc inapte à être employé seul, chaque adjectif est présupposé à un certain substantif dont il marque la propriété (la couleur, les dimensions, la position, l’état et d’autres caractéristiques permanentes et temporelles). C’est pourquoi les adjectifs à la différence des noms ne possèdent pas de valeur nominative complète: les mots sérieux, long, mauvais ne peuvent pas effectuer des notions indépendantes, ils sont utilisés pour montrer ce qui est sérieux, long ou mauvais.
La définition de l’adjectif chez les grammairiens français n’est pas homogène. Dans la plupart des ouvrages antérieures à la «Nouvelle grammaire du français» de J.Dubois et R.Lagane en 1973 («La Grammaire Larousse du XX siècle» (1936), «La grammaire Larousse du français contemporain» (1964), «L’essai de grammaire psychologique» de Georges Galichet (1970), etc.) on identifiait deux types d’adjectifs: les qualificatifs et les déterminatifs (numéraux (cardinaux et ordinaux), possessifs (atones et toniques), démonstratifs, relatifs, interrogatifs-exclamatifs, indéfinis).
L.Bloomfield dégageait les adjectifs descriptifs, adjectifs limitatifs sectionnés en déterminants et numératifs.
Le structuralisme américain fait entrer dans la linguistique le couple «adjectif»/«déterminant».
En 1962 R.-L.Wagner et J.Pichon adoptent la notion du «déterminant». Le «déterminant» s’oppose dorénavant à «l’adjectif», on sous-entend «qu’un déterminant ne serait pas «adjectif» (au sens étymologique d’une addition au nom) et qu’un «adjectif» ne déterminerait pas le nom, soit, littéralement, qu’il ne lui prescrirait aucun «terme», aucune limite» Dubois et Lagane implantent cette notion dans l’usage scolaire . En 1975 «Les Codes de la terminologie française» la préscrivent aux enseignants. M.Grévisse aussi l’accepte dans son «Bon usage».
Donc, la grammaire d’aujourd’hui classe comme qualificatifs tous les adjectifs qui indiquent une qualité ou propriété essentielle ou accidentelle de l'objet désigné par le nom (ou le pronom) sur lequel ils portent. On réserve l'appellation d'adjectif à la seule catégorie de mots variables en genre et en nombre; on oppose ainsi cette classe à l'ensemble des déterminants du nom: il faut étudier séparément les adjectifs «non-qualificatifs» (possessifs, indéfinis, démonstratifs, interrogatifs, numéraux) qui fonctionnent en réalité comme déterminants du nom.
2. La sous-catégorisation des adjectifs. Comme le nom, l'adjectif peut varier en genre et en nombre; mais contrairement au nom, il ne possède pas par lui-même un genre. Les adjectifs dépendent d'un autre terme de la phrase, généralement nominal ou pronominal, et leur fonction se définit selon la manière dont ils sont mis en relation avec cet élément régisseur. On dégage ainsi deux types d’adjectifs: les adjectifs qualificatifs et les adjectifs relatifs.
2.1. Adjectifs qualificatifs. On détache la classe des adjectifs qualificatifs qui sont appelés ainsi parce qu'ils indiquent une caractéristique du terme auquel ils se rapportent. Les adjectifs qualificatifs varient en degré (si, très, plus, moins courageux). Ils ont régulièrement un correspondant nominal (courageux/courage, paresseux/paresse, bon/bonté) et forment souvent la base d'un adverbe
A présent contre cette terminologie de nombreux savants insistent qu’on ne peut pas séparer ces deux notions – d’adjectif et du déterminant puisque l’adjectif englobe par nature les adjectifs qualificatifs et les adjectifs déterminatifs. Et puis le déterminant ne présente pas une classe à part mais l’adjectif porte une fonction déterminative.
Contrairement aux noms ordinaires, les adjectifs qualificatifs renvoient à des propriétés, c'est-а-dire à des concepts exclusivement descriptifs dépourvus d'autonomie référentielle.
Les adjectifs qualificatifs peuvent fonctionner dans la phrase:
comme attributs du sujet ou de l'objet: Ce livre est intéressant et Je trouve ce livre intéressant.
comme épithètes ou compléments déterminatifs : J'ai lu un livre intéressant.
comme les termes détachés : Cette jeune fille, paresseuse depuis un an, va rater ses examens.
2.2. Adjectifs relatifs .Une classe d'adjectifs très productive ne s'emploie normalement qu'en fonction épithète (un palais royal, une voiture diplomatique, un décret ministériel, etc.) Ces adjectifs immédiatement postposés au nom sont dits relatifs ou relationnels parce qu'ils indiquent une relation (qui ne peut varier en degré: une voiture très diplomatique) avec le référent du nom dont ils sont dérivés. Cette relation dépend du sémantisme de leur nom recteur (un décret ministériel — un décret du ministère). Ils constituent dès lors l'équivalent syntaxique et sémantique d'un complément du nom ou d'une subordonnée relative qui expliciterait cette relation: une voiture de diplomate, une voiture qui appartient à un diplomate.