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§ 42. La préfixation des adjectifs. Les formations préfixales parmi les adjectifs ne sont guère non plus très nombreuses.

Un certain parallélisme entre la préfixation des adjectifs et des subs­tantifs est à signaler, fait qui s'explique dans une large mesure par la parenté génétique de ces deux parties du discours. En effet, les adjectifs et les substantifs ont en commun la majorité des préfixes quoique leur productivité n'y soit pas toujours égale.

Tout comme pour les substantifs les préfixes des adjectifs les plus répandus et productifs sont ceux qui communiquent aux dérivés un sens opposé à celui du mot primitif : in- (et ses variantes), anti-, non-, a-, : inexpressif, inabordable, indiscutable, impatient, immatériel, irrépara­ble, illisible ; antiraciste, antidémocratique, anti-américain, antitank, antichar ; nondirectif, nonengagé ; apolitique, amoral.

Les préfixes d'intensité, dont surtout, archi-, sur-, extra-, hyper-, super-, sont aussi fort productifs dans la formation des adjectifs : archiplein, archifaux, archiconnu ; surexcité, surchargé ; extra-fin, extra­sensible, hyperstatique, hypercorrect, hypernerveux : superfin. superléger.

La productivité des autres préfixes paraît être plus restreinte. Signa­lons toutefois pro-

« favorable à » : proallié, proaméricain : auto- : autoguidé, autopropulsé, autogéré, autocentré, autocollant. La majorité des adjectifs préfixés est formée d'adjectifs ; toutefois des cas se présen-

tent où les préfixes forment des adjectifs à partir de substantifs : antichar < char, antibrouillard < <- brouillard, antibruit < <- bruit.

§ 43. La dérivation parasynthétique. Par la dérivation parasynthé-tique on comprend la formation de mots nouveaux par l'adjonction si­multanée à la base fonnative d'un suffixe et d'un préfixe : appontement < pont - «пристань на сваях». empiècement < <- pièce «вставка на платье». souterrain < <— terre : encolure < <- col. encorné < <— corne

Ce procédé paraît être productif dans la formation des adjectifs tels . que biailé, triatomiqite, extra-cellulaire, transcontinental, polycylindrique qui sont en corrélation avec des substantifs puisqu'ils se laissent ana­lyser comme « qui a deux ailes ». formé de trois atomes ». « qui traverse un continent ». « contenant plusieurs cylirçd/es » et non pas comme « deux fois ailé », « trois fois atomique ». etc.

Ajoutons quelques créations récentes : transsonique, monoparental, pluridisciplinaire, multiciilturel. antidépresseur < dépress /ion/.

§ 44. La dérivation régressive. Ce procédé, appelé aussi « dériva­tion sans suffixe » ou « dérivation avec le suffixe zéro ». consiste en la formation de mots par le retranchement de certains suffixes. Ainsi on a formé démocrate, aristocrate, autonome de démocratie, aristocratie, autonomie en rejetant le suffixe -ie. Ceci est vrai dans la perspective diachronique, alors que l'analyse synchronique peut offrir un tableau différent. En effet, certains mots qui sont historiquement créés par déri­vation régressive seront interprétés dans la synchronie comme des bases de formations suffixales. Tel est le cas de autonome qui a été réellement créé de autonomie. L'approche synchronique. qui fait abstraction de l'étymologie, nous autorise à voir dans autonomie - « caractère de ce qui est autonome » un dérivé de autonome puisqu'il est motivé par ce dernier conformément à un modèle de formation suffixal typique (cf. : folie < <-fou (fol), jalousie < <- jaloux). Quant à aristocrate et démocrate leur interprétation dans la synchronie coïncidera avec leur création réelle du fait que ce sont précisément ces formations qui sont motivées par aristo­cratie et démocratie et non inversement (ainsi un démocrate est un par­tisan de la démocratie). Ceci correspond aux rapports dérivationnels typiques dans le système actuel de formation : dans une opposition for-mative le substantif désignant l'homme d'après quelque caractéristique est nettement conçu comme une formation dérivée (cf. : chirurgien <-chirurgie, dentistes <— dent, hôtelier <— hôtel, et aussi les formations récentes propédeute de propédeutique. psycholinguiste de psycholinguis­tique).

II est à noter qu'on range souvent dans la dérivation régressive les substantifs tirés de verbes et coïncidant avec les radicaux de ces der­niers :cri <— crier, vol < <- voler, appel < <- appeler. Cette interpré­tation erronée est fondée sur l'opinion répandue, surtout parmi les linguistes français, que le -er final des verbes à l'infinitif est un suffixe, alors qu'il n'est rien autre qu'une désinence verbale.

Notons que la dérivation régressive est peu productive en français moderne.

§ 45. La dérivation impropre. Kr. Nyrop définit la dérivation im­propre comme le procédé par lequel on tire d'un mot existant un autre mot en lui attribuant simplement une fonction nouvelle » [28, p. 330J. En effet, par ce procédé on crée un nouveau mot à partir d'une des formes d'un mot ancien en la faisant passer dans une autre catégorie grammaticale ou lexico-grammaticale. Tels sont le bien, le souper, un radio, tirés de bien, souper, radio. Ces mots nouvellement créés qui se rangent généralement dans une autre partie du discours représentent des homonymes1 par rap­port aux mots générateurs.

La dérivation impropre est fort productive en français moderne. Cer­tains linguistes, dont Ch. Bally, considèrent ce procédé de formation com­me un des plus féconds. On forme facilement des mots nouveaux qui reçoivent les caractéristiques d'une autre partie du discours.

Les substantifs peuvent être obtenus de diverses parties du discours : d'adjectifs (qualificatifs) : le calme, le beau, le rouge à lèvres (« se mettre du rouge ») ; le blanc des yeux, un jaune d'œuf. un collectif, un marginal, une hivernale - « course en hiver en haute mon­tagne ». un inconditionnel - « qui est un partisan sans réserve de... », l'hexagonal - «le français »; de verbes '.le coucher du soleil, le souper, le devoir, l'être, la déprime < déprimer, la bouffe (fam.) < bouffer, un transplant - « organe destiné à être transplanté » < trans­planter ; de participes présents : un participant, un manifestant, un représentant, un sympathisant, un collant, un déodorant, un en­seignant, un tranquillisant ; de participes passés : le passé, un détenu, un blindé, un fait, un vaincu, un blessé un mobilisé, une étendue, une mariée, une fiancée : d'adverbes : le bien, le mal, le peu ; de mots non-autonomes : les pour et les contre, prendre le dessus, je ne veux pas de vos mais, « avec un si. on mettrait Pans dans une bouteille » (proverbe).

Les adjectifs peuvent aussi provenir d'autres parties du discours : de s u b s t a n t i f s : un costume perle, un ruban rosé, un chapeau paille, la couleur saumon, une robe lilas, un ruban jonquille (d'un jaune pâle). des souliers sport, des bas nylon, une littérature adulte, un skieur amont (aval), des sujets bateaux ; de participes présents : une personne charmante, des enfants obéissants, une femme suppliante, des gens ex­travagants de extravaguer - «бредить, говорить вздор». un succès gratifiant, une scène traumatisante ; de participes passés :un sol­dat blessé, des doigts effilés (effiler «вытягивать»). une ville atomisée. . (soumise à des radiations atomiques), des vols habités.

Les adverbes peuvent être tirés d'adjectifs : il a fort bien tra­vaillé : de prépositions : n'avoir rien contre ; courir après ; tra­vailler avec.

Les interjections peuvent être obtenues de substantifs-dame !, peste !, diable ! ; de verbes à l'impératif et au subjonctif : tiens !, va !, allons !, soit !

Signalons à part la création des verbes tels que patronner, luncher. parrainer de même que blanchir tirés de nominaux patron. Lunch (loi de), parrain, blanche (blanc). Les linguistes français rangent d'ordinaire ce moyen de formation parmi la suffixation. Cependant les finales

-er et -ir ne sont pas des suffixes au même titre que ceux qui ont été examinés précédemment ; elles n'entrent pas dans la partie lexicale des verbes, elles disparaissent dans la conjugaison et. par conséquent ne sont rien autre que des désinences verbales, marques de l'infinitif [29]. La forma­tion du type patron > patronn-er, blanche > blanch-ir offre un cas parti­culier de dérivation impropre où à partir d'un nom (substantif ou adjectif) on forme une base verbale. Ce type de formation est parmi les plus pro-. ductifs dans le français d'aujourd'hui, (cf. : bachoter, court-circuiter. paniquer, tester, tangenter - « longer, côtoyer ». surfer, vamper).

À côté du type de formation patron > patronner il faudra classer dans la dérivation impropre le moyen opposé qui consiste à former des substantifs à partir de bases verbales : crier > cri, voler > vol, plier > pli. nager > nage, visiter > visite, grogner > grogne, snober > snob.

Les mots apparus à la suite de la dérivation impropre peuvent être interprétés comme étant formés avec un suffixe zéro. L'affixe zéro apparaît dans les cas où son absence est significative ; il est alors com-mutable avec les formants (dans notre cas les suffixes) explicites (cf.. calme - le calme et tendre - tendresse, modeste - modestie, etc.). En effet, le calme ou le beau est le fait d'être calme ou beau. Donc, la structure de la signification du dérivé est plus complexe que celle du mot générateur ce qui en principe est la condition minimale nécessaire qui signale la présence d'une formation dérivée. (Généralement la for­me dérivée est plus complexe non seulement quant au sens mais aussi quant à la forme).

Notons que ce procédé de formation qui consiste à faire passer la forme d'un mot d'une catégorie dans une autre a déjà existé à l'époque reculée de la formation du français sur la base du latin populaire.

Souvent les mots passaient d'une catégorie dans une autre à la suite d'une ellipse : un groupe de mots se réduisait à la suite de l'omission d'un des mots formant ce groupe : le mot qui survivait absorbait le sens du mot disparu : fontana (adj.) aqua - « eau de source » > fontana > fontaine ; exclusa (adj.) aqua - « eau d'écluse » > exclusa > écluse : forestis (adj.) sylva - « forêt non entourée de murs » > forestis > forêt : tempus hibemum (adj.) - « période tempétueuse de l'hiver » > hibemum > hiver.

Il y a eu des participes passés qui ont fourni des substantifs, comme par exemple, débitant (de debere - « devoir ») > dette ; tortum (de torqueré) - « tordre » > tort ; fonditam (de fundere - « noyer, fondre ») > fonte : defensam (de defendere - « parer ») > défense.

Certains adverbes du latin classique deviennent des prépositions déjà dans le latin populaire, par exemple : sub - « dessous » > sous, foris -« dehors » > hors.

Le passage d'un mot d'une partie du discours dans une autre à la suite d'une ellipse est aussi bien fréquent de nos jours une [ville] capita­le, une [voiture] automobile, un [avion] supersonique.

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