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et de vengeances continuera encore au XIe s. Quant à l’autorité royale, tout au long des IXe – XIe ss. elle décline constamment en France, car les vassaux deviennent plus puissants que le roi et ne se soumettent plus à lui. Le royaume de France contrôlé par le roi est à ce moment un bien petit royaume: l’Île-de-France. En plus, il est déchiré par des luttes intestines pendant que tout le pays souffre d’une économie des plus rudimentaires.

La période des Xe – XIIIe ss. est caractérisée par l’épanouissement du féodalisme.Ala base demeure l’appropriation du sol par quelques hommes qui sont les seigneurs, les féodaux. La terre n’est plus cultivée par des esclaves, mais par des paysans libres car le seigneur concède une partie de son domaine à des paysans-tenaciers libres. Mais la liberté des paysans consiste exclusivement dans le fait que le seigneur ne les considère plus comme une propriété, mais il peut les vendre ou les acheter avec la terre elle-même. Au seigneur les serfs doivent la corvée et le paiement en nature et en argent de multiples droits qu’on appelle droits féodaux.

L’organisation de la société féodale reste rirale jusqu’au XIIIe s. et repose sur les liens personnels qui unissent un suzerin à un vassal militairement et juridiquement: le roi de France est au sommet de cette pyramide hiérarchique.

Le menu peuple vit dans la misère. Aussi, les famines ne sont-elles pas rares. Les serfs se vengent de leurs souffrances par des actes isolés: attentats, pillages ou assassinats. Il y a aussi de grandes révoltes collectives. Et de siècle en siècle, les soulèvements se multiplient: au XIIIe s. le mouvement des Pastoureaux en 1214, en 1251 et en 1320 et surtout la grande Jacquerie de 1358.

2. Les invasions des Normands et leurs conséquences linguisques.

Au IXe s. les Normands (les "hommes du Nord"), venus de Scandinavie peu après 800, mettent à feu et à sang les plus grandes villes de France (Paris, Rouen, Nantes, Bordeaux, etc.). En 911 le traité est signé, d'après lequel le roi de France offre la future Normandie aux Normands, à condition que ceux-ci se fassent chrétiens et qu'ils n'attaquent plus les Français. Les descendants des Vikings oublient très vite leur langue maternelle et assimilent la langue des Français, y ayant apporté quelques mots du domaine de la mer ainsi que certains mots de la langue commune.

La Normandie devient dès le Xe s. un fief très puissant. En 1069, les Normands de France conduits par Guillaume le Conquérant, duc de Normadie, soumettent l’Angleterre. Les Normands de France parlent le français de l’époque, l’ancien français, dans sa version dialectale appelée anglo-normand qu’ils apportent avec eux sur les îles britanniques. L’ancienne élite anglo-saxone est remplacée par une nouvelle élite de lan-

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gue maternelle française. L’usage de l’anglais est restreint: il n’est parlé que par la paysannerie et le menu peuple des villes. La conquête de l’Angleterre par Guillaume de Normandie a, pour conséquence, du XIIe au XVe s., une présence constante de la culture française et de la langue qui la véhiculait dans l’état anglais. Le français demeure langue de la cour royale, des documents judiciaires et de l’Eglise: même dans le parlement anglais (créé en 1265) les débats se font en français. Grâce à la domination française en Angleterre le vocabulaire de l’anglais obtient un grand nombre de mots français. Le français commence à céder la place à l’anglais seulement au XIVe s.; mais il faut attendre le XVe s., pour que l’anglais gagne définitivement. Des formules isolées en langue française subsiste en anglais jusqu’à nos jours, par ex., voilà ce qui est écrit sur les armoiries de l’état britannique: «Dieu et mon droit».

Cette époque voit la floraison d’une riche littérature didactique, religieuse, historique, narrative et dramatique écrite en anglo-normand qui, à cette époque-là, est considéré comme un des principaux dialectes occidentaux de la langue d’oïl.

3. Les Croisades.

Un événement qui a eu un retentissement particulier sur la mentalité et la littérature de l’époque étudiée, ce sont les Croisades. Il s’agit des expéditions militaires organisées pour délivrer la Terre sainte des Infidèles (les Musulmans). L’Eglise appelle les chevaliers des royaumes catholiques à aller libérer le tombeau du Christ. Les expéditions des croisés durent deux cents ans: du XIe s. jusqu’au XIIIe s.

Toutes ces expéditions ont d’heureux éffets économiques: elles créent des relations commerciales entre l’Orient et l’Occident; elles introduisent chez les Occidentaux le papier, la soie, le sucre. En plus, les croisés apportent des ces expéditions des mots tirés des langues orientales (arabes, grecs) et des sujets de nombreux légendes, contes, mythes orientaux. Par le biais des échanges scientifiques et culturelles avec les savants arabes l’Europe fait connassaince avec la philosophie grecque et romaine, l’art et les sciences antiques.

La France joue un rôle prépondérant dans les Croisades. Etant donné que les chevaliers ne sont pas tous français (c’est-à-dire originaires de l’Ile-de-France), mais aussi angevins, picards, champenois etc. et qu’ils se communiquent en un idiome commun du domaine oïl, cela favorise le nivellement des divergences dialectales entre les chevaliers de France.

Des chevaliers français bataillèrent aussi contre les Maures de la péninsule ibérique. L’une de ces bataille a donné le sujet pour la plus grande oeuvre de l’époque La chanson de Roland.

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4. L’essor des villes et de la bourgeoisie aux XIIe – XIIIe ss.

Le XIIe s. est marqué par le développement des villes qui contribuent à la centralisation de l'Etat. L’essor économique des villes permet à la classe de bourgeois d’acquérir une certaine aisance. Un grand fait social en résulte: la «bourgeoisie» entre en scène, se dresse en face de la noblesse et du clergé. La révolution communale est un fait qui va influencer toute l’histoire des siècles suivants. La consolidation du pouvoir politique des rois français répond aux exigences vitales des villes dans la lutte contre les seigneurs féodaux pour la liberté communale. Les bougeois veulent s’affranchir de la domination féodale, c’est pourquoi au XIIIe s. les villes reconnaissent le roi comme suzerain en accordant au pouvoir central une aide financière et des détachements armés des milices urbaines.

La région centrale de la France – l’Ile-de-France – s’enrichit et se développe intensivement grâce à une situation géographique favorable de la ville de Paris. Ainsi le pouvoir politique des comptes de Paris devientil de plus en plus grand. Au XIIIe s. Paris devient le centre politique, économique et culturel de l’Etat français. Le morcellement féodal va en diminuant à partir du XIIIe s.

II. Le contexte culturel.

1. Les sciences et les arts.

La culture est à cette époque essentiellement religieuse: les enseignants, les étudiants, les hommes de loi, qui dépendent tous de l’autorité religieuse, écrivent et parlent en latin mais la volonté de créer une culture profane va favoriser le progrès du français.

La vie intellectuelle est assurée d’abord par les clercs, puis par les universités qui se créent au XIIIe s. avec les facultées des arts (c’est-à- dire des lettres et des sciences), de théologie, de médecine et de droit: celle de Paris voit le jour en 1200, et reçoit en 1252 de son premier directeur, Robert Sorbon, le nom de Sorbonne. En entrant au collège l’écolier reçoit la consigne de parler latin car il faut bien une langue commune à l’Université cosmopolite où étudie la jeunesse venue d’Allemagne, d’Italie, de Flandre, d’Espagne.

Dans cette atmosphère de liberté naissante l’esprit scientifique se réveille.

Le Moyen Age connaît de riches échanges intellectuels. De nombreux manuscrits circulent de ville en ville, surtout arabes ou grecs. Dès le XIe s., des traducteurs s’attachent à donner des versions latines des originaux arabes ou grecs, on découvre l’oeuvre d’Aristote par le biais de multiples traductions. Sénèque et les philosophes stoïciens sont égale-

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ment lus et traduits. Dans le domaine des faits humains, les «glossateurs» cherchent à fixer le sens exact des textes de droit romain.

La philosophie et surtout les sciences (mathématiques, astronomie, médecine, physique, etc.) pénètrent en France. Au contact des Arabes, l’Occident acquiert des notions de calcul, de trigonométrie, d’algèbre. Les physiciens étudient la théorie du levier, l’aimant; les alchimistes, au cours de leurs tentatives pour fabriquer de l’or, font quelques expériences intéressantes. Des médecins juifs et arabes fondent l’école de médecine de Montpellier qui introduit dans la médecine un peu d’esprit expérimental. On voit naître le goût d’un savoir encyclopédique. On cherche à réunir dans un même livre les connaissances jusque-là éparpillées: apparaissent alors les premières encyclopédies.

On assiste au XIIIe s. à un profond renouveau intellectuel, le goût de la science est ressenti dans les milieux intellectuels.

Mais le peuple est maintenu dans l’ignorance. Les vilains ne savent pas lire, et non seulement les vilains, mais aussi bien des nobles.

2. La littérature aux IXe – XIIIe ss.

La renaissance littéraire se manifeste par une floraison d’oeuvres latines souvent inspirées de l’Antiquité, et surtout par l’apparition de genres nouveaux en langue française.

La littérature devient un instrument de communication, d’information, de diffusion des conceptions du monde et des intérêts des groupes sociaux. La littérature médiévale est intimement didactique: les fonctions d’écriture, de copie et de traduction servent à transmettre des connaissances, des critères, des valeurs, et la forme littéraire représente un outil d’enseignement.

Se trouvant au carrefour de riches échanges culturels, la littérature française est donc étroitement liée aux oeuvres étrangères de l’époque.

Les «auteurs» du début du Moyen Age

Les textes du Moyen Age qui sont parvenus jusqu’à nous sont écrits à la main sur des feuilles de parchemin (пергамент) reliées entre elles pour former un manuscrit. Les manuscrits étaient copiés par les copistes ou clercs dans les ateliers, nommés scriptoria, fondés auprès des monastères.

Au début du MoyenAge les oeuvres sont anonymes. La littérature est diffusée par des jongleurs, des trouvères et troubadours (ceux qui composent des tropes), c’est-à-dire des gens allant de ville en ville ou de château en château réciter, sur les places ou chez les grands, leurs propres oeuvres ou celles qu’ils ont apprises de la tradition. Ces «auteurs» font des remaniements successifs tant et si bien qu’aujourd’hui, il est presque impossible de connaître avec certitude l’état original d’une oeuvre. Les copistes eux

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aussi interviennent volontairement pour modifier une histoire, expliciter un passage obscur, ou développer un point qu’ils jugent intéressant.

A côté des oeuvres anonymes commencent à apparaître dès les Xe – XIe ss. des oeuvres rédigées par les premiers écrivains.

L’écrivain du Moyen Age est lié à la société dans laquelle il vit et partage donc les valeurs, les croyances, les goûts de la communauté pour laquelle il compose, de la minorité qui détient le pouvoir; ses oeuvres reflètent des idéaux de cette communauté, dans la chanson de geste, qui glorifie la chevalerie, dans la littérature courtoise, qui codifie les relations de la société seigneuriale, dans la littérature satirique, qui en dénonce les abus.

Tout en étudiant l’évolution du français, anciennement nommé langue d’oïl il ne faut pas oublier sa langue soeur qu’est la langue d’oc – langue provençale d’aujourd’hui. C’est la première langue littéraire en Europe. La littérature des troubadours fut merveilleuse et servit d’exemple à toutes les littératures européennes du Moyen Age chantant avant tout l’amour et les sentiments, faisant ainsi opposition à l’ascetisme des oeuvres littéraires religieux de l’époque. Guillaume IX d’Aquitaine est le premier troubadour connu et le créateur de la «fin’amor», la première poésie profane en langue d’oc qui se développait au XIIe s.

Les genres et les oeuvres

Au début de la féodalité la société se caractérise essentiellement par un idéal à la fois religieux et militaire. Avec le temps (à partir des XIe – XIIe ss.) l’idéal change, la chanson de geste s’adoucit. C’est le temps des romans et de la poésie lyrique, quand les femmes président des fêtes, entretiennent des conversations, se plaisent à une fine galanterie. A côté de ces deux principaux courants littéraires la littérature satirique s’adresse au public restreint de la classe dominante, pour rappeler une exigence morale ou religieuse.

Le Haut Moyen Age nous laisse très peu de documents écrits; ce n’est qu’à partir du XIe s. que le nombre de manuscrits augmente considérablement.

Le premier texte écrit en français date de 842. Il s’agit des Serments de Strasbourg. Ce proto-français est très inspiré du latin mérovingien que les clercs érudits du IXe s. considèrent comme le modèle de la langue vulgaire écrite.

Le premier genre littéraire est la poésie. Au Moyen Age elle existe sous trois aspects: on distingue la poésie d’inspiration religieuse, la poésie d’inspiration héroïque, la poésie d’inspiration courtoise.

La poésie d’inspiration religieuse

L’idéal religieux trouve d’abord son expression dans la vie des saints. Les poèmes d’inspiration religieuse sont les premiers mis sur le papier.

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Les poètes restent anonymes. Les oeuvres poétiques, souvent chantées ou accompagnées de musique, sont des histoires pieuses relatant la vie de Christ, de saints (la Cantilène de Sainte Eulalie, 881; la Passion de Christ, Xe s.; la Vie de Saint Léger, Xe – XIe ss.; la Vie de Saint Alexis, Xe s.).

La poésie d’inspiration héroïque

Dès le XIe s., des poèmes épiques, héroïques, les chansons de geste, racontent les aventures d’un chevalier pendant des événements historiques remontant aux siècles antérieurs (gesta en latin signifie acte accompli = exploit) glorifiant les exploits de grands seigneurs. Dans la chanson de geste les premiers auteurs ont su accorder au mieux leur foi chrétienne et leur idéal militaire.

Ces poèmes épiques chantent et illustrent la patrie et les gestes du roi et de ses vassaux. La Chanson de Roland, l’une des plus anciennes chansons de geste françaises et chef-d’oeuvre de ce genre, est le plus grand monument de la littérature française de l’époque. Il appartient au Cycle du Roi (c.-à-d. de Charlemagne). Ce poème épique de 4002 vers qui conte la bataille de Ronceveaux de 788 serait composée vers 1100, son auteur reste inconnu. Sa langue est élaborée et choisie, exaltant le patriotisme et la foi.

D’autres poèmes épiques de cette époque: les Lois de Guillaume le Conquérant, le Pèlerinage de Charlemagne, le Charroi de Nîmes présentent le français en usage comme langue littéraire sous ses formes variées.

Exécutés par les jongleurs et les poètes errants, les chansons épiques connaissent une longue tradition orale avant d’être notées. Provenant de diverses régions du pays, ces textes sont témoins de la différenciation linguistique due au régime féodal: le morcellement féodal correspond bien au morcellement linguistique.

La poésie d’inspiration courtoise

Dès le XIIe s. à côté des chansons de geste la littérature voit s’épanouir des oeuvres d’inspiration courtoise. L’adjectif signifie «propre à la cour». Ce nouvel idéal littéraire trouve d’abord sa pleine expression sous une forme lyrique dans le Sud de la France, puis sous une forme narrative avec les lais (Marie de France) et les romans courtois (Chrétien deTroyes).

Dès la seconde moitié du XIe s., on assiste à une profonde modification des moeurs dans les cours seigneuriales du Midi de la France. Les valeurs guerrières prônées par la société féodale sont certes toujours reconnues, mais elles cèdent peu à peu le pas aux qualités mondaines: la courtoisie, la grâce, la délicatesse et l’esprit, des chevaliers courtois, élégants et généreux, sensibles aux charmes féminins. La nouvelle société est en train de découvrir la «courtoisie», c’est-à-dire l’idéal de vie des

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gens vivant à la «cour». L’amour courtois connaît une vogue sans cesse grandissante en France à partir du milieu du XIIe s. La personnalité exceptionnelle d’Aliénor d’Aquitaine a fortement contribué à faire connaître et à imposer le nouveau mode de vie de la société courtoise dans le Nord de la France.

Les plus illustres romans courtois sont Tristan et Yseut, XII e s.;

Aucassin et Nicolette, XIIIe s., etc.

La «matière de Bretagne»

Il existait une mythologie celtique, la «matière de Bretagne» (c’est- à-dire, de Grande-Bretagne), diffusée par les jongleurs bretons sous forme de lais chantés.

A côté des chansons de geste paraissent donc des romans d’aventure dont les plus célèbres sont les romans bretons, riches en épisodes merveilleux et surnaturels. Leurs sujets remontent aux légendes celtiques. Il s’agit d’une littérature celte, qui fleurit aussi bien en Angleterre qu’en France, et qui véhicule des valeurs et des conceptions propres à la civilisation celte.

Le roman breton rassemble toutes les oeuvres écrites autour de la figure du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde.

Ces oeuvres ne sont plus anonymes, nous connaissons le nom de Marie de France, la première poétesse française, qui composait des lais et des fables, puisant au fonds de contes et légendes bretons, ainsi que celui de Chrétien de Troyes qui a tiré le sujet de son roman Yvain d’une légende celtique. Il fait largement appel à la matière de Bretagne, et les exploits chevaleresques tiennent une large part dans ses romans. Le thème dominant est cependant l’amour.

La littérature narrative d’inspiration courtoise

Aux environs de 1150, des clercs cultivés commencent à imiter les auteurs latins et redécouvrent les récits de l’Antiquité grecque et romaine. Des chefs-d’oeuvretels quel’Enéide deVirgile, les Métamorphoses d’Ovide, fournissent les premiers sujets des romans que l’on va appeler «antiques».

Les oeuvres satiriques

Depuis toujours les jongleurs déclament à côté des chansons de geste des petites œuvres satiriques en vers où l’on raille ses têtes de turcs favorites: prêtres, moines, cocus ou vilains. L’avènement d’une nouvelle couche sociale – la bourgeoisie (le tiers-état) favorise le développement de la littérature satirique. Les originaires du menu peuple s’intéressent aux sujets de la vie quotidienne: apparaissent les nouveaux genres poétiques tels que fabliaux (le Roman de Renart, le Roman de la Rose et d’autres), dits satiriques (Des Ordres ou La Chanson des Ordres et d’autres), drames (Le jeu d’Adam et d’autres), miracles (Miracles Nostre Dame), comé-

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dies (Jeu de Robin et de Marion). Les noms des auteurs les plus populaires de l’époque: Guillaume de Lorris, Jean Clopinel (Jean de Meung), le trouvère bourguignon Rutebeuf, Adam de la Hale et autres sont connus de nos jours.

La fable est un récit court et plaisant. Quand la fable est assez longue, on la range parmi les fabliaux, un récit retraçant une aventure dans un style assez cru. Les premiers de ces textes, le plus souvent anonymes, sont écrits à la fin du XIIe s. et les derniers datent de la fin du XIVe s.

Le thème de la plupart des fabliaux se retrouve dans beaucoup de folklores et de traditions populaires. C’étaient de vieilles histoires, familières au public parce qu’elles traînaient partout. Mais il a aussi été repris dans beaucoup d’œuvres littéraires.

Certains fabliaux connaissent un succès considérable et servent de source d’inspiration à d’autres oeuvres. Par exemple, le Roman de Renart est l’objet de nombreuses traductions et imitations en Europe.

Les fables d’Esope sont très appréciées au MoyenAge, et les adaptations latines qu’en fit Phèdre sont réunies dans des recueils nommés «isopets» (du nom d’Esope). Ainsi se perpétue la tradition littéraire des animaux qui conservent leurs caractères propres tout en parlant et en vivant comme des humains. Marie de France compose en anglo-normand ses Isopets. Ces fables ont inspiré un des chefs-d’oeuvre du Moyen Age, le Roman de Renart.

Les chroniques

Un autre genre spécifique de la littérature médiévale, les chroniques, doivent leur naissance aux Croisades. Parmi les chroniqueurs éminents de l’époque les noms de Geoffroi de Villehardouin et de Jean de Joinville méritent d’être mentionnés.

Le théâtre

Le théâtre au MoyenAge se compose d’un théâtre religieux incarné dans les mystères et d’un théâtre profane illustré par la farce et la sotie.

Les premières pièces de théâtre du Moyen Äge sont liées aux cérémonies du culte. Le spectacle se déroule dans l’église et en latin. La musique accompagne régulièrement les prières et les louanges adressées à Dieu et à Marie.

Peu à peu, les conditions de représentation changent; on invente de décor multiple, on sort de l’église, et on joue sur le pavis. Les acteurs sont désormais des clercs, organisés en troupes, et, à partir du XIIe s., le français remplace le latin.

Le texte même du spectacle évolue: de plus en plus, on mêle des épisodes drôles, ou grotesques, aux épisodes tirés des Ecritures. Avec le temps, ces scènes profanes vont constituer un genre définitif, le théâtre

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comique. Ainsi le théâtre se dégage des cérémonies culturelles et produit déjà des oeuvre vivantes comme le Jeu de Saint Nicolas, de Jean Bodel, le Jeu de la Feuillée et le Jeu de Robin et Marion, d’Adam.

Parmi les différents spectacles religieux on distingue le jeu, terme le plus ancien, synonyme de drame, le mystère, qui emprunte son sujet aux Ecritures, et le miracle, qui raconte la vie d’un saint.

III. La situation linguistique.

1. Le morcellement dialectal.

Le morcellement féodal et le système des fiefs ont engendré l’esprit particulariste auquel correspond, sur le plan linguistique, une variété de dialectes. C’est pourquoi la langue française de la période féodale se caractérise par un grand nombre de dialectes.

Une relative indépendance de la Gaule méridionale aux VIe – VIIIe ss., ainsi que la séparation du royaume d’Arles du Nord de la France pendant trois siècles (Xe – XIIIe ss.) ont contribué à l’évolution linguistique tout à fait différente du latin vulgaire et du gallo-roman au Sud et au Nord de la Gaule. Les pays de langue d’oc (ou Occitanie) ont eu donc un développement linguistique différant de celui des pays de la langue d’oïl.

Ainsi, du point de vue linguistique la France médiévale est divisée en deux grands groupes de dialectes dits langue d’oc et langue d’oïl et une langue soi-disant intermédiaire – le franco-provençal dont la tradition écrite et littéraire se centre autour de Lyon. Il faut préciser qu’en dehors des trois domaines romans il existe alors en France des territoires où habitent des peuples qui ne sont pas d’expression romane et qui jouissent d’une autonomie politique assez grande: le duché de Bretagne, situé au nord-ouest du pays, où l’on parle un idiome celte, et le comté de Flandre, au nord-est, où la langue est le flamand, idiome germanique.

Rappelons que ces langues sont appelées suivant la forme de la particule affirmative oui, langue d’oïl (ойль) (oïl > oui) ou lingua Oytana (oïl < hoc ille (hoc illic), qui occupe la partie nord de la France d’aujourd’hui, et langue d’oc ou lingua Occitana (oc < hoc) qui occupe la partie sud, la Provence.

La langue d’oïl (future langue française), non enseignée, n’est pas unifiée, mais se présente comme un ensemble de dialectes. Il s’agit d’un état de la langue qui est relativement fixé pendant un temps par son emploi dans la littérature, rayonnant même en dehors de France, dès les XIIe s. et XIIIe s. En gros c’est la langue de l’Ile-de-France, domaine royal, qu’on appelle le francien.

Le domaine de la langue d’oïl est la partie centrale, orientale et nordique de la France qui comprend le duché de Normandie (formé au début

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du Xe s.), les comtés de Valois, de Vermandois et de Champagne (nord, nord-est, nord-ouest); les comtés du Maine, d'Anjou, deTouraine, de Blois (partie centrale), le comté de Poitou (ouest), de Nevers et le duché de Bourgogne (est). Le domaine royal se trouve au centre du pays et a comme capitale Paris.

Les différences entre la langue d’oïl et la langue d’oc sont essentiellement d’ordre phonétique et s’expliquent par l’évolution différente des voyelles toniques libres, des consonnes intervocaliques et des consonnes c, g devant a:

Langue d’oïl: sapére > saveir; locare > lo er; cantare > chanter. Langue d’oc: sapére > saber; locare > logar; cantare > cantar. Il est à noter que la réduction des voyelles non accentuées est plus

intense dans la langue d’oïl que dans la langue d’oc: làcrima > lar me (FM.)

làcrima >làgrema >lagrèmo (provençal)

La langue d’oc comprend les dialectes suivants: le gascon, le languedocien, le limousin, l’auvergnat, le provençal, le savoyard, le dauphinois.

La langue d’oïl comprend les dialectes suivants: lechampenois, lebourguignon, le lorrain, le wallon, le picard, le normand, le poitevin, le saintongeois, au centre de la France – le francien (le dialecte de l’Ile-de-France).

Voilà les traits particuliers propres aux dialectes de la langue d’oïl.

 

Dialectes du Nord-Est

 

Dialectes de l’Ouest

1.

La palatalisation des consonnes k, g

1.

Le maintien des consonnes k, g devant

devant a: chastel, jambe.

a: castel, gambe

2.L’absence des consonnes

2.

La présence des consonnes

épenthétiques: tremler (trembler), vanra

épenthétiques: trembler, viendra.

(vendra).

 

 

3.

La chute de l devant consonne: atre.

3. La vocalisation de l devant consonne: autre.

4.

La conservation de w germanique:

4.

La prothèse de g devant w germanique:

warder, wagnier.

warder guarder.

5. Le maintien de la diphtongue ai: faire.

5.

La réduction précoce de la diphtongue

ai e: faire fere.

Pour ce qui est de la grammaire, on atteste dans les dialectes du Nord-Est une seule forme de l’article défini pour le masculin et le féminin: li om – li vie. En wallon l’imparfait de l’indicatif se terminait en - eve, et en champenois en bourguignon en -iens: repeteve; cuidiens.

La langue du roi c’est-à-dire celle de l’Ile-de-France, le francien, commence la lutte contre les autres dialectes parlés en France et contre le latin. Il gagnera cette lutte au XVIe s. quand il deviendra la langue officielle de l’Etat français.

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