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9. La figuration.

Au moment où, après la Seconde Guerre mondiale, l’art abstrait bouleverse les données esthétiques modernes, la figuration devient, pour certains artistes classés dans l’ « avant-garde », un choix déterminé : manifestation d’un rapport subjectif à la réalité (groupe Cobra, Bacon, Dubuffet, Rebeyrolle, etc.), volonté politique (Guttuso), investigation1 poétique (les surréalistes, Balthus) ; parfois même, elle apparaît comme l’aboutissement d’une démarche d’abord abstraite (Hélion).

A la fin des années 50, une réaction contre l’abstraction, alors dominante, se développe avec un retour à l’objet et à l’image empruntés à l’environnement urbain et quotidien (pop art, nouveau réalisme).

A côté d’un art figuratif traditionnel ou peu sensible aux innovations (Brianchon, Brayer, Buffet, etc.), de nouvelles recherches figuratives s’affirment, proches du pop art (Fahlström, Erro) ou plus indépendantes (Cremonini, Dufour), ou encore marquées par l’héritage surréaliste (Dado) et expressionniste (Veličkovič). La convergence de recherches multiples, mais toutes fondées sur la quête1 d’images significatives du monde d’aujourd’hui, sous l’aspect iconographique, sociologique ou idéologique, caractérise ce qu’il est convenu d’appeler la nouvelle figuration, qui s’impose dans divers pays européens durant les années 60 et se manifeste par d’importantes expositions (à Paris en 1964, 1965). Deux axes principaux la définissent : d’une part, l’analyse de l’image et de ses structures (Adami, Mario Schifano, Raysse, Télémaque, etc.), avec parfois des implications conceptuelles (Pistoletto) ou des moyens d’une rigueur quasi abstraite (Stämpfli, Peter Brüning) ; d’autre part, l’affirmation d’un contenu2 en prise sur la réalité sociale contemporaine, et débouchant sur une peinture narrative et « politique » (Arroyo, Recalcati, coopérative des Malassis, Equipo Crónica, Genovés, etc.), volontiers froide ()Aillaud, sans renoncer à un certain onirisme3 (Monory ou à un humour absurde (Christian Zeimert, Olivier Olivier, M. Parré). Loin d’exclure, ces deux aspects s’interpénètrent ; la nouvelle fuguration opère un travail sur l’image (utilisation et transformation de documents préexistants, tels que photos, publicités, illustrations, bandes dessinées, peintures, etc.) et pose la question de la place du signifiant formel dans l’œuvre (en particulier chez les artistes de la génération récente : en France, Moninot, Alain Tirouflet, Christian Babou, etc.). Dans ce contexte peuvent voisiner une tendance à la plus grande froideur objective, qu’on retrouve, quoique différemment, chex les peintres réalistes du groupe allemand Zebra et dans l’hyperréalisme4 américain, et un regain5 d’intérêt pour le « métier (dessins munitieux de Titus-Carmel, Gäfgen, Moninot, etc.), également présence dans l’art des figuratifs espagnols tels qu’Antonio Lopez García, et chez d’anciens pop-artistes comme Hockney ou Kitaj.

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