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LES BIJOUX

Guy de Maupassant

M. Lantin, ayant rencontré cette jeune fille, dans une soirée, chez son sous-chef de bureau, l'amour l'enveloppa comme un filet. C'était la fille d'un percepteur de province, mort depuis plusieurs années. Elle était venue ensuite à Paris avec sa mère, qui fréquentait quelques familles bourgeoises de son quartier dans l'espoir de marier la jeune personne. Elles étaient pauvres et honorables, tranquilles et douces.

La jeune fille semblait le type absolu de l'honnête femme à laquelle le jeune homme sage rêve de confier sa vie. Sa beauté modeste avait un charme de pudeur angélique, et l'imperceptible sourire qui ne quittait point ses lèvres semblait un reflet de son coeur. Tout le monde chantait ses louanges; tous ceux qui la connaissaient répétaient sans fin: - Heureux celui qui la prendra. On ne pourrait trouver mieux. M. Lantin, alors commis principal, au ministère de l'Intérieur, aux appointements annuels de trois mille cinq cents francs, la demanda en mariage et l'épousa.

Il fut avec elle invraisemblablement heureux. Elle gouverna sa maison avec une économie si adroite qu'ils semblaient vivre dans le luxe. Il n'était point d'attentions, de délicatesses, de chatteries qu'elle n'eût pas pour son mari; et la séduction de sa personne était si grande que, six ans après leur rencontre, il l'aimait plus encore qu'aux premiers jours. Il ne blâmait en elle que deux goûts, celui du théâtre et cleui des bijouteries fausses.

Ses amies (elle connaissait quelques femmes de modestes fonctionnaires) lui procuraient à tous moments des loges pour les pièces en vogue, même pour les premières représentations; et elle traînait, bon gré, mal gré, son mari à ces divertissements qui le fatiguaient affreusement après sa journée de travail. Alors il la supplia de consentir à aller au spectacle avec quelque dame de sa connaissance qui la ramènerait ensuite. Elle fut longtemps à céder, trouvant peu convenable cette manière d'agir. Elle s'y décida enfin par complaisance, et il lui en sut un gré infini.

Or, ce goût pour le théâtre fit naître bientôt en elle le besoin de se parer. Ses toilettes demeuraient toutes simples, il est vrai, de bon goût toujours, mais modestes; et sa grâce douce, sa grâce irrésistible, humble et souriante, semblait acquérir une saveur nouvelle de la simplicité de ses robes, mais elle prit l'habitude de pendre à ses oreilles deux gros cailloux du Rhin qui simulaient des diamants, et elle portait des colliers de perles fausses, des bracelets en similor, des peignes agrémentés de verroteries variées jouant des pierres fines.

Son mari, que choquait un peu cet amour du clinquant, répétait souvent: quand on n'a pas le moyen de se payer des bijoux véritables, on ne se montre parée que de sa propre beauté et sa grâce, voilà encore les plus rares joyaux. Mais elle souriait doucement et répétait:

- Que veux-tu? J'aime ça. C'est mon vice. Je sais bien que tu as raison; mais on ne se refait pas. J'aurais adoré les bijoux, moi!

Et elle faisait rouler dans ses doigts les colliers de perles, miroiter les facettes de cristaux taillés, en répétant:

- Mais regarde donc comme c'est bien fait. On jurerait du vrai

Il souriait en déclarant:

- Tu as des goûts de Bohémienne.

Quelquefois, le soir, quand ils demeuraient en tête à tête au coin du feu, elle apportait sur la table où ils prenaient le thé la boîte de maroquin où elle enfermait la 'pacotille,' selon le mot de M. Lantin; et elle se mettait à examiner ces bijoux imités avec une attention passionnée, comme si elle eût savouré quelque jouissance secrète et profonde; et elle s'obstinait à passer un collier au cou de son mari pour rire ensuite de tout son coeur en s'écriant: - Comme tu es drôle! Puis elle se jetait dans ses bras et l'embrassait éperdument.

Comme elle avait été à l'Opéra une nuit d'hiver, elle rentra toute frissonnante de froid. Le lendemain elle toussait. Huit jours plus tard elle mourait d'une fluxion de poitrine. Lantin faillit suivre la dans la tombe. Son désespoir despair fut si terrible que ses cheveux devinrent blancs en un mois. Il pleurait du matin au soir, l'âme déchirée d'une souffrance intolérable, hanté par le souvenir, par le sourire, par la voix, par tout le charme de la morte.

Le temps n'apaisa point sa douleur. Souvent pendant les heures du bureau, alors que les collègues s'en venaient causer des choses du jour, on voyait soudain ses joues se gonfler, son nez se plisser, ses yeux s'emplir d'eau; il faisait une grimace affreuse et se mettait à sangloter. Il avait gardé intacte la chambre de sa compagne où il s'enfermait tous les jours pour penser à elle; et tous les meubles, ses vêtements mêmes demeuraient à leur place comme ils se trouvaient au dernier jour.

Mais la vie se faisait dure pour lui. Ses appointements, qui, entre les mains de sa femme, suffisaient aux besoins du ménage, devenaient, à présent, insuffisants pour lui tout seul. Et il se demandait avec stupeur comment elle avait su s'y prendre pour lui faure boire toujours des vins excellents et manger des nourritures délicates qu'il ne pouvait plus se procurer avec ses modestes ressources. Il fit quelques dettes et courut après l'argent à la façon des gens réduits aux expédients.

Un matin enfin, comme il se trouvait sans un sou, une semaine entière avant la fin du mois, il songea à vendre quelque chose; et tout de suite la pensée lui vint de se défaire de la 'pacotille' de sa femme; car il avait gardé au fond du coeur une sorte de rancune contre ces 'trompe-l'oeil' qui l'irritaient autrefois. Leur vue même, chaque jour, lui gâtait un peu le souvenir de sa bien-aimée.

Il chercha longtemps dans le tas de clinquant qu'elle avait laissé, car jusqu'aux derniers jours de sa vie elle en avait acheté obstinément, rapportant presque chaque soir un objet nouveau, et il se décida pour le grand collier qu'elle semblait préférer, et qui pouvait bien valoir, pensait-il, six ou huit francs, car il était vraiment d'un travail très soigné pour du faux. Il le mit en sa poche et s'en alla vers son ministère en suivant les boulevards, cherchant une boutique de bijoutier qui lui inspirât confiance.

Il en vit une enfin et entra, un peu honteux d'étaler ainsi sa misère et de chercher à vendre une chose de si peu de prix.

- Monsieur, dit-il au marchand, je voudrais bien savoir ce que vous estimez ce morceau.

L'homme reçut l'objet, l'examina, le retourna, le soupesa, prit une loupe, appela son commis, lui fit tout bas des remarques, reposa le collier sur son comptoir et le regarda de loin pour mieux juger de l'effet.

M. Lantin, gêné par toutes ces cérémonies, ouvrait la bouche pour déclarer:

- Oh! je sais bien que cela n'a aucune valeur,

quand le bijoutier prononça:

- Monsieur, cela vaut de douze à quinze mille francs; mais je ne pourrais l'acheter que si vous m'en faisiez connaître la provenance.

Le veuf ouvrit des yeux énormes et demeura béant, ne comprenant pas. Il balbutia enfin:

- Vous dites, Vous êtes sûr?

L'autre se méprit sur son étonnement, et, d'un ton sec:

- Vous pouvez chercher ailleurs si on vous en donne davantage. Pour moi, cela vaut, au plus, quinze mille. Vous reviendrez me trouver si vous ne trouvez pas mieux.

M. Lantin, tout à fait idiot, reprit son collier et s'en alla, obéissant à un confus besoin de se trouver seul et de réfléchir. Mais, dès qu'il fut dans la rue, un besoin de rire le saisit, et il pensa:

- L'imbécile! oh! L'imbécile! Si je l'avais pris au mot tout de même! En voilà un bijoutier qui ne sait pas distinguer le faux du vrai!

Et il pénétra chez un autre marchand à l'entrée de la rue de la Paix. Dès qu'il eut aperçu le bijou, l'orfèvre s'écria:

- Ah! parbleu; je le connais bien, ce collier; il vient de chez moi.

M. Lantin, fort troublé, demanda:

- Combien vaut-il?

- Monsieur, je l'ai vendu vingt-cinq mille. Je suis prêt à le reprendre pour dix-huit mille, quand vous m'aurez indiqué, pour obéir aux prescriptions légales, comment vous en êtes détenteur.

Cette fois, M. Lantin s'assit perclus d'étonnement. Il reprit:

- Mais… mais, examinez-le bien attentivement, Monsieur, j'avais cru jusqu'ici qu'il était un faux.

Le joaillier reprit:

- Voulez-vous me dire votre nom, Monsieur?

- Parfaitement. Je m'appelle Lantin, je suis employé au ministère de l'Intérieur, je demeure 16, rue des Martyrs.

- Le marchand ouvrit ses registres, rechercha, et prononça:

- Ce collier a été envoyé en effet à l'adresse de Madame Lantin, 16, rue des Martyrs, le 29 juillet 1876.

Et les deux hommes se regardèrent dans les yeux, l'employé éperdu de surprise, l'orfèvre flairant un voleur. Celui-ci reprit:

- Voulez-vous me laisser cet objet pendant vingt-quatre heures seulement, je vais vous en donner un reçu?

M. Lantin, balbutia:

- Mais oui, certainement.

Et il sortit en pliant le papier qu'il mit dans sa poche. Puis il traversa la rue, la remonta, s'aperçut qu'il se trompait de route, redescendit aux Tuileries, passa la Seine, reconnut encore son erreur, revint aux Champs-Élysées sans une idée nette dans la tête.

Il s'efforçait de raisonner, de comprendre. Sa femme n'avait pu acheter un objet d'une pareille valeur. - Non, certes. - Mais alors, c'était un cadeau! Un cadeau! Un cadeau de qui? Pourquoi? Il s'était arrêté et il demeurait debout au milieu de l'avenue. Le doute horrible l'effleura. - Elle? Mais alors tous les autres bijoux étaient aussi des cadeaux! Il lui sembla que la terre remuait; qu'un arbre, devant lui, s'abattait; il étendit les bras et s'écroula, privé de sentiment.

Il reprit connaissance dans la boutique d'un pharmacien où les passants l'avaient porté. Il se fit reconduire chez lui, et s'enferma. Jusqu'à la nuit il pleura éperdument, mordant un mouchoir pour ne pas crier. Puis il se mit au lit accablé de fatigue et de chagrin, et il dormit d'un pesant sommeil. Un rayon de soleil le réveilla, et il se leva lentement pour aller à son ministère. C'était dur de travailler après de pareilles secousses.

Il réfléchit alors qu'il pouvait s'excuser auprès de son chef; et il lui écrivit. Puis il songea qu'il fallait retourner chez le bijoutier; et une honte l'empourpra. Il demeura longtemps à réfléchir. Il ne pouvait pas pourtant laisser le collier chez cet homme; il s'habilla et sortit. Il faisait beau, Le ciel bleu s'étendait sur la ville qui semblait sourire. Des flâneurs allaient devant eux, les mains dans leurs poches.

Lantin se dit, en les regardant passer:

- Comme on est heureux quand on a de la fortune! Avec de l'argent on peut secouer jusqu'aux chagrins, on va où l'on veut, on voyage, on se distrait! Oh! si j'étais riche!

Il s'aperçut qu'il avait faim, n'ayant pas mangé depuis l'avant-veille. Mais sa poche était vide, et il se ressouvint du collier. Dix-huit mille francs! Dix-huit mille francs! c'était une somme, cela! Il gagna la rue de la Paix et commença à se promener de long en large sur le trottoir, en face de la boutique. Dix-huit mille francs! Vingt fois il faillit entrer; mais la honte l'arrêtait toujours.

Il avait faim pourtant, grand'faim, et pas un sou. Il se décida brusquement, traversa la rue en courant pour ne pas se laisser le temps de réfléchir, et il se précipita chez l'orfèvre. Dès qu'il l'aperçut, le marchand s'empressa, offrit un siège avec une politesse souriante. Les commis eux-mêmes arrivèrent, qui regardaient de côté Lantin, avec des gaietés dans les yeux et sur les lèvres. Le bijoutier déclara: je me suis renseigné, Monsieur et si vous êtes toujours dans les mêmes dispositions, je suis prêt à vous payer la somme que je vous ai proposé.

L'employé balbutia:

- Mais certainement.

L'orfèvre tira d'un tiroir dix-huit grands billets, les compta, les tendit à Lantin, qui signa un petit reçu et mit d'une main frémissante l'argent dans sa poche. Puis, comme il allait sortir, il se tourna vers le marchand qui souriait toujours, et, baissant les yeux:

- J'ai... j'ai d'autres bijoux... qui me viennent... de la même succession. Vous conviendrait-il de me les acheter aussi?

Le marchand s'inclina:

- Mais certainement, Monsieur.

Un des commis sortit pour rire à son aise; un autre se mouchait avec force.

Lantin, impassible, rouge et grave, annonça:

- Je vais vous les apporter.

Et il prit un fiacre pour aller chercher les joyaux. Quand il revint chez le marchand, une heure plus tard, il n'avait pas encore déjeuné. Ils se mirent à examiner les objets pièce à pièce, évaluant chacun. Presque tous venaient de la maison. Lantin, maintenant, discutait les estimations, se fâchait, exigeait qu'on lui montrât les livres de vente et parlait de plus en plus haut à mesure que s'élevait la somme.

Les gros brillants d'oreille valent vingt mille francs, les bracelets trente-cinq mille, les broches, bagues et médaillons seize mille, une parure d'émeraudes et de saphirs quatorze mille; un solitaire suspendu à une chaîne d'or formant collier quarante mille; le tout atteignant le chiffre de cent quatre-vingt-seize mille francs. Le marchand déclara avec une bonhomie railleuse:

- Cela vient d'une personne qui mettait toutes ses économies en bijoux.

Lantin prononça gravement:

- C'est une manière comme une autre de placer son argent.

Et il s'en alla après avoir décidé avec l'acquéreur qu'une contre-expertise aurait lieu le lendemain.

Quand il se trouva dans la rue, il regarda la colonne Vendôme avec l'envie d'y grimper, comme si c'eût été un mât de cocagne. Il se sentait léger à jouer à saute-mouton par-dessus la statue de l'Empereur perché là-haut dans le ciel. Il alla déjeuner chez Voisin et but du vin à vingt francs la bouteille. Puis il un fiacre et fit un tour au bois. Il regardait les équipages avec un certain mépris, oppressé du désir de crier aux passants:

- Je suis riche aussi, moi. J'ai deux cent mille francs!

Le souvenir de son ministère lui revint. Il s'y fit conduire, entra délibérément chez son chef et annonça:

- Je viens, Monsieur, vous donner ma démission. J'ai fait un héritage de trois cent mille francs.

Il alla serrer la main de ses anciens collègues et leur confia ses projets d'existence nouvelle; puis il dîna au Café Anglais. Se trouvant à côté d'un monsieur qui lui parut distingué, il ne put résister à la démangeaison de lui confier, avec une certaine coquetterie, qu'il venait d'hériter de quatre cent mille francs. Pour la première fois de sa vie il ne s'ennuya pas au théâtre, et il passa sa nuit avec des filles. Six mois plus tard il se remariait. Sa seconde femme était très honnête, mais d'un caractère difficile. Elle le fit beaucoup souffrir.

Faites des grappes lexicales autour des mots-clés de la nouvelle.

1.

2. Argent

3. Amour

4. ______________

5. ______________

Composez une histoire avec les mots d’une ou deux grappes.

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Donnez les équivalents français (du texte) :

в руках его жены ____________________________________________

хозяйственные нужды ____________________________________________

спрашивать себя с изумлением ____________________________________________

знать как сделать ____________________________________________

превосходные вина ____________________________________________

изысканные кушанья ____________________________________________

гоняться за деньгами ___________________________________________

случайные заработки ___________________________________________

оказаться без денег ___________________________________________

избавиться от барахла ___________________________________________

в глубине души ___________________________________________

затаить злобу/обиду на к-л, ч-л ___________________________________________

раздражать ___________________________________________

портить воспоминание

о возлюбленной ___________________________________________

очень аккуратная работа ___________________________________________

ювелирный магазин ___________________________________________

внушать доверие ___________________________________________

стыдиться ч-л ___________________________________________

хотеть продать столь малоценную

вещь ___________________________________________

оценить (вещь) ___________________________________________

быть смущенным ч-л ___________________________________________

застыть разинув рот ___________________________________________

бормотать, лепетать ___________________________________________

повинуясь смутному желанию ___________________________________________

поймать к-л на слове ___________________________________________

отличить подлинник от подделки ___________________________________________

соблюдать установленный порядок ___________________________________________

владелец ___________________________________________

вне себя от удивления ___________________________________________

почуять вора ___________________________________________

расписка, квитанция ___________________________________________

ошибиться дорогой ___________________________________________

ему в голову пришла ужасная

догадка ___________________________________________

упасть без чувств ___________________________________________

прийти в себя ___________________________________________

аптека ___________________________________________

отчаянно плакать ___________________________________________

доведенный до изнеможения ч-л ___________________________________________

после подобных потрясений ___________________________________________

извиниться перед начальником ___________________________________________

он покраснел от стыда ___________________________________________

владеть состоянием ___________________________________________

торговец засуетился ___________________________________________

дрожащими руками ___________________________________________

вволю посмеяться ___________________________________________

невозмутимый ___________________________________________

с добродушной насмешкой ___________________________________________

вкладывать сбережения в ___________________________________________

способ хранить свои деньги ___________________________________________

покупатель ___________________________________________

шест с призом ___________________________________________

господин, который показался

ему приличным ___________________________________________

сопротивляться сильному желанию

сделать ч-л ___________________________________________

Répondez :

1) En quoi consistait unz vie familiale heurueuse pour M. Lantin ?

2) Comment la vie a-t-elle changé après la mort de sa femme ? Pourquoi ?

3) Comment la découverte de M. Lantin a-t-elle influé sur son idée de sa pauvre femme ?

4) Réfléchissez aux fonctions sociales de l’homme et de la femme à l’époque de Maupassant, exposez vos idées à la classe.

5) Qu’est-ce qui a changé depuis cette époque-là ? Imaginez-vous les Lantin de nos jours, décrivez la situation à la classe.

6) Pourriez-vous «peser» les valeurs morales et le bonheur familial ? Qu’est-ce qui est plus important, selon vous ? Comment arriver à l’équilibre ?

LA CHASSE-GALERIE

Claude Aubry

Le vieux cuisinier promena un regard sur les hommes qui faisaient demi-cercle devant son immense fourneau. D'un geste de prêtre célébrant, il souleva le couvercle du chaudron où mijotaient les fèves au lard et en retira un peu dans une louche qu'il lapa aussitôt, du bout de la langue. On s'en pourléchait déjà.

Puis, dans un autre chaudron, il brassa vigoureusement une mélasse en ébullition qui serait bientôt servie en belle tire blonde pour fêter à minuit la venue du Jour de l'An.

Ah, la douce chaleur et les bonnes odeurs qui se répandaient dans ce camp de bûcherons de la Gatineau, en cette veille du jour de l'An! Et là, sur la table, trônait le petit baril de rhum, un cadeau du foreman.

Dehors, la neige recouvrait toutes les routes; un froid sous zéro faisait craquer les arbres et, de temps à autre, le hurlement des loups affamés déchirait l'air glacial.

On ne pouvait oublier qu'on était bien loin de la famille, des enfants, de sa femme et des réjouissances traditionnelles; mais on faisait contre mauvaise fortune bon coeur à la pensée du fricot qui s'annonçait, du rhum et des bonnes histoires que Jos la Bosse (il était devenu presque bossu avec l'âge) se préparait à raconter.

Il savait si bien tenir un auditoire, ce Jos la Bosse.

Le raconteur prit place enfin, au bout d'une longue table dans sa berceuse préférée, et fit claquer ses bretelles sur sa chemise à carreaux rouges.

- Avez-vous déjà entendu parler de la chasse-galerie? qu'il leur demanda alors.

- Oui, répondit un jeune bûcheron. C'est des canots qui volaient dans les airs, poussés par le diable, il y a de ça bien longtemps. Ils transportaient les possédés du démon, surtout des gars de chantier.

Les bûcherons se mirent à rire. Jos la Bosse coupa sèchement:

- Riez pas les gars. Peut-être ben que qu'un jour les hommes voyageront dans les airs. Les bûcherons s'esclaffèrent de plus belle.

- Mais, voyons: c'est-i pas vrai que dans l'ancien temps, on pouvait voyager sur des tapis magiques, ou ben, sur un balai de sorcière? Pourquoi pas en canot par la chasse-galerie? Sont ben tous les moyens du diable après toute.

Il fit une longue pause, puis continua d'un air grave:

- J'avais tout juste dix-neuf ans. C'était mon quatrième hiver dans un chantier.

J'étais pas sacreur mais ben courailleur, ce qui a ben failli me perdre. On était à la veille du Jour de l'An et comme j'étais un peu chaudasse, je m'étais étendu sur mon lit. Tout d'un coup, je m'réveille-ti pas en sursaut.

- Aimerais-tu ça voir ta blonde? que me demande Jack Boyd, le foreman.

J'le r'gardais d'un air hébété.

- Réveille-toi don'! qu'il me dit en me secouant ben fort. Veux-tu la voir à soir ta Lise?

Voir ma Lise, c'était pas possible.

Elle habitait à Lavaltrie, mon village, à plus de cent lieues. Mais je m'en ennuyais à en mourir. J'aurais fait le trajet à pied, et en plein hiver pour la voir si j'avais pu sortir du bois.

- Mais ça prendrait plus d'un mois à faire le voyage à pied, ou même en traîne à cheval, que je lui réponds.

- Y en est pas question, me dit Jack Boyd. Nous ferons le voyage en canot dans les airs. Dans deux heures, nous serons à Lavaltrie.

Nous irons au bal du village, et à six heures demain matin, nous serons de retour au chantier. J'ai eu comme fret dans le dos.

- Quoi, on ferait la chasse-galerie?

- Il nous faut un nombre pair. Et nous sommes déjà sept de prêts à courir cette nuit. Tu seras le huitième. Fais ça vite: les hommes nous attendent dehors, et y a pas une minute à perdre.

Le ciel était clair et les étoiles brillaient à nous vriller l'âme. Mais il faisait un fret à faire gémir les arbres.

Un grand canot sombre reposait sur la neige, près d'une cordée de bois. Quatre hommes du camp voisin nous attendaient, l'aviron à la main.

- Baptiste, tu connais ça la chasse-galerie: à la barre! commanda Jack Boyd.

Baptiste s'installa à l'arrière du canot. Avant d'avoir eu l'éclair d'une pensée, j'étais déjà assis dans l'embarcation avec les autres, tenant mon aviron ben serré.

Baptiste nous lança d'une voix forte:

- Prenez ben garde à ce que j'vas vous dire. Autrement, on est finis les gars.

Pour commencer, pas de sacres, pas de boisson. Ensuite, faut pas prononcer le nom de Dieu, faut pas toucher à une croix de clocher, même pas en frôler une une avec le canot, ou avec les avirons durant le vol. Entendu?

- Entendu! répétèrent les hommes en choeur

- Bon à c't'heure, enchaîna Baptiste, répétez avec moi: 'Satan, roi des Enfers, nous te promettons de te livrer nos âmes si, d'ici six heures, nous prononçons le nom de Dieu et si nous touchons une croix dans le voyage'

- À cette condition, tu nous transporteras à travers les airs au lieu où nous voulons aller, et tu nous ramèneras de la même façon, au chantier: Acabris! Acabras! Acabram!… Fais-nous voyager par-dessus les montagnes !

À peine avions-nous répété ces paroles avec Baptiste que déjà nous sentions le canot s'élever dans les airs, par-dessus les camps, les arbres, et bientôt les montagnes. Chaque coup d'aviron faisait filer notre canoe comme flèche dans le vent.

Le fret nous durcissait la face, engivrait les moustaches et les capots de chat sauvage, et nous colorait le nez comme boudin mal cuit. Les forêts nous apparaissaient comme des immenses taches d'ombre épeurantes, sur une neige aveuglante de blancheur. Pas longtemps après, on vit serpenter la Gatineau reluisant comme un miroir à la clarté de la lune.

Puis, des maisons d'habitants nous apparurent, toutes petites d'où nous étions, faisant si ben partie de la neige tout autour qu'on pouvait les distinguer seulement aux lumières faibles qui perçaient de leurs fenêtres.

On commença à aussi voir des villages, des clochers d'églises qui brillaient ben dret dans le ciel, comme des anges. Longtemps on fila par-dessus les forêts, les villages, les rivières et les lacs, si vite qu'on laissait derrière nous-autres, comme une traînée de feu.

Puis, on vit des milliers de petites lumières: c'était Montréal.

Baptiste connaissait ben son chemin: il nous menait tout dret sur Lavaltrie. Tout d'un coup, il nous crie:

- Attention, vous-autres, on va atterrir bientôt dans le champ de Batissette Augé!

Deux coups d'aviron, et hop! on est déjà au-dessus de la maison tout illuminée de Batissette Augé.

Les sons ouatés du violon et des éclats de rire parvenaient jusqu'à nous, et on voyait des ombres danser sur les vitres couvertes de givre: ça nous faisait frétiller d'avance. On cacha le canot pas loin de la maison et on courut vers la chaleur, la danse, les chansons, les rires, les femmes, et la boustifaille. Baptiste nous conjura de ne pas boire et de ben surveiller nos paroles

- N'oubliez pas qu'à six heures, il faut qu'on soit revenus au chantier sinon, malheur à nous! Vous m'entendez les gars?

Ce fut le père Batissette lui-même, qui vint ouvrir. On nous reçut à bras ouverts. On connaissait presque tout le monde qui se trouvait là. On nous assomma de questions tant les gens du village étaient surpris de nous voir là, quand on aurait dû être à plus de cent lieues. Baptiste se chargea de répondre comme il pouvait aux questions.

Quant à moi, j'avais reluqué ma Lise qui dansait avec un jeune faraud de Lanoraie, un dénommé Boisjoli.

Je m'approchai d'elle et je lui demandais si elle m'accorderait la prochaine danse. J'étais devenu comme timide avec elle; tellement que j'en avais l'air gauche. Je me suis pris à rougir jusqu'aux oreilles.

Elle accepta avec un sourire; ce qui me fit oublier que j'avais risqué le salut de mon âme pour avoir le plaisir de me trémousser quelques heures avec elle. Une danse n'attendait pas l'autre. J'étais infatigable. Elle aussi.

Jack Boyd m'offrit un verre de whisky blanc. Je refusai net.

Comment pouvait-il nous offrir de la boisson quand il savait que c'était défendu d'en prendre? J'comprenais plus rien à ça. Il alla même jusqu'à en offrir à Baptiste qui était, depuis belle lurette, rond comme un oeuf.

Un moment donné, Boyd vint m'avertir qu'il fallait partir tout de suite, et sans dire bonsoir à la compagnie, pour pas attirer l'attention. J'voulais plus partir. J'voulais rester avec ma Lise.

- Rien à faire, qu'il m'a dit. On est partis huit et, c'est huit qu'on reviendra.

On s'est esquivés alors, un après l'autre, sans saluer les gens.

- Acabris! Acabras! Acabram!... Fais nous voyager par-dessus les montagnes!

Notre canot s'éleva dans les airs sans difficulté. On refit le même chemin pour revenir au chantier de la Gatineau, avec ben des zigzags et des singeries parce que notre Baptiste était pas mal saoûl: il fallait l'réveiller à tout bout de champ. On aurait pu prendre une jolie plonge... probablement jusqu'en enfer. J'en tremble encore rien que d'y penser.

On frôla des églises, des clochers, des croix, mais sans jamais rien toucher. Y a pas à dire: on devait avoir un bon ange avec nous autres. On finit par apercevoir le long serpent blanc de la Gatineau, mais il ne reluisait plus comme à l'aller parce que la lune avait disparu derrière de gros nuages sombres. On distinguait surtout la rivière par les rangées de pins noirs en bordure les deux rives. Ah, que j'avais hâte d'arriver!

J'avais une peur noire et l'esprit tourné comme un cornichon dans le vinaigre. Qu'est-ce qui m'avait pris de risquer mon âme pour sautiller avec ma Lise? Surtout qu'elle a fini par se marier, l'année suivante, avec le p'tit Boisjoli de Lanoraie, le faraud qui l'accompagnait quand je l'ai demandée à danser. Probablement qu'elle m'en a voulu d'être parti comme ça, sans lui faire des adieux.

Juste comme on approchait du chantier, Baptiste fit une mauvaise manoeuvre: le canot prit une plonge et s'accrocha à un gros sapin. Nous avons dégringolé de branche en branche pour nous ramasser, la tête la première, dans les bancs de neige. Mon Baptiste sacrait comme un démon. Heureusement qu'on était arrivés.

Ma première pensée fut ben de remercier le Ciel; mais je me suis toujours demandé si c'était le bon Dieu qui nous avait protégés ou ben le diable qui n'était pas prêt de nous recevoir.

1. Prononcez bien :

un gars – des gars

le foreman

le canot – le canoë

2. Donnez des corrigés littéraires pour les phrases suivantes :

1) C’est des canots qui volaient dans les airs ... _____________________________________________

2) Riez pas les gars. ____________________________________________

3) Tout d’un coup, je m’réveille-ti pas en sursaut. __________________________________________

4) Aimerais-tu ça voir ta blonde ? que me demande Jack Boyd... _______________________________

_______________________________________

5) J’le r’gardais d’un air hébété. ______________________________________________

6) Réveille-toi don’! qu’il me dit en me secouant ben fort. ____________________________________

____________________________

7) Voir ma Lise, c’était pas possible. ____________________________________________________

8) Y en a pas question... _________________________________________

9) J’ai eu comme fret dans le dos. ___________________________________________

10) Il faisait un fret à faire gémir les arbres. _______________________________________________

11) Le fret nous durcissait la face... __________________________________________

12) ... des clochers d’églises brillaient ben dret dans le ciel... __________________________________

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13) ... il nous menait tout dret sur Lavaltrie. ______________________________________________

14) J’voulais plus partir. _______________________________________________

15) ... avec ben des zigzags... ______________________________

16) ... il fallait l’réveiller... ______________________________

17) Heureusement qu’on était arrivés. ___________________________________________________

Trouvez dans le texte d’autres passages familiers, corrigez-les.

3. Expliquez ces mots du Français canadien :

la tire blonde :

des sacres :

sacrer :

4. Dites en Français :

облизываться _______________________________________

кипящая патока _______________________________________

байка _______________________________________

подтяжки _______________________________________

ковер-самолет _______________________________________

метла _______________________________________

дровосек _______________________________________

четное число _______________________________________

весло _______________________________________

руль _______________________________________

лодка (шлюпка) ___________________, ___________________

делянка _______________________________________

приглушенные звуки ______________________________________

дрожать ___________________, ___________________

засыпать вопросами _______________________________________

хлыщ, фат _______________________________________

нелепый вид _______________________________________

вертеться, ерзать _______________________________________

изрядно пьян _______________________________________

свалиться _______________________________________

5. Traduisez :

Sur la table, trônait le petit baril de rhum, un cadeau du foreman. _____________________________

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Un froid sous zéro faisait craquer les arbres. ______________________________________________

Le hurlement des loups affamés déchirait l'air glacial. _______________________________________

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Avez-vous déjà entendu parler de la chasse-galerie? _________________________________________

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les possédés du démon ______________________________________

Les bûcherons s'esclaffèrent de plus belle. ________________________________________________

J'étais pas sacreur mais ben courailleur. __________________________________________________

Ça prendrait plus d'un mois à faire le voyage à pied. ________________________________________

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À peine avions-nous répété ces paroles avec Baptiste que déjà nous sentions le canot s'élever dans les airs. _______________________________________________________________________________

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Chaque coup d'aviron faisait filer notre canoe comme flèche dans le vent. _______________________

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Les forêts nous apparaissaient comme des immenses taches d'ombre épeurantes, sur une neige aveuglante de blancheur. ______________________________________________________________

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On vit serpenter la Gatineau reluisant comme un miroir à la clarté de la lune. _____________________

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On nous reçut à bras ouverts. ___________________________________________________________

J'avais reluqué ma Lise qui dansait avec un jeune faraud de Lanoraie, un dénommé Boisjoli. ________

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Je refusai net. _____________________________________________

Baptiste était, depuis belle lurette, rond comme un oeuf. _____________________________________

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Ah, que j'avais hâte d'arriver! ___________________________________________________

Probablement qu'elle m'en a voulu d'être parti comme ça, sans lui faire des adieux. ________________

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