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Лекции по истории языка

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On emploie les formes toniques suivantes pour le masculin:

sg.

c.s.

li miens

li tuens

li suens

 

c.r.

le meon>mien

le tuen

le suen

pl.

c.s.

li mien

li tuen

li suen

 

c.r.

les miens

les tuens

les suens;

pour le féminin:

 

 

sg.

c.s.=c.r. la meie (moie)

la toue

la soue

pl.

c.s.=c.r. les meies (moies)

les toues

les soues.

Pour exprimer l’idée de possession au pluriel on emploie pour le

masculin:

c.s.=c.r. nostre

vostre

lour

sg.

pl.

c.s. nostre

vostre

lour

 

c.r. nostres

vostres

lour.

Pour le féminin:

 

 

sg.

c.s.=c.r. nostre

vostre

lour

pl.

c.s.=c.r. nostres

nostres

lour

Il existe les formes atones suivantes pour le masculin:

sg.

c.s. mes

tes

ses

 

c.r.

mon

ton

son

pl.

c.s.

mi

ti

si

 

c.r.

mes

tes

ses

Pour le féminin on emploie:

 

 

sg.

c.s.=c.r. ma, m’

ta, t’

sa, s’

pl.

c.s. mes

tes

ses

 

c.r. mes

tes

ses

Pour le masculin on emploie:

 

 

sg.

c.s. =c.r. nostre

vostre

lor, lur

pl.

c.s. nostre

vostre

lor, lur

 

c.r. noz

voz

lor, lur

L’idée de possession au féminin s’exprime à l’aide des pronoms:

sg.

c.s.=c.r. nostre

vostre

lor, lur

pl.

c.s.=c.r. noz

voz

lor, lur

L’opposition fonctionnelle entre les formes toniques et atones n’est pas encore aussi nette en afr. Les atones s’emploient adjectivement, les formes toniques connaissent deux fonctions — adjectivale et pronominale.

5.4.3. Les pronoms démonstratifs. Les pronoms démonstratifs de rapprochement sont dérivés du latin de la combinaison de la particule ecce +

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pronom démonstratif iste > *ecceiste. Les toniques et atones s’opposent par la voyelle initiale ‘i-’. Au masculin il y a des formes suivantes:

 

tonique

atone

sg.

c.s.

icist

cist

 

c.r. dir.

icest

cest

 

c.r. indir.

icestui

cestui

pl.

c.s.

icist

cist

 

c.r.

icez

cez (ces)

Les formes pour le féminin:

 

sg.

c.s.

iceste

ceste

 

c.r.dir.

iceste

ceste

 

c.r.indir.

icesti

cesti

pl.

c.s.

icestes

cestes

 

c.r.

icez

cez(ces)

Les démonstratifs d’éloignement sont dérivés du latin ‘ille’ renforcé par la particule ‘ecce’. Les toniques et atones s’opposent par la voyelle initiale ‘i-’.

Les formes du masculin sont suivantes.

sg.

c.s.

icil

cil

 

c.r.dir.

icel

cel

 

c.r.indir.

icelui

celui

pl.

c.s.

icil

cil

 

c.r.

icels (iceus)

cels (ceus)

Pour le féminin on emploie les formes qui suivent

sg.

c.s.

icele

cele

 

c.r.dir.

icele

cele

 

c.r.indir.

iceli

celi

pl.

c.s.=c.r.

iceles

celes

Le neutre connait une seule forme pour le cas sujet et cas régime: icest, cest et icel, cel.

Les deux formes fonctionnent à la fois comme pronom et comme adjectif.

Cependant la forme icist, cist est beaucoup plus fréquente en fonction de l’adjectif qu’en celle de pronom. Le pronom démonstratif cil sert de synonyme tonique au pronom personnel de la troisième personne il. Pour renforcer l’opposition sémantique ‘proximité — éloignement’ depuis la fin du XII s. on ajoute une marque adverbiale ci, la.

Le neutre qui provient de la combinaison ecce + hoc > ço est utilisé comme sujet avec les verbes impersonnels et comme régime. Il présente les notions abstraites et les objets inanimés.

Le pronom relatif provient du pronom latin qui, quae, quod.

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c.s.

qui (ki, qi)

c.r.dir.

que (quet)

c.r.indir.

cui

Le neutre possède deux formes: atone que et tonique quoi, il est indéclinable. Dès ses origines le français fait une forme spéciale pour le complément du nom: de + unde > dont. En tant que pronoms interrogatifs on emploie les relatifs, sauf dont et que.

5.5. Verbe. Tendances de l’évolution. Le verbe conserve mieux que le nom le caractère synthétique bien qu’il fait une large place à l’analyse.

Les formes synthétiques latines sont doublées en afr. de formations analytiques à toutes les cathégories grammaticales: temps, mode, voix, aspect. A la suite des modifications phonétiques la structure morphologique du verbe perd sa netteté et présente une grande variété de formes parfois vides de sens, p.ex. l’alternance des radicaux.

5.5.1. Les formes non-personnelles sont l’infinitif, le participe présent, le participe passé et le gérondif. Les infinitifs du premier groupe ont la terminaison -er, -ier (porter, mangier), les infinitifs du deuxième groupe — ceux en -ir (finir), du troisième groupe — les infinitifs en -eir (-oir), -re, -ir (deveir, rendre, rire, venir). L’infinitif passé est une forme composée, p.ex. aveir dit. Les fonctions syntaxiques de l’infinitif sont celles du français moderne: ce sont le complément du verbe, le complément circonstanciel, le complément du nom. L’infinitif se combine avec les verbes modaux et autres qui le régissent en constituant avec lui le prédicat de la proposition.

P. ex. Mais la dolur ne pothent ublier (Rol.).

A la différence du français moderne l’infinitif comporte les caractéristiques du nom héritées du latin: il se décline et reçoit l’article du masculin. Tout infinitif peut se substantiver, mais ne reçoit guère de déterminant — adjectif.

P. ex. La buche mustre le penser.

Le participe présent a les mêmes catégories: le nombre et le cas et les mêmes fonctions que les adjectifs à une forme pour les deux genres.

P.ex. Ja avez vos ambsdous les braz sanglanz (Rol.)

Óвас обоих уже руки в крови.

En tant que forme verbale il se combine avec le verbe estre et traduit la durée: la construction marque une action simultanée à une autre qui dure.

P. ex. Si l’orrat Carles qi est as porz passant (Rol.).

Так его услышит Карл, который проходит по ущелью.

Le participe passé connaît le genre, le nombre et la déclinaison au masculin (c.s. portez, c.r. portet). Il prend souvent un emploi adjectif: il sert de déterminant et d’attribut.

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P. ex. L’espee prent com’home iriez (Trist.).

Он меч берет как разгневанный человек.

Il fait partie des formes analytiques de la voix passive et avec les verbes auxiliaires aveir et estre il forme les temps composés.

P. ex. Et s’en est entré (Trist.). И он туда вошел.

Le gérondif — la désinence du gérondif coïncide avec celle du participe présent, mais à la différence de celui-ci le gérondif est une forme invariable. Il garde son caractère nominal:

p. ex. ...de sun vivant... (Rol) ... при его жизни.

L’emploi verbal se présente dans les constructions suivantes:

a) en combinaison avec le verbe aller (aler, s’en aller) pour traduire la durée et la progression d’une action:

p. ex. Parlé as a ton amant qui por toi se va morant (Auc.).

Ты говорила со своим любимым, который ради тебя умирает...

b)en combinaison avec un pronom possessif il est employé isolement, le plus souvent avec les verbes oïr (слышать) et veir (видеть) . Au dйbut le gйrondif n’est pas prйcйdй de la prйposition ‘en’. L’ancien usage se fait voir dans les locutions figées. P.ex. chemin faisant, tambour battant.

5.5.2. Les formes personnelles. Le verbe possède six catégories grammaticales: le mode, le temps, la voix, l’aspect, la personne et le nombre.

La personne est exprimée surtout par la flexion et en parties par les pronomssujets. Le verbe connaît quatre modes dont chacun comporte plusieurs formes temporelles à part l’impératif: indicatif, subjonctif, impératif et conditionnel: celui-ci est un apport roman.

Les formes temporelles sont à quelques exceptions celles du français moderne.

L’indicatif compte huit temps dont quatre sont des formes simples (présent, imparfait, passé simple, futur simple) et les autres des formes composées (passé composé, plus-que-parfait, passé antérieur, futur antérieur). Le subjonctif a deux formes simples (présent, imparfait) et deux formes composées (passé, plus-que-parfait). Le conditionnel n’a que deux temps: présent et passé dont le deuxième présente une forme analytique.

La voix comporte quatre séries: l’actif, le passif, le réflechi et le factitif. Quant à l’aspect, il ne présente pas d’oppositions aussi nettes que les autres catégories du verbe. Toutefois l’afr. distingue l’achevement et le commencement de l’action, la durée illimitée et la progression qu’il exprime à l’aide des formes temporelles et des tours périphrastiques.

Les formes du verbe latin constituent deux systèmes: les temps de l’infectum (présent, imparfait et futur I ) et ceux du perfectum (parfait, plus-

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que-parfait, futur II exactum). Le futur I est remplacé par une nouvelle forme syntétique du type salvarai, prindrai. Le français a éliminé le plus-que-parfait et le futur antérieur latins qu’il a remplacé par les formes composées. Dans le très ancien français (IXs.) on rencontre quelques vestiges du plus-que-parfait syntétique (‘Ste Eulalie’).

Dans le système verbal il existe une grande multiplicité des radicaux grâce aux alternances phonétique: p. ex. amer, amons, amant — aimets (a- contre ai-); demorer, demorons, demorant — demouret (-o- contre -ou-).

Ces alternances n’ont aucune valeur morphologique, voilà pourquoi elles seront éliminées pendant les XIV—XVI ss.

Le verbe connaît trois conjugaisons. La troisième conjugaison est nommée archaïque. Elle se caractérise par une grande variété de formes personnelles et non-personnelles.

Au cours de son évolution la langue tend à normaliser et unifier les conjugaisons complexes ou bien à remplacer certains verbes irréguliers par d’autres qui soient réguliers: p. ex. choir (падать) est remplacй par tomber; issir est remplacé par sortir; férir est remplacé par frapper.

Les temps hérités du latin sont au nombre de cinq: présent de l’indicatif, imparfait de l’indicatif, passé simple, présent du subjonctif, imparfait du subjonctif qui provient du plus-que-parfait du subjonctif latin.

5.5.3. Les temps composés. Les temps composés ont remplacé en afr. la série du perfectum latin, qui ne subsiste qu’en passé simple et l’imparfait du subjonctif. A l’aide des auxiliaires aveir et estre se sont formés le passé composé, le passé antérieur, le plus-que-parfait, le futur antérieur de l’indicatif, le passé et le plus-que-parfait du subjonctif et le passé du conditionnel. La valeur temporelle des temps est marquée par la forme de l’auxiliaire, le participe passé du verbe conjugué traduit la valeur lexicale. Les formes remontent aux constructions périphrastiques marcant la conséquence d’une action précédente (‘j’ai écrit une lettre’ veut dire ‘je possède une lettre qui a été écrite’). Par la suite, la périphrase insiste sur l’aspect, sur un fait accompli. Ce sont les participes passés des verbes perfectifs ou terminatifs (c.-à-d. qui désignent le terme d’une action) qui se prêtent facilement à la formation des temps composés. La valeur temporelle s’accentue de plus en plus et se substitue petit à petit à la valeur d’aspect. Les verbes imperfectifs ou cursifs sont aussi introduits dans les tours périphrastiques. A partir du XI s. on rencontre ces combinaisons non seulement avec les verbes transitifs, mais aussi avec les verbes intransitifs.

Le choix du verbe auxiliaire dépend du caractère transitif ou intransitif du verbe. Les verbes transitifs se combinent avec aveir, les verbes intransitifs

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préfèrent estre. Cependant le verbe auxiliaire aveir remplace souvent estre dans la conjugaison d’un grand nombre de verbes intransitifs.

Le verbe estre se conjugue en afr. avec lui-même d’abord et ensuite après le XIII s. il se conjugue avec le verbe auxiliaire avoir.

Les temps surcomposés n’existent pas en afr., ils se forment pendant les XIV—XV ss.

5.5.4. Les valeurs et les emplois des catégories grammaticales en afr. 5.5.4.1. Les temps. L’emploi des temps est différent de celui du français moderne (frm.). Dans la narration au passé on utilise indifféremment et côte à côte le présent, le passé simple et le passé composé pour désigner les actions

successives.

P. ex. Li reis li dunet (près.) e Rollant l’a reçut (passé composé).

Le passé simple désigne une action accomplie sans aucun rapport avec le présent. A la différence du frm. il est employé non seulement dans la narration, mais aussi dans la conversation.

P. ex. Qu’as tu dunc fet? Jeo chantai (Auc.).

Le passé simple sert également à exprimer un état et une action qui dure. En très ancien français (IX s.) toutes les descriptions sont au passé simple. Les premiers textes ne connaissent pas l’imparfait.

P. ex. Buona pulcella fut Eulalia (‘Ste Eulalie’). Ço fut citet mult bele (‘St Alexis’).

Le passé composé exprime le temps et l’aspect. L’action qu’il traduit se passe au passé, mais de par son résultat elle liée au présent.

P. ex. As porz d’Espagne ad lesset sun nevold (Rol.).

L’imparfait et le plus-que-parfait sont rarement employés avant la fin du XII s.

P. ex. Meillor vassal n’aveit en la curt nul (Rol.).

Les temps composés ne sont pas à l’époque des temps relatifs, c.-à-d. ils n’expriment pas l’antériorité par rapport à un autre temps.

Ces temps s’emploient dans des propositions indépendantes ainsi que dans des propositions subordonnées.

Le plus-que-parfait et le passé antérieur expriment le temps passé et l’aspect achevé de l’action.

P. ex. Ço dit li reis que sa guerre out finie (Rol.).

Le futur antérieur dans les propositions indépendantes est l’équivalent du futur simple.

P.ex. Mult larges teres de vus avrai cunquisses (Rol.)

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Au XIII s. les valeurs des temps subissent des modifications très nettes qui approchent leur usage du frm. L’imparfait désigne l’état et une action simultanée à une autre.

P. ex. Ele senti que li vielle dormoit qui aveuc li estoit (Auc.).

Les temps composés expriment de plus en plus souvent l’antériorité

(passé antérieur, plus-que-parfait, futur antérieur) et figurent dans les propositions subordonnées.

P. ex. Et quant ele l’at asses escouté si comença à dire (Auc.).

5.5.4.2. Les modes. Le subjonctif exprime divers sentiments et volontés du sujet (désir, ordre, incertitude, craint, souhait et toutes sortes de nécessités). Ce qui est particulier pour l’afr. c’est que le subjonctif est usité non seulement dans les subordonnées, mais aussi dans les propositions indépendantes sans particule ‘que’.

P. ex. Deus me cunfunde (Rol.).

Cependant d’autres particules sont souvent employées avec le subjonctif, ce sont or, car, si.

P.ex. Or diet (Rol.)! Пусть он говорит!

Le subjonctif s’emploie dans les interrogatives rhétoriques et les questions indirectes.

P.ex. Comment je puisse a li parler?

L’imparfait du subjonctif qui provient du plus-que-parfait subjonctif latin exprime le sens hypothétique dans les propositions principales et subordonnées.

P. ex. Se il fust vif, jo l’eüsse amenet (Rol.).

Если бы он был жив, я бы его привел.

Le conditionnel — c’est un nouveau mode créé à l’époque romane. Il fait concurence au subjonctif, il représente l’éventuel, d’abord dans une proposition indépendante.

P. ex. A ton bel cors, a ta figure

Bien convendreit tel aventure (Jeu d’Adame).

Depuis le XII s le conditionnel s’emploie dans la principale suivie ou précédée de la subordonnée qui comprend un verbe au plus-que-parfait du subjonctif.

En ce qui concerne l’impératif, il faut mentionner que certains verbes n’ont pas gardé les formes latines pour exprimer l’impératif. Elles sont remplacées par le subjonctif. L’impératif est utilisé fréquemment avec le pronom-sujet.

P.ex. Jel te di et tu l’entens! (Auc.)

Я тебе это говорю, а ты слушай это.

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5.5.4.3.La voix. Il y a plusieurs opinions sur la catégorie grammaticale de la voix en afr. P.ex. N.A.Katagochtchina, M.C.Gourychéva, K.Allendorf estiment que l’afr. possède seulement deux voix: passif et actif. L.M.Skrélina dit que l’afr. connaît quatre voix: l’actif, le passif, le réfléchi et le factitif.

L’afr. a éliminé les formes syntétiques du passif latin, elles sont remplacées par les formes analytiques avec le verbe estre sur le modèle qui existait déjà en latin au parfait, plus-que-parfait et futur second du passif.

L’afr. peut exprimer le passif par les verbes pronominaux. P. ex. Or se cante (Auc.).

Le réfléchi traduit l’action qui sort du sujet et y retourne, le sens du pronom-complément s’efface et la forme pronominale commence à désigner aussi le caractère intransitif du verbe.

P. ex. Carles se dort (Rol.).

Ele se commença a porpenser del conte... (Auc.)

Le factitif c’est une forme qui indique que le sujet fait faire l’action. Il est traduit à l’aide des verbes faire et laissier.

P. ex. Se je me lais caïr, je briserai le col (Auc.).

Если я упаду, то я сломаю себе шею.

5.5.4.4.L’aspect. Plusieurs linguistes sont d’accord que le verbe en afr. exprime les nuances d’achèvement ou d’inachèvement de l’action; il peut exprimer le commencement, la fin de l’action, la répétition etc. L’afr. forme plusieurs constructions périphrastiques à ces fins.

P.ex. estre + participe présent exprime une action simultanée à une autre; aller + gérondif exprime la progression de l’action.

P. ex. Parlé as a ton amant qui por toi se va morant (Auc.)?

Говорила ли ты со своим возлюбленным, который ради тебя готов идти на смерть?

En guise de conclusion on peut dire:

1) Les changements morphologiques du verbe français étaient précédés par les transformations du système latin sur le sol gaulois romanisé et germanisé dans la situation de bilinguisme.

2) La dégradation phonétique et sémantique de certains formes du verbe latin a amené la réfection du système verbale. Cette réfection s’effectuait par transfert de traits pertinents des formes disparaissant aux périphrases synonimiques.

3) La transformation de la structure formelle et sémantique du verbe correspondait à la tendance qui s’est manifestée dans la langue: la tendance aux formes analytiques.

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6.Histoire interne. Syntaxe historique

6.1.L’ordre des mots. La syntaxe de la phrase française est très mobile jusqu’au XIV s. C’est la forme du mot qui indique sa fonction syntaxique et ses relations avec les autres termes de la proposition. Le pronom-sujet n’est pas obligatoire. L’ordre des mots est libre, c’est l’opinion de plusieurs romanistes (W.v. Wartburg, J. le Coulatre).

Mais il faut mentionner que les fonctions de l’ordre des mots sont différentes à chaque époque du développement du français. La liberté relative des termes dans la proposition afr. veut dire que l’ordre des mots n’est pas utilisé à l’époque pour marquer la fonction syntaxique des mots.

Il y a deux règles fondamentales qui régissent l’ordre des mots en afr. dans la proposition indépendante:

a) à la différence du latin le prédicat verbal se rapproche du début de la proposition. Le verbe occupe de préférence la deuxième place dans les propositions énonciatives en prose. Par contre dans les vers la forme personnelle du verbe se trouve souvent au début de la phrase;

b) la deuxième règle veut que le sujet se pose après le verbe quand la proposition commence par quelque complément.

P. ex. Par le bois vint uns forestiers.

Лесом (по лесу) шел лесник.

L’afr. connaît six variétés de la disposition réciproque des termes essentiels, ce qui est décrit par L.Foulet. Les voici:

S-V-C (sujet-verbe-complément); C-V-S (complément-verbe-sujet); S-C-V (sujet-complément-verbe); V-S-C (verbe-sujet-complément); C-S-V (complément-sujet-verbe); V-C-S (verbe-complément-sujet). P.ex. Orras me tu?

Les dernières variétés C-S-V et V-C-S sont assez rares. S-V-C — cet ordre des mots est le plus fréquent. La déchéance progressive de la déclinaison et l’invariabilité du nom féminin contribuent à l’établissement de l’ordre des mots direct.

P. ex. Rollant ad mis l’olifan a sa bouche. (Rol.).

Les variétés V-S-C et C-V-S assument la fonction de l’interrogation. La variété réduite V-S introduit une incise au début, au milieu ou à la fin du discours direct.

P. ex. Respunt Rollant: ... (Rol.)

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L’ordre des mots V-S-C est familier aux propositions qui commencent par un complément indirect ou circonstantiel (C-V-S-C).

Cela veut dire que la liberté de l’ordre des mots en afr. est conditionnée et dépend de plusieurs facteurs: cela dépend de la nature de la proposition (énonciative ou bien interrogative, incise, etc.)

L’afr. a une particularité: le prédicat nominal (copule+attribut) ou les formes composées du verbe peuvent renfermer entre ces deux parties du prédicat divers termes de la proposition.

P. ex. Est par matin levet.

Dans le groupe nominal le très ancien français (IX s.) n’a pas de préférence pour un ordre fixe. Il semble que l’afr. préfère la postposition au nom pour les participes et les adjectifs de relation. Les adjectifs qualificatifs se trouvent plus souvent devant le nom. L’adjectif et le nom en apposition suivent toujours le nom qu’ils déterminent. La place de l’adverbe n’est pas fixe, bien qu’il tend à se rapprocher du verbe.

P. ex. Ne ben, ne mal ne respunt sun nevuld (Rol.).

6.2.L’interrogation s’exprime tantôt par le ton quand l’ordre est directe. Mais le cas le plus fréquent c’est l’inversion du sujet. L’inversion a lieu dans toutes sortes de questions avec ou sans mot interrogatif. Il existe les cas de l’inversion complexe qui va s’implanter dans la langue au XVI s.

P. ex. Quelle beste est che sour vo main?

Какой зверь/животное, который в ваших руках?

6.3.La négation présente un cas tout particulier relevant de la morphologie et de la syntaxe à la fois. Dans une proposition à prédicat verbal d’abord la particule non, ensuite la particule ne précède le verbe et suffit à elle même. La langue tend à renforcer le sens négatif en ajoutant différents pronoms et adjectifs (nul, aucun), adverbes (oncques, ja, plus, gueres) et substantifs (pas, mie, point, rien) qui ont primitivement le sens positif. En combinaison avec la négation ne ils reçoivent le sens négatif. Vers les XII—XIII ss. la plupart des dialects utilise de préférence la particule pas. Dans les parlers de l’Est on emploie la particule mie qui subsiste jusqu’à nos jours dans le lorrain. Les deux particules voisinent dans le normand du Nord, le picard, le wallon.

6.4.Structure grammaticale de la phrase. Pour exprimer les relations entre les termes de la proposition et indiquer la fonction syntaxique des mots l’afr. utilise en premier lieu la forme flexionnelle du nom et du verbe.

Le système casuel comporte deux cas. Il est impossible de délimiter nettement les multiples fonctions à l’aide de deux cas, surtout les fonctions

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